Le championnat russe n'est pas le plus attaqué mais il commencent à avoir assez de pognon pour faire venir des joueurs prometteur comme Cavenaghi. Oui la mafia à l'OM c'est une realité d'ailleurs il y à eu un bonne article la dessus, je le poste meme si personne vu la longueur ne va le lire.
La face cachée de l’OM - article du Nouvel Observateur (janv. 05)
Ici, le patron du club rend des comptes à un pilier du milieu marseillais. Là, des agents de joueurs font régner la terreur et des supporters multiplient les petits trafics à l’ombre du Vélodrome.
Coup de pression dans les vestiaires. Le 7 novembre dernier, l’Olympique de Marseille vient d’être défait au Parc des Princes, chez l’ennemi de toujours. Deux buts à un pour le PSG. Christophe Bouchet, qui n’a pas encore déserté son fauteuil de président de l’OM, est furieux. Il rassemble ses joueurs. Tourangeau de naissance, Parisien de culture, Bouchet se lance dans un numéro de «cacou» marseillais. Il s’en prend au défenseur Abdoulaye Meité. «Moi, je fais mon boulot quinze heures par jour, s’échauffe Bouchet. Toi, Abdou, tu pourrais faire le tien!» Le géant noir, qui officie à l’OM depuis cinq ans, a été le meilleur joueur olympien sur le terrain. Mais il a fait une bourde. Une seule. Celle qui a amené le but victorieux de Paris. Le joueur est à cran. Sa réplique fuse: «Laissez-moi tranquille, président, sinon mon patron va venir vous tirer les oreilles!» Le «patron» dont parle Meité, c’est son agent: un certain Jean-Luc Baresi. Un nom qui fait peur à Marseille. Et pas seulement aux managers du club.
A l’Evêché, le commissariat central de la ville, on connaît bien le clan Baresi, qui règne, selon la police, sur les machines à sous de la région. Mais les preuves manquent. Bien sûr, les frères cadets de l’agent, Franck et Bernard, sont connus comme d’authentiques braqueurs, fichés comme tels au grand banditisme. Et Jean-Luc, le chef de famille, a lui aussi connu la prison. C’était en 2002: un an de préventive, derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Luynes, pour une sombre affaire de racket et de disparition sur le port, toujours pas élucidée. Mais à 44 ans, l’agent du joueur, qui nie toute implication dans cette bouillabaisse mafieuse, n’a jamais été condamné. L’ancien mauvais garçon du quartier Saint-Antoine donne dans le respectable. Depuis quatre ans, il est manager de footballeur, dûment agréé par les instances nationales. Et avant? «J’ai toujours été proche de l’OM», se contente-t-il de répondre, sans détailler plus avant son curriculum.
A l’OM, Baresi s’est fait une spécialité: le transfert des bannis du «loft», ces joueurs tombés en disgrâce. Il n’a pas son pareil pour convaincre les dirigeants de l’OM de les libérer sans exiger trop d’indemnités. Baresi dispose également d’un monopole de fait sur les minots les plus prometteurs, fraîchement sortis du centre de formation, comme Samir Nasri (17 ans) ou Ahmed Yahiaoui (18 ans). Il les prend en main, les protège de la convoitise des autres agents, négocie leur premier contrat pro et empoche les commissions. A la Commanderie, le centre d’entraînement de l’OM, Baresi se sent tellement chez lui que, lorsqu’il est noué d’avoir trop travaillé, il se fait masser par le kiné du club, dans le vestiaire. Et même avec les joueurs, à la grande stupéfaction des dernières recrues, peu au fait des coutumes locales.
Normalement, Baresi ne répond pas aux questions des journalistes. Ou alors seulement après les avoir menacés, au préalable, d’un procès. A Marseille, on ne parle pas d’intimidation. Juste d’ambiance locale. Certains s’en émeuvent. «Début 2002, j’avais publiquement engagé tous les agents de joueurs de France à venir travailler avec le club, qui cherchait à transférer une trentaine de joueurs, témoigne par exemple l’ancien magistrat Etienne Ceccaldi, ex-directeur général de l’OM. Un seul s’est manifesté. Les autres agents sollicités craignaient l’entourage particulier du club.» Et de désigner, à mots couverts, Jean-Luc Baresi comme le principal fauteur de troubles. «N’importe quoi, s’emporte aujourd’hui l’intéressé. A l’OM, il n’y a pas d’histoires de voyous. Juste des histoires d’hommes.»
Voire. «Tous les clubs de l’arc méditerranéen excitent la convoitise du milieu, observe, préoccupé, un haut responsable policier. Mais on en est réduit à suivre cela en spectateur en attendant une faille pour agir.» Au bord de la belle bleue, la vie d’un club se lit en effet aussi bien en pages sportives que dans la rubrique des faits divers. A Bastia, une enquête judiciaire visant le leader nationaliste Charles Pieri vient de mettre au jour le rôle de la pègre indépendantiste dans la gestion du club local. Ajaccio, l’autre club corse de Ligue 1, est entraîné par un miraculé: Rolland Courbis. En 1996, ce dernier prenait un projectile de 9 mm en plein abdomen. Une balle perdue destinée à son ami Dominique Rutily, assassiné ce jour-là à la sortie d’un match de foot sur le continent. Membre influent de la Brise de Mer, le gang mythique du grand banditisme corse, Rutily projetait alors de mettre la main sur… un autre club de la Côte: l’OGC Nice. Quant aux voisins de l’AS Monaco… Un club bien comme il faut? Peut-être. Mais qui a bien failli accueillir dans son capital, il y a deux ans, un paravent de la mafia russe! Il a fallu l’intervention des Renseignements généraux pour que le Palais ouvre enfin les yeux et fasse capoter le projet. Alors pourquoi l’Olympique de Marseille serait-il épargné? «Nommez le pape à la tête de l’OM un matin, vous le retrouverez tout noir le soir même», ironise un grand flic initié aux coulisses du club. Sur la Canebière aussi, on célèbre l’alliance du flingue et du ballon rond.
Avril 2002, un jet privé atterrit à l’aéroport de Cannes. Le milliardaire Robert Louis-Dreyfus en sort. Propriétaire de l’OM, dans lequel il affirme avoir injecté près de 150 millions d’euros en neuf ans, RLD, comme on le surnomme, monte dans une berline conduite par un ancien directeur sportif du club, licencié un an plus tôt: un certain Jean-Christophe Cano. Les deux hommes prennent la direction de Simiane-Collongues, dans l’arrière-pays d’Aix, et s’engouffrent dans une villa claquemurée comme une forteresse. Pour ses voisins, le maître des lieux est un paisible retraité. Tellement discret, même, qu’il ne sort jamais de chez lui. Trop risqué. Même avec un gilet pare-balles, comme celui qui lui sauva la vie, le 21 avril 1978, lorsqu’il tomba avec son frère dans un guet-apens tendu par les hommes du clan Zampa.
A 73 ans, Roland Cassone n’a plus de frère, mais reste une légende du grand banditisme. Ancien lieutenant de Jacky le Mat, il est l’un des rares rescapés de la guerre des gangs. A l’Evêché, on le présente comme le pilier du milieu marseillais. Depuis l’assassinat de Francis le Belge, il y a quatre ans, et l’incarcération de son beau-frère, Tony Cossu, pour trafic d’héroïne, les affaires de Cassone tournent, selon la police, à plein régime. L’homme est prospère, intelligent. Mais la joue profil bas. «Il ne se montre jamais. On n’arrive même pas à obtenir une photo récente de lui», se lamente un vétéran de la brigade de répression du banditisme (BRB).
Que vient faire un fils de famille comme Robert Louis-Dreyfus chez un caïd comme Cassone? «Jean-Christophe Cano m’a présenté Roland Cassone, que je ne connaissais pas, comme un membre influent d’une des associations de supporters du club, détaille Robert Louis-Dreyfus au "Nouvel Observateur", confirmant le rendez-vous secret. A l’époque, nos mauvais résultats sportifs avaient enflammé les supporters et Cano pensait que ce rendez-vous permettrait d’expliquer la politique du club et d’apaiser le climat», précise le propriétaire de l’OM. Le successeur présumé du Belge téléguidant depuis sa villa retirée les supporters du Vélodrome et sommant le propriétaire de l’OM de venir s’expliquer sur la gestion du club: ce n’est plus du folklore mais carrément du polar! Que se sont dit les deux hommes? Robert Louis-Dreyfus n’en dira pas plus. Mais quelques semaines après la rencontre, la direction de l’OM retirait une plainte pénale visant… Jean-Christophe Cano, l’organisateur de l’entrevue de Simiane. Lorsqu’il dirigeait la politique sportive du club, ce dernier avait en effet l’habitude de passer des accords avec une poignée d’agents marrons. Ces intermédiaires n’hésitaient pas à réclamer des honoraires pour des transferts de joueurs dans lesquels ils n’étaient même pas intervenus. L’ancien magistrat Etienne Ceccaldi, alors directeur général de l’OM, avait porté l’affaire en justice. Sans succès donc. «Le dossier ne tenait pas la route», assurent aujourd’hui en chœur le parquet de Marseille et l’actuelle direction de l’OM.
Blanc comme neige, Cano, l’ami de Cassone, a ensuite tenté de mettre la main sur un autre club de la Côte, l’OGC Nice, en compagnie de deux associés. Deux fils à papa, aux pedigrees particuliers. Robert Cassone, le fils de Roland, et François Mouret, rejeton de Roger le Gitan, un ancien de la bande dite des «Italo-Grenoblois». Las, faute d’avoir pu réunir les financements nécessaires, le trio ne tiendra que quelques mois à la tête du club niçois… Qu’est-ce qui explique cette attirance pour les vestiaires de football? Pas seulement l’amour du ballon rond. Avec son ballet de grands joueurs, qui font et défont leurs valises à chaque mercato, un club comme l’Olympique de Marseille est un jackpot. Pour qui? On ne sait pas toujours très bien. Seule certitude, l’unité de compte est la centaine de milliers d’euros. Dans ce gigantesque casino, le footballeur n’est qu’une boule. C’est le croupier qui emporte la mise.
Fin juin 2001, Eduardo Tuzzio, joueur argentin de 27 ans, prend ses quartiers au Sofitel Vieux-Port, l’hôtel des hôtes de marque de l’OM. Un nid d’aigle de luxe surplombant la Canebière. Tuzzio a été déniché par Bernard Tapie, alors «manager général bénévole» de l’OM. Le joueur a tout de la bonne affaire. Désigné meilleur défenseur d’Argentine, il est libre de tout contrat, ce qui signifie pour l’OM qu’il n’y aura pas d’onéreux transfert à payer. Tuzzio réclame juste 1,5 million d’euros de prime à la signature. Et son agent, un avocat argentin, 300 000 euros de commission. Le joueur et l’OM signent un convention de transfert. Classique et parfaitement réglo. Mais simple. Trop simple. Trois jours plus tard, en effet, Tuzzio change subitement d’avis et préfère soudain s’engager avec un lilliputien [défunt depuis peu...] footballistique: le Servette de Genève. Bizarrement, l’OM lui donne sa bénédiction et paie même de ses deniers le billet d’avion du joueur pour la Suisse. Cinq jours plus tard, nouveau rebondissement: le club phocéen se ravise. Et décide de racheter le joueur au club helvète! Mais, cette fois-ci, le prix ne fait plus sourire. L’OM débourse en effet 6,5 millions d’euros.
En quelques jours et un détour par la Suisse, la valeur du défenseur argentin, qui n’a alors pas encore joué un seul match en Europe, a augmenté de plus de 300%! Sans compter, les quelque 587 000 euros de commission que l’OM a dû verser à l’intermédiaire de la transaction, Gilbert Sau, un agent proche de Jean-Luc Baresi et de Bernard Tapie. Tenu informé depuis sa résidence de Caslano en Suisse – un échange de fax l’atteste –, Robert Louis-Dreyfus laisse faire. Etonnant comment ce coq des affaires se fait plumer comme une vulgaire volaille de basse-cour dès qu’il s’agit de ballon rond… RLD opte pour le paiement échelonné sur un an. Et commence à signer les ordres de virement. Il faudra attendre l’été 2002 pour voir Christophe Bouchet, fraîchement arrivé à la tête du club, bloquer le dernier versement. Pendant un an, l’argent de l’OM est régulièrement venu alimenter un compte ouvert au Crédit suisse à Genève. Pour le Servette? Non, le club n’a conservé qu’un petit million. Le reste? Evaporé. Un peu partout. Selon nos informations, l’enquête du SRPJ de Marseille s’interroge sur un versement inexpliqué de 1,5 million d’euros dont aurait bénéficié entre autres l’ex-international Franck Lebœuf lorsqu’il a signé à l’OM.
Résumons: un vrai-faux transfert initié sous l’ère Tapie qui permet notamment de payer une prime à la principale recrue de l’ère Bouchet. A Marseille, les dirigeants passent, l’argent continue de couler à flots. Mais la direction du club ne souhaite pas s’exprimer sur ce sujet sensible. Plus étonnant, le dossier Tuzzio semble même brûler les mains de la justice locale. Le parquet de Marseille se creuse les méninges. Qui va-t-il renvoyer devant le tribunal dans cette affaire? Les intermédiaires, les dirigeants, certains joueurs? La réponse doit tomber en ce début d’année. «Mais on ne peut pas prendre le risque de mettre le feu à la Canebière», prévient déjà un haut magistrat.
Quand il s’agit de l’OM, la justice marseillaise n’est jamais aveugle. Avant de passer, elle regarde d’abord devant, derrière, sur les côtés. Parfois, elle ne bouge même pas. Comme il y a quatre ans, par exemple. Nous sommes en fin de journée, ce 31 juillet 2000. Frédéric Dobraje attend le bateau sur l’embarcadère des îles des Embiez, au large de Toulon. Cet ancien gardien de but reconverti en agent de joueur vient disputer un tournoi de foot amical avec des copains. Un peu de détente après une bonne affaire. Quelques jours plus tôt en effet, Dobraje a conclu le transfert de l’international Robert Pires, de l’OM au club londonien d’Arsenal pour 10 millions d’euros. Une confortable commission d’intermédiaire l’attend. Quand soudain l’agent est entouré de plusieurs gros bras bien informés. «Reverse-nous la moitié de ta com, sinon il va t’arriver des bricoles», menacent-ils. Sûr de son fait, le chef de la bande décline son identité. Son nom force le respect. Non parce qu’il a effectué une modeste carrière de footballeur pro à Toulon. Mais parce qu’il s’appelle François Vanverberghe. Le propre neveu du Belge!
«Je ne travaille pas dans le foot pour côtoyer ces gens-là», se dit Dobraje, qui attend prudemment d’être rentré chez lui du côté de Besançon, pour porter plainte. L’Evêché hérite de l’affaire, l’agent menacé est entendu par les policiers, puis par un juge d’instruction. Vanverberghe aussi. Mais le neveu n’est pas aussi coriace que son oncle. En garde à vue, il se met à table. Et donne des noms de commanditaires. Il balance deux agents de joueurs très proches de l’OM… Las. Ces derniers ne comparaîtront pourtant jamais devant la justice. Car, trois mois plus tard, François Vanverberghe et son cousin, un truand fiché, sont abattus comme des chiens par plusieurs balles de fusils-mitrailleurs alors qu’ils circulent à moto sur une petite départementale au nord de Marseille… Le principal suspect six pieds sous terre, l’affaire est enterrée.
On comprend mieux pourquoi les agents ne se bousculent pas pour travailler avec l’OM. Résultat: le juteux business des transferts est réservé à une poignée d’intermédiaires bien introduits et sûrs de pouvoir travailler en toute sérénité. Les recrues de l’été dernier n’y ont pas échappé. L’ex-Sochalien Benoît Pedretti a ainsi confié ses intérêts à Jean-Pierre Bernès, l’ancienne âme damnée de Tapie, impliqué dans l’affaire OM-VA. Les attaquants Habib Bamogo et Peggy Luyndula, eux, ont choisi d’être conseillés par l’incontournable Pape Diouf, avant que celui-ci ne troque son maillot d’agent pour celui de directeur sportif de l’OM cet été. Quant aux anciennes vedettes du PSG Frédéric Dehu et Fabrice Fiorèse [Fiorèse une vedette?], ils sont curieusement passés par un agent serbe, connu pour servir de prête-nom à un intermédiaire louche très actif sur la Côte. Comme s’il fallait bénéficier de la protection d’un agent au parfum local pour jouer à l’OM. L’ex-défenseur vedette des Bleus, Bixente Lizarazu, avait, lui, innové l’été dernier. Se passant de son conseiller de toujours, un avocat bordelais, il a signé seul un contrat de 105 000 euros mensuels. Mais après cinq mois de chaos au Vélodrome, Liza vient de refaire ses bagages, la semaine dernière. Direction l’Allemagne, le Bayern de Munich, l’ordre et la rigueur quoi!
_________________ Quand j'ecris, je suis le heros de mes conneries.
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