C’était il y a neuf ans. Avec 150 000 euros, on pouvait encore s’offrir un deux-pièces au pied de la Butte Montmartre, un pavillon près du Vieux-Port de Marseille ou trois studios à Nice. Dans son numéro d’octobre1998, Capital annonçait la reprise du marché immobilier et suggérait d’acheter. Sans nous vanter, il fallait suivre ce conseil. Ceux qui ne l’ont pas fait alors qu’ils en avaient les moyens ont raté une belle occasion de s’enrichir. Depuis, les prix ont été multipliés par 2,5 à Paris et par 2 en moyenne dans les autres grandes villes. Et il est trop tard pour profiter de l’envolée : sauf dans la capitale et sur la Côte d’Azur, où la demande solvable demeure plus forte que l’offre, on est passé d’une inflation à deux chiffres au surplace ou à une hausse raisonnable (en général, moins de 5%).
Que nous réserve la suite ? Dans le camp des angoissés, il y aura toujours des experts pour nous annoncer un krach, comme celui qui fait des ravages aux Etats-Unis. Peu vraisemblable. Si autant de ménages américains bradent leur logement, c’est parce qu’ils se sont endettés à taux variable et que leurs mensualités ont explosé. Rien de tel en France, où les prêts sont mieux encadrés et pour la plupart à taux fixe. En outre, ce n’est pas la spéculation, caractéristique des «bulles», qui a alimenté la flambée, mais la pénurie de biens à vendre (qui reste à l’ordre du jour) et le coût modéré du crédit (qui ne devrait pas beaucoup remonter). Bref, nous croyons plutôt à un atterrissage en douceur : stabilisation, et correction à la baisse pour les biens les moins recherchés. Avec des nuances, selon les communes et les quartiers, détaillées dans ce numéro dont la partie immobilier est d’une précision inégalée. Son édition nationale (380 pages, 0,76 kilo), qui regroupe ses sept versions régionales, est la plus épaisse de l’histoire de Capital.
Jean-Joël Gurviez, éditeur
Citation:
La hausse des prix de la pierre n’est pas tout à fait stoppée, mais la
fièvre est retombée, ouvrant de nouvelles perspectives aux acheteurs. Notre analyse du marché et la cote détaillée dans votre région.
Les propriétaires vont devoir s’y faire : l’âge d’or de l’immobilier, ces cinq à six années d’inflation à deux chiffres durant lesquelles ils s’enrichissaient en dormant, arrive à son terme. Le ralentissement que nous avions relevé dans notre numéro spécial de l’an passé s’est en effet confirmé ou renforcé depuis, dans presque toute la France. Sur l’ensemble du territoire national, la Fnaim, fédération qui regroupe 7 000 agences immobilières, estime à 5% la revalorisation du mètre carré ancien entre juillet 2006 et juillet 2007, contre 8,8% au cours des douze mois précédents, appartements et maisons confondus. Et cet atterrissage en douceur n’en est sans doute qu’à ses débuts.
Comme le montre notre enquête, qui examine tout le marché dans ses moindres détails, les prix font déjà du surplace dans de nombreuses grandes villes : Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Strasbourg… Et l’on voit même apparaître des baisses dans certains quartiers. On s’y attendait un peu. La flambée qui s’est allumée en 1999 (+ 50 à + 150% selon les communes) a propulsé la cote au-delà de la capacité financière d’une majorité d’acquéreurs. Aussi ces derniers lèvent-ils le pouce : les négociations se durcissent et les vendeurs sont de plus en plus souvent contraints d’abaisser leurs prétentions. L’allongement des délais de vente est un signe qui ne trompe pas. Alors qu’un bien s’enlevait en trois ou quatre mois en moyenne jusqu’à l’été 2006, il en faut aujourd’hui le double. «Beaucoup de mandats se signent entre 5 et 10% au-dessous du prix affiché, ce qui ramène la valeur du mètre carré au niveau d’il y a dix ou douze mois», témoigne Bernard Cadeau, président du réseau d’agences Orpi.
Dans le détail, il y a bien sûr des nuances et des exceptions. (…)
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