Litfiba... le chanteur a hyper mal tourné. Le melon. il vit avec une cantatrice. J'ai lu dernièrement une interview où il critiquait les punks anglais de 77!
Putain, putain, Arno est mort: le rock belge perd son roiCitation:
Le chanteur ostendais est décédé ce samedi, à l’âge de 72 ans, des suites de son cancer du pancréas diagnostiqué en novembre 2019. Le rock belge perd son roi.
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Citation:
Putain, putain, Arno est mort: le rock belge perd son roi
Le chanteur ostendais est décédé ce samedi, à l’âge de 72 ans, des suites de son cancer du pancréas diagnostiqué en novembre 2019. Le rock belge perd son roi.
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Joakeem Carmans - Le Soir
Thierry Coljon
Portrait - Journaliste au service Culture
Par Thierry Coljon
Publié le 23/04/2022 à 17:31 Temps de lecture: 5 min
Il se sera battu jusqu’au bout, remontant sur scène à la VRT, à l’AB et à Ostende, en ce début 2022, pour une dernière salve de concerts qui nous ont rappelé son ami Bashung qui fit de même… avant de s’effacer. Il est retourné en studio, à l’ICP d’Ixelles pour un dernier album, pour rester vivant. Les rockeurs ne meurent jamais, écrivions-nous au moment de célébrer les 70 ans d’Arno Hintjens. Les artistes ont pour eux d’avoir livré les pages sur lesquelles on a tous écrit un peu de notre vie. Arno, c’est cinquante ans passés à défendre fièrement nos couleurs sur les scènes du monde, depuis ce jour de 1970 où, à 21 ans, il se produit avec son complice ostendais Paul Couter au sein de Freckle Face, avant de fonder avec lui le duo Tjens Couter. Un Paul bluesman (décédé à 72 ans, en avril 2021, lui aussi d’un cancer) qui ouvrait, en janvier 2020, ses trois concerts à l’AB. La boucle était bouclée.
Son premier concert, au Vélodrome d’Ostende, c’est en 1968 qu’inconnu, Arno le donne, ivre de liberté, les longs cheveux du hippie au vent. À 16 ans, un de ses professeurs à l’école hôtelière d’Ostende, sachant qu’Arno apprécie les Kinks, lui fait découvrir les bluesmen afro-américains fondateurs. Deux ans plus tard, une copine allemande lui offre un harmonica. Le virus de la musique lui est ainsi inoculé. Il ne le quittera plus. Issu d’une famille de résistants et de syndicalistes, Arno sillonne très tôt l’Europe, se forgeant un style propre qu’on appellera funk blanc, bien avant que d’autres ne s’en inspirent.
Tous des Européens !
« Putain, putain, c’est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens ! » Ce cri du cœur, qui deviendra un hymne dès 1983, sur Choco , le troisième album de TC Matic, le groupe qu’il forme en 1980 avec Jean-Marie Aerts et Serge Feys, sera repris par Stromae près de trente ans plus tard. Tout Arno se trouve déjà planqué dans l’intro : « Je ne suis pas une communiste/ Je ne suis pas une cycliste/ Je ne suis pas une catholique/ Je ne suis pas une footballiste/ Allez allez, circulez avec ton cul de pédé/ J’aime les femmes, j’aime les garçons/ Et comme j’ai déjà dit, j’aime les zizis… »
Libre et provocateur, anar et jamais avare d’un bon mot, gloussant, irrévérencieux comme une toile d’Ensor, avec le blues d’un ciel plombé à la Spilliaert, ses deux peintres (ostendais) préférés.
Charlatan
Arno, très marqué aussi par Bob Dylan, sera donc rockeur, en français et en anglais, passant allègrement de l’un à l’autre, citoyen bruxellois, londonien, parisien, amstellodamois, Européen aux pas ailés bien plantés dans ses santiags américaines. Après l’aventure fondatrice TC Matic, qu’il impose dans toute l’Europe, Arno, en 1986, sort son premier album solo. Le succès, une fois de plus, est au rendez-vous, entre rock métallique et chaude sueur soul ( Forget the Cold Sweat, When the Rock …). Il se fera ensuite, tour à tour, Charlatan (1988) et Idiots savants (1993). Signé en France, il chante À la française (1995), entre reprises d’Adamo ( Les filles du bord de mer , en 1993), de Brel ( Le Bon Dieu ) et de Léo Ferré ( Comme à Ostende ). Avec Les yeux de ma mère , il signe sa plus belle chanson.
Mais rien ne l’empêche de tourner le dos à la chanson française, ce « french bazaar », quand il le décide. Il devient Subrovniks, Charles et les Lulus, Charles & the White Trash European Blues Connection… Autant de formations et de disques tracés sur des chemins de traverse, loin des boulevards conformistes mais près de ses racines. Il en ira de même au cinéma, jouant dans une dizaine de films d’auteur, entre Piccoli et Birkin, jusqu’à cette scène d’anthologie, face à Alain Bashung (son alter ego français), dans J’ai toujours rêvé d’être un gangster , de Samuel Benchetrit, en 2008.
Lonesome Zorro
Arno n’a jamais arrêté, entre albums (jusqu’au treizième, Santeboutique , en 2019) et tournées. En mai 2021 encore, il reprend ses plus hauts faits sur Vivre , un album en piano-voix accompagné de Sofiane Pamart. Jusqu’au bout, il travaille sur un nouvel album, refusant de baisser les bras, de se laisser vaincre par la maladie. Défendant fièrement chez nous et à l’étranger les couleurs noir-jaune-rouge, Arno est un Belge unitariste revendiqué, allergique aux nationalistes et autres flamingants, Arno garde Bruxelles, au cœur de l’Europe, comme pied-à-terre. Sa voix se fait de plus en plus rauque et reconnaissable entre toutes, lui en qui les Français aiment tant voir un « Tom Waits belge », à la fois excentrique, décalé et « breugelien ». Fils rockeur de Brel, Lonesome Zorro , préférant les couleurs entre vert et bleu de la mer du Nord, à Ostende plutôt qu’au Zoute.
Entre rots, pets et bégaiements, Arno est naturel, chantant Mon sissoyen pour seul zizi. On appelle cela de la truculence ! Mais Arno était aussi un citoyen engagé, entre Amnesty International, 0110 et Belgavox… Homme de gauche, allergique à l’extrême droite, écrivant They Are Coming pour signifier sa peur d’un avenir entre les mains sales des populistes et autres fachos.
Brut et cash
Arno était aussi un homme généreux, toujours prêt à offrir sa voix ou son temps à des artistes qu’il a influencés et qui l’admiraient. De Tom Barman à Alice on the Roof en passant par Stef Kamil Carlens ou Julien Doré et Stromae, il a souvent été sollicité pour participer à des albums hommages. Car une reprise par Arno a toujours été un grand moment musical, l’homme réussissant à se réapproprier une chanson, de sa voix et de son style sans équivalents. Arno, c’est brut et cash sous un gant de tendresse et de velours.
Vive ma liberté , a-t-il chanté. Sa liberté, c’est par la musique qu’il l’a acquise. Lui qui s’en est servi pour soigner autisme et bégaiement, lui qui a perdu sa maman Lulu à 24 ans et regrette de ne pas avoir suffisamment parlé à son père Maurice décédé en 2014. Arno est papa lui-même de Mathias et de Félix, qui signera les illustrations de l’album Human Incognito (2015), d’après les photos de Danny Willems, le vieux compagnon d’Arno, le seul avec lequel l’artiste se sentait en confiance quand il s’agissait de le « shooter ».
Avec son verbe libre comme son rock marqué au fer rougi, Arno nous a tous marqués. Le roi Arno a été et reste un modèle. Sa musique, longtemps encore, soufflera comme le vent gris de la mer du Nord. Ostende bonsoir !
Cinq albums
Par Thierry Coljon
Arno (1986)
Arno signe un nouveau contrat avec Virgin pour une carrière solo qui s’ouvre avec cet album éponyme où l’on retrouve Forget the Cold Sweat (et la voix de Reggie) et When the Rock que les fans adorent encore entendre aujourd’hui sur scène. Les TC Matic Jean-Marie Aerts et Serge Feys sont fidèles au poste.
Charlatan (1988)
Beaucoup de titres de ce deuxième album solo deviendront iconiques : Jive to the Beat, Bathroom Singer, Tango de la peau et surtout Le Bon Dieu de Jacques Brel. Holger Czykai est à la production, Jean-Marie Aerts à la guitare et Jean-Pierre Onraedt (déjà présent sur le premier album) à la batterie.
Idiots savants (1993)
Vive ma liberté est le hit de ce quatrième album qui est toujours majoritairement chanté en anglais mais cela ne va plus durer très longtemps. Arno écrit et compose avec Jean-Marie Aerts et Ad Cominotto. En fin de disque se trouve une chanson qui deviendra un tube et fera d’Adamo un ami proche : Les filles du bord de mer .
À la française (1995)
Arno est signé en France où régulièrement on lui demande de favoriser la langue de Voltaire (question de quotas radios). Il comblera toutes les attentes avec Les yeux de ma mère (sa plus belle chanson), Le Bon Dieu de Brel (qui se trouvait déjà sur Charlatan ) et Comme à Ostende de Ferré/Caussimon.
French bazaar (2004)
Ce neuvième album solo s’ouvre par le tube Chic et pas cher . Jacques Brel est de retour avec Voir un ami pleurer , et Stef Kamil Carlens en deuxième voix. Comme voulu, ce disque est le mieux classé dans les charts français de tous les albums d’Arno.
Références
Arno 70 ans : Le Soir du 21/05/19
Les racines d’Arno : 7/09/19
Arno à l’AB : 25/01/20
Arno et son cancer : 8/09/20
Cinq chemins de traverse
Par Thierry Coljon
Freckleface et Tjens Couter
C’est en 1972 qu’Arno Hintjens publie son premier album, au sein du groupe Freckleface qu’il forme avec le guitariste zeebrugeois Paul Couter (Decoutere de son vrai nom). Ils changeront de nom et deviendront Tjens Couter pour deux albums parus en 1975 ( Who Cares ) et 1978 ( Plat du Jour ). En 1977, Ferre Baelen à la basse et Rudy Cloet à la batterie rejoignent le groupe qui devient Tjens Couter & the TC Band.
TC Matic
Paul Couter et Arno se séparent. Couter est remplacé par Jean-Marie Aerts à la guitare et le groupe devient en 1980 TC Matic, avec Serge Feys aux claviers. Quatre albums paraîtront entre 1981 et 1985 dont l’emblématique Choco en 1983, avec le fameux Putain, putain .
Charles et les Lulus
En 1991, Arno reprend son deuxième prénom pour s’acoquiner avec le guitariste de blues, Roland Van Campenhout, l’accordéoniste Adriano Cominotto et le batteur Piet Jorens, et écrire quatre titres et reprendre les bluesmen de son enfance.
Arno & the Subrovnicks
En 1994, Arno fonde un nouveau groupe très éphémère, avec Ad Cominotto, François Garny, Geoffrey Burton et Rudy Cloet. Arno n’y chante qu’en anglais à l’exception de À eux je montre mon derrière .
Charles and the White Trash European Blues Connection
En 1998, Arno décide de revivre l’expérience du blues déjanté de Charles et les Lulus mais sans Roland. À la guitare se retrouve Geoffrey Burton (qu’on verra plus tard aux côtés de Cali), à la basse Alan Gevaert et à la batterie Herman Cambré. Un seul album, Water , paraîtra cette année-là.
Les bons mots d’Arno, roi de la punchline surréalisteCitation:
Aussi loin que l’on remonte, Arno a toujours fait de l’humour son arme favorite après la musique. On ne se refait pas quand à la fin des années 70, on écrit une chanson qui a pour titre “Je vous aime comme un chou à la crème” (Tjens Couter)... Ou encore cetta firmation qui ne manque de surréalisme à la belge: “La Belgique n’existe pas. Je le sais, j’y habite !” Petit pot-pourri de ses bons et autres punchlines...