Inscription: Mar 17 Aoû, 2004 23:43 Messages: 16871 Localisation: Ici c'est gris ! Has thanked: 0 time Been thanked: 0 time
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http://www.letelegramme.fr/finistere/brest/franck-ribery-naissance-d-un-geant-a-brest-12-08-2014-10295366.phpl y a dix ans déjà, un jeune gamin de 20 ans sans le sou et sans club débarquait à Brest. Mais la saison 2003-2004 fut finalement celle de Franck Ribéry, grand artisan de la montée du Stade Brestois en Ligue 2 après une poule retour phénoménale. Il n'était pas encore Kaiser Franck, pas encore ce personnage contrasté tantôt adulé tantôt conspué, pas encore mutin pas encore tout à fait un lutin. Il n'avait pas pour partenaire Robben ou Müller, mais plein de nouveaux joueurs débarqués à Brest par paquets de cinq. En descendant du train, il n'était pas encore « Francky ». Juste un gars qui se nomme Ribéry et qui a 20 ans.
Le quai de la gare, quelque part dans l'été de la canicule. Ou peut-être juste un peu avant. Un homme descend du wagon de deuxième classe qui l'amène de Boulogne à Brest. Jacky Le Gall l'attend. Il a pour mission de le conduire dans les vieux préfabriqués du stade Francis-Le Blé pour signer un contrat de footballeur professionnel, en National. « C'était au moment de l'arrivée de Philippe Goursat comme manager général, se rappelle Jacky Le Gall, il y avait eu beaucoup d'arrivées durant le mercato. Franck Ribéry est arrivé sur la fin ». Olivier Bogaczyk, son éphémère coéquipier brestois, se souvient aussi de cet été particulier et finalement, du peu d'attention qu'il porte à la énième recrue lors de son arrivée. « Il ne restait plus que trois ou quatre joueurs de la saison précédente, dont moi. Franchement, je me sentais un peu l'étranger dans la nouvelle équipe », se rappelle l'un des chouchous de Le Blé.
Débuts hasardeux
Dans le bureau du président Jestin, l'accueil réservé à Franck Ribéry n'est pas mirobolant. « Michel n'était ni pour ni contre. Mais il avait tapé dans l'oeil de Philippe Goursat qui le voulait », rapporte Jacky Le Gall. Franck Ribéry signe sans trop y croire un contrat pro d'un an au salaire minimal. Il revient de loin. Durant l'été, son essai à Guingamp a été infructueux et à Caen, l'histoire a balbutié. « Le Graët ne lui a proposé qu'un contrat amateur, il l'a refusé. Quand il est arrivé à Brest, il s'était fait une raison et il travaillait sur les chantiers avec son père, dans sa région natale ». D'autant que le cas Ribéry n'est pas simple. Le jeune homme est précédé d'une réputation un peu bancale, avec cet essai avorté au centre de formation de Lille et son départ à la va-vite d'Alès, en dépôt de bilan. « Tout le monde aurait fait pareil », le défend Jacky Le Gall, « le club lui faisait des chèques en bois depuis le printemps. Quand Franck est arrivé, il n'avait pas un sou ». Au point que la maison trouvée à Kermaria pour vivre devait ne pas être trop chère, niveau loyer. Onze ans après, il est presque nécessaire de se pincer pour imaginer cet instant de vie de celui qui a effleuré le Ballon d'or en décembre dernier, recruté un peu « en complément d'effectif ».
Un vrai travailleur
Reste que sur le terrain, le complément devient peu à peu indispensable. Pas tout de suite. Ébranlé physiquement et moralement, Ribéry est loin d'être le « P'tit Franck » national qu'il deviendra trois ans plus tard sur les pelouses allemandes du Mondial. « J'ai quand même deux souvenirs marquants du début », corrige rapidement Olivier Bogaczyk : « Le premier est un exercice que l'on nous avait demandé à l'entraînement, à nous, les attaquants. On bossait les reprises de volée et il mettait tout dedans, du gauche comme du droit. Je me suis dit qu'il n'était pas dégueu, niveau technique. Ensuite, c'est au début du championnat, la deuxième journée je crois. On joue Cannes et il sort un match énorme ». De la plage de Mèze, près de Sète, où il vit maintenant « Boga » coupe la discussion. « Moi, je suis content pour lui parce que c'est un mec bien. Les critiques contre lui m'ont agacé parce qu'elles ne sont pas justes. On a tout de suite su qu'il avait le niveau Ligue 1, surtout après sa deuxième partie de saison. Mais personne n'aurait pu prédire le Bayern et tout ça. Il a bossé pour ça ». Jacky Le Gall, à Brest, confirme. L'image laissée à Brest par le jeune Ribéry, le temps d'une saison est bonne. « D'accord, il a du mal à s'exprimer, mais il vient de la banlieue. S'il a été viré de Lille, c'est parce qu'il ne suivait pas les cours pas parce qu'il ne savait pas jouer. L'école le faisait chier mais pour autant, Franck est un garçon intelligent. Ce n'est pas parce que l'on n'écrit pas bien qu'on ne peut pas avoir de faculté de raisonnement ».
« Un bon gars quoi qu'on en dise »
Longtemps, cet « affectif » a donné des nouvelles à Jacky Le Gall, « mais depuis l'affaire Zahia, son entourage a tout verrouillé ». Lors des 50 ans de l'Union nationale des footballeurs professionnels, pour qui travaille maintenant Olivier Bogaczyk, l'équipe de France était invitée. « J'ai croisé Franck. Il m'a pris dans ses bras, il m'a causé pendant dix minutes, il n'avait rien oublié. C'est un bon gars, quoi qu'on en dise ». EN COMPLÉMENT Cette trêve où tout bascule... Ajaccio, 24 janvier 2004. En 16e de finale de la coupe de France, Franck Ribéry va fleurir. Dans une ambiance hostile, il offre deux buts, en marque un et envoie Brest pour un match d'anthologie à la Beaujoire. Torpillé 4-0 par Nantes, le Stade brestois, alors en National, ne démérite pas. Sur le pré, Mario Yépès, considéré comme l'un des meilleurs défenseurs au monde, est tourné en bourrique par un « Francky » survolté. C'est ce jour-là que Jean Fernandez, entraîneur de Metz, repère le prodige. L'histoire est connue. Pourtant.
Craquage et rédemption
Quelques jours avant, au sortir de la trêve qu'il a passée chez lui, Franck Ribéry revient à Brest le moral en berne. « Il allait très mal. Lui qui appelait souvent n'avait pas donné signe de vie. Il avait été affecté par le décès d'une proche », confie Jacky Le Gall. Un jour d'entraînement suivant, il se fait chambrer par l'un de ses partenaires et quitte Pen-Hélen. Il range son casier et dit « vouloir s'arrêter là ». « Rien ne semblait opérant sur lui. Je lui ai demandé de rester une journée », rapporte le même Jacky Le Gall qui s'est lié d'affection pour le « garnement ». Le lendemain, il consent à faire un tee-shirt à l'effigie de la disparue. Arrive le match d'Ajaccio. C'est ce tee-shirt qu'il exhibe en courant vers le banc de touche ce soir du 24 janvier. Ce tee-shirt qu'il ne lâchera plus tout au long de la deuxième partie de championnat.
« Il apportait sa fraîcheur »
« N'en déplaise aux autres, c'est devenu le joueur majeur. Le timide s'est effacé et il a mis une ambiance dans un groupe tendu. Il apportait sa fraîcheur et savait se faire respecter », note Olivier Bogaczyk. « 23 passes décisives. 23 ! », s'enthousiasme, dix ans après, Jacky Le Gall. « Je ne dis pas que nous ne serions pas montés sans lui, mais je dis que probablement non ». Silence. « Les seuls écarts que Franck Ribéry a eus à Brest, ce sont ses blagues. Pour le reste, c'est un homme très respectueux et pas du tout le gamin ingérable que l'on nous promettait ». Fermez le ban. Dix ans plus tard, « Francky » est toujours dans le coeur du Stade brestois, peut-être avec le même tee-shirt.
_________________ Samedi 22/01/2011 , Jeudi 05/03/2015 , Samedi 02/12/2017 ... La coupe est pleine !
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