Je vois pas meilleur place pour ceci :
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La Chine entre menace de krach, inflation et émeutes sociales
Les médias européens, y compris financiers, commencent à s’intéresser aux réalités de fond de la Chine actuelle et, visiblement, le regard qu’ils y portent a tout d’alarmiste, après des années à chanter les louanges aveugles du développement économique "miraculeux" du pays. La réalité apparaît aujourd’hui quelque peu «terrifiante», à savoir un gigantesque pays qui titube entre un krach financier menaçant à tout instant d’éclater, une inflation qui galope et des émeutes sociales qui se multiplient...
"Quand la vérité apparaîtra, la crise explosera" (un journaliste chinois)
Les signaux d’alerte sur l’imminence d’une crise financière et économique chinoise massive, aux conséquences internationales à termes colossales, sont déjà apparus avec netteté.
Encore faudrait-il que les analystes, notamment américains et européens, qui l’envisagent comme une hypothèse plus que probable, ne se cachent pas les réalités en arrière-plan qui font qu’inévitablement, un krach boursier majeur en Chine, dans un contexte d’inflation incontrôlée dans et hors le pays, joint aux difficultés récentes qui s’accumulent sur la fiabilité des produits « made in China » (jouets, textiles, produits alimentaires, articles ménagers...), ne pourraient que générer une situation dont le contrôle s’avérerait plus que périlleux et douteux pour les autorités financières internationales.
En février 2007, le vice-président de l’Assemblée populaire chinoise, Cheng Si-Wei déclarait au journal Financial Times : « Une bulle est en train de se former. Les investisseurs devraient se sentir concernés par ce risque ».
Son inquiétude, pourtant venant du sérail gouvernemental, n’a visiblement pas été très entendue. Les cotations des Bourses chinoises ont augmenté de 130 % en 2006 - à comparer avec 17 % pour la Bourse de Paris - et cela continue à une train de cheval lancé au galop.
Le 27 octobre 2006, c’est en Chine qu’a eu lieu la plus grosse levée de fonds par des Bourses de l’histoire financière mondiale : la banque ICBC a collecté 22 milliards de dollars US seulement sur les Bourses de Shanghai et Hong Kong !
Le PER - c’est-à-dire en clair le ratio entre le cours boursier d’une action et son bénéfice - est du simple au double, ce qui souligne une totale déconnexion entre l’économie réelle chinoise et ses Bourses.
Pour apprécier les paramètres objectifs de la situation chinoise, il est nécessaire de savoir qu’il existe en Chine 100 millions de « boursicoteurs », qui sont en majorité assez jeunes, pour la plupart inexpérimentés et peu au fait des réalités financières. Ces « boursicoteurs » opèrent des choix souvent à partir de critères totalement étrangers aux règles habituelles du marché.
Ils constituent une masse de gens disposant de capitaux propres ou empruntés, voire levés par des hypothèques sur leurs biens immobiliers, qui, en cas de krach, n’auront aucunement des réactions de boursicoteurs avisés et spécialisés, mais au contraire irrationnelles, donc imprévisibles autant qu’incontrôlables.
Au danger purement financier spéculatif se juxtapose donc la possibilité d’une panique totale des « marchés » en Chine, un facteur non négligeable.
Un contexte très inflationniste et une bulle spéculative gigantesque
Les médias financiers n’ont que peu épilogué - peut-être afin de tenter de rassurer leurs investisseurs sur le marché chinois - sur l’inflation qui explose depuis quelques mois en Chine.
Ainsi, en un mois, la viande de porc a en moyenne augmenté de 80 %, celle du boeuf de 45 %, d’autres produits alimentaires de base de plus de 50 % ou plus. Les autorités tentent de réagir, mais pour l’instant, les chiffres montrent que les mesures prises n’ont pas enrayé la hausse accélérée des prix.
Dans un pays où près d’1/3 des revenus est dépensé pour l’alimentation, ces augmentations sont lourdes de conséquences en termes de pouvoir d’achat dit « disponible ». Ce processus devrait aussi être pris en compte par les analystes financiers internationaux car il peut engendrer aussi de lourdes conséquences sur les marchés financiers chinois, déjà très volatiles.
De plus, la vague inflationniste semble n’être qu’à ses débuts et cela n’est pas non plus une information de bon augure. Surtout que cela se conjugue avec des reculs, ici ou là, de marchés que la Chine avait acquis, mais qui se dérobent maintenant devant elle du fait de la mauvaise qualité pérenne, de la non-fiabilité ou de la dangerosité de certains de ses produits.
Des entreprises quittent aussi le pays et délocalisent leurs sites de production vers d’autres pays asiatiques, notamment vers le Vietnam.
Là aussi, il semble qu’un tournant économique est en voie de s’opérer, ce qui ne peut que semer encore plus de trouble et générer de l’inquiétude sur le devenir de l’expansion de l’économie chinoise. Les prévisions faites auparavant, sans ces paramètres récents et évolutifs, peuvent donc vite devenir obsolètes.
A tout cela, il est nécessaire d’ajouter et de mesurer la formidable bulle spéculative qui s’est formée dans et autour de la Chine.
Les données de l’index composite du SSE (Shanghai Stock Exchange) sont plus qu’angoissantes pour des experts boursiers. L’indice s’établissait autour de 1 000 points au second semestre 2005, à 4 100 points en mai 2007 et à 5 300 points le 14 septembre 2007 !
Déjà, un mini-krach a secoué les Bourses chinoises en février 2007. Serait-ce un signe annonciateur ? En tout état de cause, du point de vue strictement économique, la distorsion entre la réalité de l’économie chinoise et la capitalisation boursière revient à comparer le sommet du mont Everest avec le niveau de la mer. L’écart est devenu un abîme !
Le hiatus est énorme entre les masses monétaires en circulation et l’économie chinoise réelle, et le comportement assez peu rationnel de l’immense majorité des boursicoteurs chinois est devenu aussi un second facteur de risque d’explosion à tout moment et pour toute cause inattendue de cette bulle spéculative.
Alan Greenspan (ancien président de la banque centrale américaine, la FED) a qualifié les marchés boursiers chinois de "surévalués" et ayant atteint des niveaux "insoutenables". C’est un expert averti qui s’exprime ainsi, et il ne se fonde que sur les indices strictement financiers.
De son côté, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) a mis en garde contre un "risque de correction marquée" des marchés chinois, du fait de l’inflation qui frappe le pays, dans ses perspectives économiques.
En mai 2007, les autorités chinoises ont tenté de freiner la frénésie débordante des 100 millions de boursicoteurs nationaux en triplant la taxe sur les transactions boursières en Chine (elle est passée ainsi de de 0,1 % à 0,3 %). Cela n’a nullement empêché la bulle spéculative de grossir encore, et toujours plus vite.
Il faut aussi souligner qu’en Chine, le système bancaire encourage de facto les citoyens ayant quelque épargne propre, à aller vers la Bourse car il rémunère très faiblement les comptes à terme et les livrets d’épargne.
Enfin, à tous ces problèmes, il convient de rajouter que la valeur réelle annoncée officiellement des entreprises privées chinoises est tout sauf crédible et sincère. La corruption généralisée, les malversations au niveau des dirigeants et gestionnaires, les vols et escroqueries, accompagnés naturellement par des bilans très souvent faussés, ne peuvent pas permettre de donner de l’économie chinoise une vision claire et objective, étant donné que tous les paramètres nécessaires à une saine transparence sur la santé exacte de ces sociétés sont absents en Chine.
De tous ces éléments joints, il ne ressort pas un tableau qui soit bien optimiste, mais plutôt une inquiétude qui est fondée sur des réalités indéniables, mesurées dorénavant au niveau le plus haut des autorités financières mondiales.
Le tout sur fond d’émeutes sociales croissantes
Cette analyse économique rapide nécessite un complément social et politique, tant l’économique, le social et le politique sont intrinsèquement liés.
Chaque jour ou presque, la presse chinoise, officielle, mais aussi et surtout indépendante, comme le China Labour Bulletin, mentionne des cas de conflits sociaux, de manifestations et d’affrontements violents dans les diverses parties du pays.
Grèves ouvrières de colère collective, scandales du travail d’enfants esclaves dégénérant en rixes avec la police, accidents miniers suivis d’incidents violents, protestations « dures » de retraités et de chômeurs, révoltes de petits paysans, surtout contre les expulsions forcées hors de leurs terres et la corruption des responsables administratifs et politiques locaux, résistances collectives de citadins aux mêmes mesures d’expulsion de leurs logements, souvent pour des raisons spéculatives de fond, ont fait de la Chine actuelle, sous son apparence d’opulence pour une minorité de la population, un gigantesque baril explosif de poudre sociale.
Quand la Chine se révélera vraiment...
Ce sont tous ces facteurs conjoints qui devraient - au-delà même des cercles financiers qui commencent à voir, à sentir et à comprendre la dure réalité sous les apparences dorées - intéresser l’opinion mondiale car, comme le disait un journaliste chinois à Paris, « quand la vérité apparaîtra, la crise explosera », et cette crise risque fort de combiner le financier, l’économique, le social et le politique, avec de profondes et durables conséquences internationales.
Donc y compris en France.
http://agoravox.fr/article.php3?id_article=29089