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Bonnets rouges, «Blanche Hermine» et idées noires
14 novembre 2013 à 18:06
Pierre MARCELLE
Bonnets rouges des anti-écotaxe, bonnets verts des contempteurs de la hausse du prix des transports en commun, bonnets bleus de policiers en mal d’augmentation de salaires, bonnets blancs fustigeant la réforme des rythmes scolaires, bonnets orange pour conserver à 7% la TVA des centres équestres, bonnets jaunes mutualistes, bonnets de «pigeons», de «poussins», de «tondus» - et combien de bonnets d’âne éditoriaux ? Ce feu d’artifices éclatant de couleurs se traduisit mardi avec gourmandise dans une virulente manchette du Figaro, selon laquelle «La fronde contre le pouvoir se généralise», et qui donna le la. (C’est pour quand, chez Dassault, l’appel à la grève générale insurrectionnelle ?)
«La» fronde, ou les frondes, dont la confusion des nuances, éparpillées dans la surmédiatisation du Front national et de ses épigones, déborda bientôt des marches de l’Ouest pour générer d’assez peu ragoûtantes nuances de caca d’oie, voire de vert-de-gris du plus beau brun, sous son faux nez en bonnet d’Armor Lux (made in Scotland) déjà délocalisé. Pour y voir plus clair, remettre dans cette hétérogénéité idéologique et sociale le noir et blanc fondamental du gwen-ha-du, oriflamme d’une bretonnitude «insulaire» (sic) et enclavée («Et nous, alors ?» titra en échola Voix du Nord) fédérant tout et rien : Vieilles Charrues de l’intérieur et Vieux Gréements du littoral, patrons petits et moyens et leurs victimes salariées, algues vertes et lisier de cochon, syndicats ouvriers et corporatisme paysan, dumping social et subventions européennes, édiles «divers gauche» et indépendantistes fascisant, mais, aux JT des portails et radars incendiés, absolument tous «bretons» d’abord.
Pour y voir plus clair, ressortir les souvenirs identitaires de notre vieille jeunesse, parmi lesquels, datée de 1972, la fameuse Blanche Hermine, de Gilles Servat. Constater que l’ode au terroir («Où allez-vous camarades [sic] avec vos fusils chargés / Nous tendrons des embuscades, viens rejoindre notre armée / Ma mie dit que c’est folie d’aller faire la guerre aux Francs [sic] / Mais je dis que c’est folie d’être enchaîné plus longtemps») s’y déclinait avec assez d’ambiguïté pour que son interprète y ajoute, en 1998, un préambule en ces termes : «Qu’est-ce que j’apprends ? Il paraît que dans les arrière-cuisines du parti des aveugles que domine un führer borgne on beugle la Blanche Hermine ? Qu’est-ce qui vous prend, les fafs ? Je ne vois pas comment on peut chanter ça sous votre flamme tricolore…» Hélas ! Bien sûr que si, on pouvait. Et bien sûr que si, on re-peut…
Les couleurs des bonnets plus ou moins ridicules font autant de pendants corporatistes aux couleurs des drapeaux, qu’ils soient nationaux ou régionaux, quand les uns et les autres proclament non seulement la résurrection, mais la multiplication des frontières belliqueuses, qui constituent le terreau naturel de tous les racismes.
Alors, «de droite» ou «de gauche», la ou les «frondes» ? Les deux, mon général de Gaulle, ou plutôt, ni l’une ni l’autre, quand de l’une et de l’autre ne subsistent plus que d’ambigus oripeaux, dans la confusion orwellienne de toutes les valeurs et l’unanime négation de la lutte des classes. Ainsi, quand 200 activistes nationalistes s’agitent sur les Champs-Elysées du 11 Novembre, il faudrait contre eux épouser les valeurs «sacrées» de l’Etat-nation, plutôt que rester ce matin-là dans son lit douillet ? Et lorsqu’un torche-cul fascistoïde au tirage de feuille de presbytère affiche à son tour le portrait de la garde des Sceaux en guenon, le Premier ministre à retardement en fait la découverte en même temps que le prétexte d’une grande offuscation que jamais ne déclencha aucune une de magazines mieux installés vomissant son «islamophobie» - cette expression euphémistique à la mode de la haine et du racisme anti-arabe.
Pour combattre la barbarie, on préférera décidément les méthodes des antifas, fussent-ils extrémistes, que la saisine, vraisemblablement vaine et contre-productive, du parquet par Matignon. Fût-elle sincère, il est à craindre que l’initiative «républicaine» de Jean-Marc Ayrault n’ait surtout d’objectif que de fabriquer du roman national vertueux, et l’union nationale qui va avec. Mercredi, en entendant Jean-François «pain au chocolat» Copé condamner Minute et Florian Philippot, du FN (d’où partit l’assimilation de Taubira à une guenon), qualifier le titre de «torchon», on n’attendait plus que le vieux Le Pen en bonnet rouge entonner un vigoureux «Plus jamais ça !»
De n’avoir pas réalisé la réforme fiscale promise, de s’être résolu à la nature fondamentalement antisociale de l’Union européenne, l’exécutif socialiste n’est plus protégé que par la constitution antidémocratique - que, faute d’avoir réformée, il se voit contraint, sinon content, de perpétuer - d’une Ve République moribonde.
Tain, quand je lis ça................disons que ma réponse est denverienne
Ah et puis merde, je me lâche, ce type est un sac à foutre!