Inscription: Mar 17 Aoû, 2004 23:43 Messages: 16871 Localisation: Ici c'est gris ! Has thanked: 0 time Been thanked: 0 time
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http://www.letelegramme.fr/bretagne/brest-ville-tranquille-mais-impulsive-07-02-2015-10518653.phpBrest est une ville globalement sûre. Cette affirmation, issue de la seule lecture des chiffres de la délinquance plus avantageux ici qu'ailleurs, peut toutefois être tempérée par plusieurs éléments quotidiens et par un certain ressenti dans divers quartiers, à commencer par l'hyper-centre. La consommation d'alcool, les bagarres, la prégnance du cannabis et la violence de quelques actes peu nombreux, mais symboliques, ternissent aux entournures les couleurs du tableau général qui restent objectivement toujours plutôt lumineuses. Si l'on devait oser une comparaison entre la situation de la délinquance à Brest à une prévision météo, peut-être serait-il possible de dire : « Beau temps en général, avec des passages nuageux et ponctuellement des orages ». Brest et sa délinquance. Une histoire nuancée, une histoire de toujours, une histoire de ville, une histoire brestoise. Bien sûr, ceux qui naviguent dans les nues accompagnés d'une horde d'angelots trouveront qu'il est inutile de s'appesantir ça et là, et que, globalement, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et évidemment, celles et ceux qui ont été victimes de la violence et de la crapulerie estimeront que l'insécurité à la mode du Ponant est une réalité quotidienne. Des chiffres à la baisse Il y a certes des chiffres. Si l'adage veut que l'on puisse tout leur faire dire, ils peuvent tout de même servir d'indicateur pour situer un peu l'agglomération brestoise. Les derniers rendus par le parquet de Brest lors de la rentrée solennelle de janvier sont bons. Excellents même. Pour la première fois depuis 2010, les faits dénoncés en zone police baissent de façon conséquente. Près de 10 % en un an, c'est beaucoup. Surtout, selon le discours du procureur Eric Mathais « que les violences sont notamment en nette diminution ». De tout temps, la violence a été le vilain bouton sur le visage brestois. Le coup de latte, le coup de boule et plus récemment, le coup de surin vigoureusement dénoncé il y a quelques mois par les parquettiers du Ponant, sidérés du nombre de lames en liberté. Le tout mélangé à l'alcool fait des ravages et à l'occasion des meurtres qui trouvent souvent leurs origines dans ce double contexte. L'alcool, père de tous les vices Luc-Etienne Mollière, directeur de la prévention des risques et de la tranquillité urbaine à Brest, le sait sans doute mieux que quiconque. « Nous avons peu d'éléments sur la quantité d'alcool absorbée mais nous savons sa prégnance, surtout dans l'hyper-centre. Il est à l'origine des violences, des dégradations, des conflits familiaux. Et même dans les incendies de mobilier urbain : parfois, des jeunes sont arrêtés juste après et une fois dégrisés, ils ne savent même pas pourquoi ils ont fait ça ». Pour contrer ce qui peut l'être, plusieurs procédés ont été mis en place. Deux arrêtés, l'un municipal et l'autre préfectoral ont interdit la vente et la consommation d'alcool le jeudi soir aux abords de la place de la Liberté, célèbre un temps pour ses fiestas étudiantes sauvages. « Les retours sont positifs », commente Patricia Salaün-Kerhornou l'adjointe au maire, chargée de la tranquillité publique. Au-delà des mots de rigueur, il est vrai que les attroupements ont disparu. Une place à désenfumer Mais la place de la Liberté, vaste carré où trône l'hôtel de ville, ne s'est pas débarrassée pour autant de son trafic usuel de shit. Connue par le tout Brest comme l'endroit où la résine s'achète et se vend, notamment sous de belles pergolas fleuries au printemps venu, la place est actuellement scrutée de près par Paul Landauer, architecte-urbaniste spécialisé dans la modification des lieux problématiques. S'il ne s'agit pas pour lui de tout changer, « il va livrer une analyse précise pour modifier la topographie et les accès » et tenter de chasser les indésirables, « ceux qui rendent la vie des commerçants parfois insupportable », dixit Luc-Etienne Mollière. « Un lien entre l'assuétude alcoolique et les autres toxiques est envisageable », complète le procureur Mathais qui indique « que l'usage et les trafics pèsent de manière importante sur les statistiques ». À peine arrivé à Brest, le procureur Mathais note la forte consommation de drogue dans la région et peut se réjouir du démantèlement de plusieurs trafics. Orages sporadiques sur Pontanézen Rien ne dit, en revanche, que la chute des caïds soit à l'origine des coups de tonnerre entendus à Brest, ces orages latents qui minent la ville avec une irrégularité notable. L'an passé, ils furent au nombre de trois, majeurs. Chronologiquement, l'attaque du tram dans le quartier de Pontanézen a embrasé le mois de juillet et l'incendie volontaire du centre social du même quartier, terni les fêtes de Noël. « On comprend ce qui se passe. Ce quartier rénové, agréable, où passe le tram et où les tensions sont moindres que par le passé est la cible de quelques jeunes qui préféraient le ghetto. Nous ne céderons pas », tonne le procureur Mathais. « Nous avons vite réagi », complètent Patricia Salaün-Kerhornou et Luc-Etienne Mollière en indiquant que de tels événements provoquaient dans l'instant des réunions du comité local de sécurité, piloté par le sous-préfet et où siègent justice, mairie, Éducation nationale, autorités maritimes, Bibus et la SNCF. Retour au calme sur Jaurès Ce comité, préféré à la police municipale et à la vidéosurveillance, doublette de rechange préconisée par l'opposition municipale de droite mais abhorrée par l'équipe en place, est aussi intervenu à la rentrée quand un groupe de commerçants situé à l'Octroi, vers le haut de la rue Jean-Jaurès, pourtant centrale, a sonné le tocsin sur la paisibilité du lieu. Sang séché, impacts suspects, dégradations répétées formaient un paysage des plus redoutables. « Nous avons partagé le constat, nous allons les rencontrer à nouveau », font valoir les autorités qui ont doublé les patrouilles de police pédestres et disent avoir pris les choses en main. Pour l'instant, l'orage semble s'être éloigné. EN COMPLÉMENT Quand l'état d'ivresse est manifeste Si Brest est plutôt bonne élève en matière de sécurité, la ville se taille une réputation assez célèbre dans le fait-divers noyé d'alcool. Des personnages hauts en couleur débarquent sans prévenir dans la rubrique sous la forme de guerrier Massaï, régulièrement belliqueux avec les chauffeurs de tram et pas plus Massaï que ça, de Colombien ayant très peu vu les faubourgs de Bogota ou de Monsieur Caca, histrion hirsute en lutte contre le système via sa spatule à excréments qu'il manipule avec soin pour pourrir les distributeurs bancaires. Au-delà de ces personnages, les histoires où des jeunes offrent de la drogue à des aveugles ou des policiers, où une femme avale une contravention après avoir montré ses fesses aux forces de l'ordre ou encore lorsqu'un voleur s'endort dans le rayon alcool du supermarché qu'il pille de ses bouteilles, nourrissent la chronique que le Brestois gouailleur a depuis longtemps rebaptisé « la chronique du 12º ». « La question des addictions et le travail de réduction des risques par la prévention sont importants », se hasardent les autorités au risque d'enfoncer les portes ouvertes. Ils estiment néanmoins, à juste titre, que depuis quelques années le flux des grandes fêtes populaires type jeudis du port ou soirées étudiantes a été mieux géré, via le travail de médiation urbaine entrepris et la présence accrue des forces de l'ordre. C'est toujours ça de pris. Repères 19 juillet 2014 Un dimanche peu après minuit, la dernière rame du tram brestois circule avec un seul passager à bord. Il est alors la cible de jets de cocktails molotov et de pierres du côté de l'arrêt de Pontanézen. Selon les services d'enquête, une poignée d'individus encagoulés obstruent la voie pour empêcher le tram de repartir. Septembre 2014 Excédés, des commerçants du quartier de l'Octroi, situé dans le haut de la rue Jean-Jaurès confient leur lassitude : insultes, agressions, vols, coups de feu... Depuis trois ans, ils constatent une recrudescence de la violence et se sentent aujourd'hui directement menacés. Le contrat local de sécurité se réunit illico, la police double les patrouilles. Une nouvelle réunion entre autorités et commerçants est convenue ces jours-ci. 23 décembre 2014 Le centre social de Pontanézen, l'Horizon, est la proie d'un incendie volontaire après une période de tensions à l'intérieur du centre. Le 9 janvier, le bureau de poste subit le même sort. Le procureur Mathais promet que les crimes ne resteront pas impunis.
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_________________ Samedi 22/01/2011 , Jeudi 05/03/2015 , Samedi 02/12/2017 ... La coupe est pleine !
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