Xtian a écrit:
Article de Louis LE PAGE paru dans Le Telegramme le jour du match BREST - ST ETIENNE (1-1, but de Larios pour les verts et de ... Vabec pour Brest) lors de la saison 81-82.
VABEC et RADOVIC
L'artiste et le déménageur
Il y a deux Yougoslaves au Stade Brestois, Vabec et Radovic. Ils ont un point commun : ils sont Yougoslaves. Ce n'est pas drole ? Tant pis, c'est bien le seul point qui les rapproche ! Ah si, il y a encore autre chose ... Nos deux Yougoslaves partagent, si l'on peut dire, une particularité : ils ont deux pieds. Restez calme et ne repondez surtout pas que c'est la moindre des choses lorsqu'on est footbaleur; trop souvent les joueurs sont exclusivement gauchers ou droitiers et n'utilisent que leur "bon" pied. L'autre, selon le jargon du métier, leur sert a monter dans l'autobus ...
Vabec et Radovic ont donc deux "vrais" pieds, ce qui les distingue d'un bon nombre de leur collègues et, par conséquent, les associe. A part ca ... Si, on peut encore dire qu'ils ont aussi, l'un et l'autre, deux enfants et que leur après-football aura la même teinte : Radovic se lancera dans le commerce quand il rentrera dans son pays et Vabec a déjà fait l'acquisition à Zagreb, d'une brasserie qui est actuellement en gérance.
Le Croate et le Serbe
Les affinités s'arrêtent là. Vabec, de son prénom Dragutin, de son diminutif Drago, est un Croate. Il est né à Zagreb et a toujours joué au Dynamo, l'un des deux grands clubs de la ville.
Milan Radovic est d'origine serbe. Entre le Croate et le Serbe, il y a, dit Radanovic, leur manager, à peu près la différence qui existe entre un Messin et un Marseillais.
Drago VABEC
Le Messin, c'est Vabec. Secret, hautain, distant : tout ce qui l'entoure semble le laisser indifférent. IL feint de ne rien comprendre mais comprend tout et parle bien notre langue lorsqu'il a quelque chose de désagréable à proférer. Ses colères sont spectaculaires. Il n'épargne personne, incendie l'entraineur, les partenaires, la presse, la France entière ! Voilà maintenant deux ans qu'il est à Brest et quelques-unes de ses attitudes sont encore dans toutes les mémoires : on l'a vu prendre le public à témoin un soir ou Boutier lui adressa une mauvaise passe, on l'a vu vociférer devant le banc de touche, on l'a vu s'en prendre publiquement à Martet. C'est son humeur ordinaire... Cet homme ombrageux est imprévisible : de temps en temps - pas souvent - la moustache est moins frémissante et on devine un sourire. Allez savoir pourquoi .... C'est malgré tout un personnage attachant. Sans concession mais épris de sincérité : ses outrances ne relèvent jamais du caprice.
Milan RADOVIC
Le Provencal, c'est Radovic. Né à Titovo-Uzice, en Serbie occidentale, il a fait l'essentiel de sa carrière (cinq ans) à Rijeka, l'ancienne Fiume, près de la frontière italienne. Il est ouvert, souriant, de commerce agréable.
Du béton armé
Sur le terrain, la différence est aussi évidente. Radovic, solide, musclé, est un extraordinaire battant. Il travaille en force, use les défenses, et est très agressif. Habile à provoquer la faute de l'adversaire, il prend souvent les devants, donne les premiers coups et distribue les premières ruades. C'est un avant-centre en béton armé, impitoyable pour l'adversaire mais généreux pour les siens : collectif, bon remiseur, surtout de la tête. Techniquement moyen, sans plus, ses plongées vers le but sont pénétrantes, ses coups de tête subtils et son tir soudain et précis. Meilleur buteur yougoslave la saison dernière avec 26 buts - dont 7 sur penalty - il a attendu en vain la consécration de son pays : il n'a jamais joué en équipe nationale. Et il ne cache pas son amertume ...
Le meileur aillier ?
Vabec, c'est l'artiste. Technique absolument irréprochable. Pied gauche, pied droit, pointrine, tête, il sait tout faire. Et c'est un joueur exceptionnel dans trois domaines, ce qui lui donne la dimension internationale. Premièrement, une vision du jeu sans laquelle il n'est pas de grand joueur. Deuxièmement, une frappe de balle si pure que ses tirs claquent comme des coups de fouet et lui ont valu de réussir 17 buts il y a deux ans en Division 1. Quatre de moins que Omnis et Kostedde mais 17 sur ... les 35 du pauvre Stade Brestois. Une performance unique dans le football francais depuis au moins 10 ans ! Troisièmement un dribble ravageur qui fait la joie de l'Armoricaine. Tous les talents du Yougoslave - finesse, vitesse, roublardise, adresse - s'associent pour former un bouquet multicolore et vénéneux : demandez aux arrières latéraux ce qu'ils en pensent, demandez à Janvion par exemple...
17 fois international A dans son pays, malgré la concurrence du prestigieux Dzajic, titulaire au Dinamo Zagreb à... 16 ans, le diabolique Yougoslave est peut-etre le meilleur aillier gauche du championnat de France.
A la tête de la bande rouge, lui et son déménageur de compatriote lancent un formidable défi au monument qu'est l'A.S. Saint-Etienne.
Ce n'est pas perdu d'avance.
Superbe, c'est de qui ?
Et c'est dans ce match la que Pardo avait fait du Kung Fu pres du banc stephanois ?