Voici l'article en question de l’Équipe par Alexis DANJON
Citation:
Pendant son footing, le milieu de Brest prend toutes les précautions face au Covid-19. Souffrant d'un diabète de type 1, il est considéré comme une personne à risque élevé.
Yoann Court souffre depuis 2012 d’un diabète de type 1. Une maladie qui ne l’a pas empêché de poursuivre sa carrière de footballeur professionnel, mais qui le classe parmi les personnes à risque pour développer une forme sévère du Covid-19. Selon une étude publiée par Santé publique France le 23 avril, un tiers des personnes décédées souffraient d’un diabète. Le milieu offensif de 30 ans du Stade Brestois n’aurait d’ailleurs pas pu reprendre l’entraînement à partir du 11 mai. « Nous n’aurions pris aucun risque avec lui », a expliqué son directeur sportif, Grégory Lorenzi, sur notre site jeudi. Strictement confiné chez lui, Yoann Court comprend et partage cette décision. Depuis son jardin, où il joue avec sa fille, il évoque cette étrange période.
« Comment vivez-vous ce confinement ?
Ça commence à être long. Les jours se ressemblent, j’ai l’impression que ce sont toujours les mêmes. J’ai le même programme, jour après jour. Je me lève, je vais courir le matin dans mon quartier. Je rentre, je déjeune. Et l’après-midi, je joue avec ma fille dans le jardin s’il fait beau ou je lui trouve des activités dans la maison quand il pleut. J’essaie de m’occuper comme je peux. Ce n’est pas évident. En plus, par rapport à ma maladie (ilest diabétique de type 1 et donc à risque avec le Covid-19), je ne sors quasiment pas, sauf pour mon footing. Sinon, je suis tout le temps à la maison. S’il faut faire des courses, c’est ma femme qui s’en occupe.
Depuis le début du confinement (le 17 mars), vous ne vous êtes donc pas éloigné de votre quartier ?
Exactement. Quand je sors, c’est autour de la maison. Je ne prends aucun risque. Je connais toutes les rues par cœur maintenant (rires). C’est un peu chiant, mais ça fait partie de mon boulot. Je suis un joueur de foot pro. C’est comme les vacances d’été, il faut faire attention, se maintenir en forme, pour revenir au top. En plus, c’est important pour mon diabète de faire du sport.
“Si je ne peux pas reprendre l’entraînement sans risque, je resterai à la maison,,
Donc vous n’avez pas reçu d’amende, comme Julien Faussurier, votre coéquipier, qui s’est fait contrôler pendant son footing à 1,8 kilomètre de chez lui…
Non, heureusement (rires). Il va trop vite Julien, il est trop rapide. Il n’a pas dû s’apercevoir qu’il était parti aussi loin de son domicile…
Par rapport à votre maladie, vous devez prendre énormément de précautions en ce moment.
Je vais vous donner un exemple : quand je fais mon footing et qu’il y a des gens sur mon chemin, je change de trottoir et je m’écarte au maximum pour ne pas les croiser. Et quand je rentre, je passe par le garage, j’enlève mes vêtements et je file directement à la douche. Je suis aussi très vigilant quand je rentre du jardin. Je vais me laver les mains direct, je fais très attention. Je prends toutes les précautions. Le Covid-19 me fait vraiment peur. Certains ne prennent pas ce virus au sérieux. Ce n’est pas mon cas.
En tant que diabétique, vous êtes considéré comme une personne à risque. Avez-vous des masques et de la solution hydroalcoolique pour éviter d’être contaminé ?
J’ai du gel, dont je me sers toute la journée, mais je n’ai pas de masque. Il n’y en avait plus dans les pharmacies et, de toute façon, je ne suis pas prioritaire. En plus, comme je ne sors pas de la maison, je n’ai pas besoin d’en porter. Ce sera le cas à partir du 11 mai, avec le début du déconfinement. Je pense que j’en trouverai à ce moment-là.
La décision de la Ligue d’arrêter la saison et de reprendre en août a dû être un soulagement pour vous.
Même si j’ai très envie de reprendre et de rejouer au football, c’était la décision la plus sage. C’est d’abord la santé et après le football. Il faut voir comment la situation va évoluer. Parce que même si on jouait les matches à huis clos, entre nous, il y avait toujours un risque de contamination.
Grégory Lorenzi, le directeur sportif du club, ne souhaitait prendre aucun risque avec vous si l’entraînement avait dû reprendre le 11 mai. Vous comprenez sa prise de position ?
Je la comprends totalement, il n’y a aucun souci. D’ailleurs, si je ne peux pas reprendre l’entraînement sans risque, je resterai à la maison. Ça dépendra du protocole sanitaire. Et pourtant, j’ai très envie de retrouver mes collègues, le travail en groupe, la vie du vestiaire.
L’Association des médecins des clubs professionnels a défini un protocole strict pour la reprise des entraînements, avec port du masque dans le centre d’entraînement et respect d’une distance de 4 mètres pendant les exercices physiques. Cela vous semble-t-il possible de vous entraîner dans ces conditions ?
Je pense que c’est jouable si la reprise se fait par petits groupes de huit ou neuf joueurs. Il faudra que ce soit vraiment progressif. C’est sûr qu’on ne pourra pas faire tout ce qu’on veut niveau entraînement, mais ça fera plaisir de retoucher un peu le ballon. Il faudra juste faire attention et bien respecter le protocole.
“On n’a même pas pu célébrer le maintien avec les supporters. C’est un peu triste,,
La reprise serait aussi l’occasion de revoir vos coéquipiers. Ils ne vous manquent pas ?
On a un groupe WhatsApp sur lequel on discute souvent, mais ce n’est pas la même chose que de se voir à l’entraînement. Ce sont des moments où on rigole, on traîne. Ça me ferait plaisir de les retrouver. Quand on va se revoir, on sera content, même si on aura un peu de crainte par rapport au virus. Je pense d’ailleurs que certains de mes coéquipiers ont peur de sortir actuellement.
Vous arrivez en fin de contrat en juin, avez-vous des contacts pour la suite ?
Pour l’instant non. Mais c’est normal : les clubs sont à l’arrêt. On est comme tout le monde, dans l’attente. On ne sait pas quand ça va se décanter. On verra. Je me pose quand même des questions pour savoir si je vais rester à Brest ou si je vais partir.
Et si le Stade Brestois vous propose une prolongation ?
Je me sens bien à Brest, donc si le club me fait une offre, je vais l’étudier avec intérêt. Il faudra discuter avec Greg (Lorenzi, le directeur sportif).
Ce serait bizarre de quitter ce club, où vous évoluez depuis deux ans, sans pouvoir dire au revoir aux supporters…
On n’a même pas pu célébrer le maintien avec eux… C’est un peu triste. On aurait bien aimé jouer les matches qu’il nous restait devant eux, notamment contre l’OM ou Monaco au stade Francis-Le Blé, ç’aurait été une belle fête pour tout le monde. Ça laisse un goût amer. Je n’ai même pas fêté le maintien jeudi soir. Si je partais, après mes deux belles années passées ici, ce serait frustrant que ça se termine de cette façon. Mais j’espère rester.»
EN BREF
30 ANS
1,72 m ; 70 kg. Milieu. Club : Brest.
⬛ 2015 : formé à Lyon, il joue son premier match de L1 avec Troyes, contre le Gazélec Ajaccio (0-0), le 8 août.
⬛ 2020 : il participe au maintien de Brest. Il totalise 3 buts et surtout 7 passes décisives (3e meilleur total de L1) en 23 apparitions.