Par Thierry Dilasser
Le 10 juillet 2024 à 21h00


Quels étaient les choix qui s’offraient à vous ?
En étant libre en fin de saison, j‘avais une palette d’options. J’aurais pu signer dans les pays du Golfe, rester en Europe ou rester à Brest. Je me suis d’abord demandé ce que je voulais encore accomplir. La première question à laquelle il m’a fallu répondre a été de savoir si, à 30 ans, j’avais encore la force pour jouer dans un grand championnat et si je voulais faire un choix sportif ou financier, en allant en pré-retraite dans les pays du Golfe. Ce choix-là, je l’ai fait en refusant une offre très sérieuse que j’avais reçue du Qatar. Dès lors, j’avais deux options : aller à Augsbourg ou rester à Brest. J’ai lu beaucoup de choses fausses me concernant, des sommes que j’aurais prétendument réclamées. Cela m’a touché parce que cela m’a fait passer pour un mercenaire, alors que mon choix n’est pas uniquement lié au financier. Ça a été d’abord le sportif, le financier en deux et le cadre de vie en trois. C’est comme ça que je raisonne.

Qu’est-ce qui a motivé votre décision, au final ?
J’avais plusieurs touches mais les deux propositions concrètes qui m’avaient été faites étaient celles de Brest et d’Augsbourg. À Brest, Greg (Lorenzi) m’avait fait une première offre en février, qui passait par une baisse de salaire de 20 à 25 %. Je lui ai dit que je préférais attendre la fin de saison. Le fait qu’on se qualifie en Ligue des champions m’a forcément donné envie de rester. Mon agent a alors envoyé une contre-proposition, à laquelle Greg a répondu, mais je ne m’y retrouvais toujours pas. Ce qui m’a mis dans l’embarras, d’autant que, dans l’intervalle, Augsbourg avait fait une offre équivalente à ce que je demandais à Brest, mais en plus, avec un contrat de quatre ans (contre 2 ans + 1 en option à Brest). Je suis très attaché à Brest, mais à un moment, le foot, ce n’est pas que des sentiments… Je vais avoir 30 ans, c’est peut-être mon dernier contrat… À un moment donné, les calculs ne sont plus les mêmes…

La possibilité de découvrir un nouveau championnat, après la France et l’Angleterre, a-t-elle pesé ?
Absolument. Pour moi, jouer la Ligue des Champions ou découvrir un troisième grand championnat, ça se vaut. Ça a d’autant plus pesé que je deviens le premier Béninois de l’histoire à réaliser cela. D’une certaine manière, j’écris l’histoire de ce pays, et ça compte beaucoup pour moi.

Mettre la découverte de la Bundesliga au niveau de la Ligue des champions, est-ce comparable ?
Il y a la découverte de la Bundesliga mais aussi le projet du club d’Augsbourg. Le club veut passer un cap et se qualifier en Coupe d’Europe. D’un côté, je laisse la Ligue des champions, de l’autre, je vais découvrir un troisième grand championnat et viser une Coupe d’Europe. L’Allemagne a cinq équipes en Ligue des champions, plus trois dans les autres Coupes d’Europe. En Bundesliga, tu as plus de chances d’être européen que de descendre…

À quel moment avez-vous pris votre décision, et quand en avez-vous informé le Stade Brestois ?
C’était en juin, le championnat était terminé, j’étais à Abidjan avec ma sélection. J’ai appelé Greg à la suite de sa contre-proposition, qui était encore en dessous de mon salaire, ce qui l’a amené à me faire une nouvelle offre, avec un salaire dégressif dès la fin de la première année de contrat. Je n’y ai pas répondu, et c’est à ce moment-là que je décide d’aller à Augsbourg. Ensuite, le temps passe, les vacances passent. Je n’ai pas de nouvelles de Greg pour me demander si j’accepte son offre ou pas. Je suis rentré à Brest le lundi (1er juillet) pour récupérer mes papiers de fin de contrat. Greg n’était pas là, je ne l’ai vu que le mardi pour lui faire part de ma décision, et lui dire que j’étais attendu le jeudi (4 juillet). Il m’a alors demandé ce que j’aurais aimé. Je lui ai donné les détails de l’offre d’Augsbourg, et dit que j’aurais voulu que le club me montre qu’il comptait vraiment sur moi, en faisant les efforts nécessaires. Il a alors fait des calculs et m’a dit qu’il pouvait s’aligner sur la première année, me faire signer deux ans en acceptant de me laisser partir au bout d’un an dans un pays du Golfe, une des options que j’avais envisagées dès le début et qui s’approchait de celle qu’on lui avait faite début juin. On est la veille de mon départ et je ne m’attendais pas à ça. J’étais venu pour dire merci et au revoir et son offre m’a chamboulé. Sincèrement, j’ai hésité jusqu’au bout. Du mardi au jeudi, ma tête a chauffé fort. En plus, le jeudi, l’Olympiakos est venu avec un contrat de quatre ans, et des conditions salariales encore meilleures qu’à Augsbourg. C’était hallucinant, vraiment dur de garder la tête froide…

Pourquoi ne pas avoir accepté la dernière offre brestoise, alors ?
Parce qu’elle est arrivée trop tard… Non seulement j’avais déjà dit oui à Augsbourg, et je ne me voyais pas trahir ma parole, mais j’aurais aussi aimé que cette offre arrive plus tôt. J’ai toujours été honnête et droit à Brest, et j’ai toujours aimé ce club. J’aurais aimé qu’on me fasse ressentir la même chose, en faisant la meilleure offre que le club aurait pu faire dès le début, et non pas la veille de mon départ…

Après tout ça, on pourra disposer d’une enveloppe pour acheter des joueurs, mais ce n’est pas pour autant qu’on pourra faire n’importe quoi », poursuit l’ancien défenseur, devenu très fin négociateur et absolument pas disposé à « (se) mettre par terre pour un joueur », comme en atteste le récent départ de Steve Mounié.

Nouvel élément ce jour:

Peut-on penser que c'est plus risqué de partir sans Mounié ?
GL, en tous cas, semble l'avoir finalement pensé !
Mais trop tard.....