SKYROCK
histoire de la FM
Réseau national privé créé en 1986 à Paris.
En 1986, Pierre C. Bellanger souhaite lancer un réseau national pour les jeunes afin de contrer la prédominance de NRJ. Il décide de transformer sa radio, "La Voix du Lézard", en Skyrock, et ouvre rapidement des fréquences en province. La société qui gère Skyrock est la SARL Vortex.
Dès la naissance de Skyrock et afin de réaliser ses ambitions, Pierre Bellanger n'hésite pas à acheter de grands espaces publicitaires dans les magazines, afin de faire connaître sa radio. Skyrock se démarque des autres radios jeunes par un habillage d'antenne hors du commun et des animateurs à forte personnalité. L'auditeur est plongé dans une ambiance spatiale. Le premier slogan de Skyrock est d'ailleurs "L'irrésistible chant des étoiles". Cette couleur d'antenne bien particulière est directement liée à l'esprit de son PDG, qui a déjà une forte expérience des radios libres, et dont les revendications, écologiques notamment, transparaissent clairement à l'antenne. Mais ces revendications présentes à l'antenne n'ont qu'un seul but : démarquer la nouvelle radio de ses concurrentes, et marquer des points. Pierre Bellanger applique une véritable stratégie commerciale, en choisissant de donner toute liberté à ses animateurs et avoir une couleur d'antenne unique.
La radio développe rapidement un réseau en France. Son audience est en progression constante jusqu'en 1991, tandis que NRJ, née en 1981, reste largement en tête, et Fun, jeune réseau né en province, ne trouve toujours pas un concept propre à elle. Skyrock, quant à elle, se fait remarquer par ses émissions souvent provocatrices : Géraldine, qui recueillait les fantasmes les plus intimes des auditeurs ; Skyman, qui vengeait les auditeurs de leurs ennemis par des canulars téléphoniques...
En 1991, son capital est partagé à égalité entre Filipacchi et Pierre Bellanger. En 1995, Filipacchi monte à 85% dans le capital de la station, qui par ailleurs a rejoint la régie du groupe Europe 1, Régie Radio Music.
Si Skyrock est un précurseur en matière de libre-antenne avec "Bonsoir la Planète" animée par Malher, elle se fait devancer à partir de 1991 par Fun Radio, qui réalise ses premiers pics d'audience avec Arthur en 1991 puis Lovin'Fun en 1992. En juin 94, ne sachant comment réagir à l'effritement de son audience, elle tente un nouveau format ("le nouveau Skyrock"), où seuls les tubes des années 90 sont retenus dans la programmation musicale. Skyrock contre-attaque par ailleurs le succès de "Lovin'Fun" en lançant une libre-antenne avec Tabatha Cash, ex-star du X. L'audience du "nouveau Skyrock" ne décolle pas.
En mai 1994, Maurice rejoint la station et lance "Maurice Skyrock 22h", émission de libre antenne. A ses débuts, l'émission n'est pas diffusée sur l'émetteur d'Ile-de-France car Maurice est encore en contrat avec son ancienne station, la parisienne Ouï FM. Fin 1996, alors au sommet de sa gloire, Maurice décide de se retirer et de lancer une syndication de son émission, vœu cher à l'animateur depuis longtemps.
L'émission "Les Monstres" est quant a elle installée le matin et animée par Manu et JC, semble trouver son public. Elle est cependant suspendue suite à un dérapage de l'animateur JC survenu le 3 janvier 1995, se réjouissant de la mort d'un policier niçois. Suite à ce dérapage, qui succédait à celui de Cauet sur Fun Radio à propos du camp d'Auschwitz, le CSA inflige une suspension d'émettre de 24 heures à Skyrock le lundi 9 Janvier. La station ne respecte pas cette sanction, en laissant son antenne libre aux auditeurs, sans interventions ni jingles. La radio reçoit en retour une amende pour le non-respect de la sanction.
En 1996, 10 ans après sa création, Skyrock comprend qu'elle ne peut revenir dans la course qu'en offrant une alternative aux autres programmes. De plus, le principe de la libre-antenne semble s'essoufler. Par ailleurs, les quotas de 40% de chanson française, entrés en vigueur, gênent la station à concevoir un programme musical qui plaise aux jeunes. Forte de ces constatations et sous l'impulsion de son directeur des programmes Laurent Bouneau, Skyrock décide de changer radicalement la couleur musicale de son antenne en adoptant un format 100% rap. En choisissant de se démarquer plutôt que de copier, Skyrock revient en quelque sorte à ses principes d'origine.
En juin 1996, Difool, illustre animateur de Lovin'Fun, démissionne de Fun Radio. Pierre Bellanger le contacte aussitôt, et l'embauche. Difool, étant en contrat avec Fun pendant encore 1 an, ne peut prendre l'antenne. Il devient directeur des stations locales de Skyrock. En 1997, Difool devient directeur des programmes et ouvre une libre-antenne de 21h à minuit. Il entre en concurrence directe avec son ex-collègue Max sur Fun Radio, qui garde la première place en audience durant quelque temps, avant que Difool ne la lui prenne.
Grâce à cette politique musicale et à cette libre-antenne à succès, Skyrock retrouve de bons scores dans les sondages, redevancant notamment Fun en national et NRJ en Ile de France. Cependant, elle recontre des difficultés à vendre ses espaces publicitaires : les annonceurs ne semblent pas intéressés par le profil des auditeurs de Skyrock, notamment à cause de leur trop jeune âge.
Cette situation est encore pire au niveau de la publicité locale ou les espaces trouvent difficilement preneur. Les stations locales de Skyrock se sont d'ailleurs plaint auprès de la direction nationale du choix musical de Skyrock, n'arrivant plus à trouver des annonceurs. Pierre Bellanger, toujours PDG de la station, a d'ailleurs racheté puis fermé de nombreuses stations locales déficitaires. Les dernières indépendantes luttent contre une politique "anti local", certaines sont même en procès avec Skyrock. Citons notamment Radio Peinard à Béziers qui effectue un programme local tout le long de la journée, avec une programmation généraliste. Citons encore Skyrock Bretagne qui diffuse des titres bretons, ou encore Skyrock Pays de Loire qui tente une programmation techno et un rapprochement avec le réseau FGen 2002.
Le développement du réseau Skyrock est par ailleurs handicapé en 1998 par son appartenance au groupe Europe 1 qui dépasse le seuil anti-concentration des médias : aucune fréquence ne lui est attribuée en 1998 lors du dégagement de 500 fréquences en France.
En 1999, elle est enfin revendue au fonds d'investissement anglais Morgan Greffell Private Equity (80% du capital, Pierre Bellanger détenant le reste), qui garantit au CSA que Skyrock gardera son indépendance (ses dirigeants, sa couleur musicale). La participation du groupe britannique est revendue peu après à la Deutsch Bank.
Skyrock, malgré son succès, a déçu beaucoup de ses anciens auditeurs, qui aimaient son impertinence et son esprit décalé des débuts. Son public actuel est totalement différent, et les auditeurs d'antan reprochent à Pierre Bellanger d'avoir totalement détruit l'esprit de Skyrock.
Depuis plusieurs années, Skyrock dénonce sa faible couverture. Ceci dit, elle prend pour argument son faible nombre d'émetteur et non sa couverture réelle (ses émetteurs couvrent de grandes agglomérations), qui reste largement plus faible que celle d'NRJ mais quasiment égale à celle de Fun Radio. Pour faire entendre ce qu'elle considère comme une injustice, Pierre Bellanger n'héiste pas à chercher soutien auprès de ses auditeurs (pétitions, tee-shirts), mais aussi d'hommes politiques. Ainsi, Jean-Pierre Chevènement affirme son soutien à Skyrock lors de la campagne présidentielle de 2002. En juin et juillet 2002, elle cherche également le soutien d'élus locaux pour installer son "Skytruck", un camion muni d'un émetteur permettant à la station de devenir radio pirate l'espace d'une journée.[/url]