Pour ceux qui ne l'avaient pas lue :
Brest-Clermont ! Un match qu'il n'était pas question d'évoquer sans avoir une pensée pour un des joueurs emblématiques de Brest qui a porté le maillot de ces deux clubs, dont surtout celui du SB29. En exclusivité pour la page, l'interview d'un ancien joueur qui n'a laissé que des bons souvenirs et qui a fait honneur au maillot Brestois. Yvan Bourgis, un joueur avec une simplicité exemplaire et un abattage du feu de dieu !
Yvan, bonjour, merci de nous faire l'amitié de bien vouloir consacrer un peu de ton temps pour la page "Ici c'est Brest By Stade Brestois 29".
Le nom d'Yvan Bourgis est bien connu du public Brestois et, mis à part pour ceux qui ont découvert Brest en L1, aucun supporter n'a oublié que sur ton aile droite, tu incarnais les valeurs de combativité du Stade Brestois. Et pourtant tu n'es aucunement natif de Brest, ni même du Finistère, mais de la Haute-Loire (Beauzac) ! Qu'est-ce qui a fait que tu as décidé un jour de mai 2003 de poser tes crampons à la pointe du Finistère ? Surtout que tu quittais Clermont, qui évoluait en L2... "On va dire que c'est la vie du football ! Je ne me voyais pas trop destiné au foot, ce qui m'y a amené c'est d'avoir joué 4 saisons à l'AS Montferrandaise en CFA2 puis ensuite à Clermont-Ferrand (National puis L2). Et là je me suis retrouvé entre deux eaux avec tout ce lot d'incertitudes et je me suis donné deux ans pour atteindre le haut niveau. J'ai donc fait deux essais, un premier avec Romorantin, puis ensuite avec Brest, où ça c'est bien passé et c'est vraiment là que j'ai fait le grand saut. Je n'avais pas la grosse confiance de Clermont, donc Brest a été pour moi le club qui m'a révélé en tant que pro. C'était un club correct et puis je m'étais dit que si ça ne marchait pas, je ferai autre chose, mais intrinsèquement je sentais qu'à Brest, ça allait le faire ! Des valeurs simples, axées sur le travail, pas de bling-bling..."
Et faut croire que la région t'a plu, puisque tu y as affiché une sacrée longévité.. 8 ans ! Bel exemple de la fidélité portée à ce club. Car toi habitué au relief du Velay, et te retrouver face à la rade de Brest, ça fait un drôle de contraste, non ? "C'est sûr, mais je retourne souvent dans mon coin pour les vacances scolaires. C'est vrai que c'était une nouveauté pour moi ce paysage marin, mais beaucoup d'amis ou de gens de ma famille, qui ne connaissaient pas la Bretagne, en profitaient pour venir me voir régulièrement."
Le Stade Brestois, un club fait pour Yvan Bourgis, alors... "Oui, Un club qui me correspondait, avec l'opportunité de pouvoir durer, car de nature casanière, je ne tenais pas à bouger énormément."
Tu as connu une montée en L2, dès ta première saison à Brest, puis 6 ans plus tard une montée en L1. Tu as du avoir gardé pas mal de souvenirs de ces deux événements. Lequel des deux fut le plus fort pour toi ? "Incontestablement, la montée en L2 ! Déjà parce que je débarquais, que ça se passait bien pour moi, et puis il y avait tout cet engouement qu'avait provoqué "la Ligue 2 en 2002", de nombreux changements avec Goursat, une bonne pression, le tout marqué par la communion avec le public. C'est là que tu voyais que Brest est une ville de foot, et c'est une sensation très forte. La montée en L1, ce fut aussi très beau, mais pour moi ce fut un degré en dessous, sans doute parce qu'à titre personnel, je l'ai moins bien vécu"
Y a t-il eu d'autres moments particuliers, ainsi que des joueurs, qui t'ont davantage marqué durant ces huit saisons passées ? "J'ai beaucoup de bons souvenirs de joueurs à Brest. Parmi tous, je retiendrai la première année en L2 où on a tutoyé jusqu'au bout la montée en L1. On avait commencé fort en gagnant notre premier match face à Nancy, le favori (3-2), puis ensuite en tapant Guingamp chez eux (deux buts de Boulanger) qui venait de descendre de L1.. Mon intégration à Brest aussi, avec les anciens Clermontois : Gautier, Massot, Boulanger.. j'étais le "ptit dernier" du groupe et il y avait beaucoup d'affinités entre nous. Sinon, comme joueur, s'il fallait en sortir un du lot, je dirai Franck Ribéry !"
Yvan, il y a pourtant un événement que le supporter Brestois n'oublie pas... "(rire) Ah oui, en coupe de France, le but que je marque contre Guingamp (8e tour, le 12 décembre 2005). Mon seul but officiel avec Brest mais ce n'était pas en championnat !" Ce fut pourtant le but de la qualification face à Guingamp ! "Oui, ça restera mon "fait d'armes" "
A contrario, tu as certainement connu également des moments plus difficiles, car les saisons en L2 n'ont pas toujours été de tout repos, loin s'en faut. Un épisode plus particulier dont tu as souvenance ? "Pas de moments marquants : c'est vrai qu'il y a eu beaucoup de stress, mais ça c'est toujours bien fini. Le seul point délicat ce fut lors de ma reconduction de contrat avec Brest, il y a eu de l'incompréhension entre mon agent et le club qui pensait que je voulais partir. Heureusement au final ça c'est bien terminé. De toute façon, il y a des hauts et des bas dans une carrière et avec les bas, faut aussi avancer même si c'est parfois douloureux."
Et justement, on va évoquer mai 2011. Tu arrives en fin de contrat alors que Brest s'est maintenu en L1...à laquelle malheureusement tu n'as pu goûter, au grand dam des supporters qui estimaient que cela eut été une récompense pour toi, ne serait-ce que sur la dernière journée où Brest n'avait plus de latéral droit de métier.. "Oui, c'est vrai que j'avais pris un risque de rester, Brest étant monté en L1. J'aurais pu faire deux ou trois piges, je pense, mais ça reste un épisode sans plus.."
Et par la suite ? "On m'avait demandé quel était mon souhait. Pour moi, c'était de passer à la formation, j'avais d'ailleurs fait des études en ce sens quand j'étais à Clermont-Ferrand, et de plus je souhaitais également rester à Brest. Donc, on m'a proposé de m'occuper des U13, puis l'année suivante des U14, en tant que bénévole du club. Durant ces deux années, j'ai ainsi pu passer mon diplôme d'entraineur. Et depuis cette saison, j'ai un vrai contrat avec le Stade Brestois où je m'occupe des U14. Je suis dans mon environnement familial. Je suis vraiment content d'être ici !"
La formation, tu en parles comme un passionné. On sait que ta dernière saison à Brest, où tu jouais en CFA2, tu prodiguais beaucoup de conseils pour les jeunes. C'est vraiment une vocation.. "Oui, on sait tous dans ce métier que le plus dur est de trouver de bonnes structures, après la suite, ça se fait naturellement. J'ai fait des études, j'ai tenté ma chance, j'ai beaucoup profité du contact des autres, et depuis 3 ans je reproduis tout ce que j'ai appris."
On vante aujourd'hui les qualités des jeunes Brestois, entre ceux qui ont intégré ou intégreront le niveau professionnel, ceux qui goûtent déjà régulièrement aux sélections nationales.. A ton avis, Brest peut-il vraiment s'appuyer demain sur un fort potentiel de jeunes issus de sa formation, surtout que l'on sait que Brest n'est pas financièrement un "club riche" ? "Ce sont deux mondes avec des structures totalement différentes. c'est vrai qu'à Brest, il y a un gros potentiel, mais le monde pro est un parcours semé d'embûches.."
Tes joueurs viennent te parler ? "Je suis aujourd'hui éducateur, mais c'est vrai que j'ai une bonne écoute. Le fait d'avoir été joueur professionnel, je suis perçu avec un autre regard. Les messages passent plus rapidement, c'est un fait.."
Yvan, on devine que tu n'as pas l'intention de décrocher de Brest et de sa région que tu as définitivement adopté (la réciprocité étant vraie). "Non, bien sûr, mon souhait premier est de demeurer à Brest, même si la vie réserve toujours son lôt d'incertitudes."
Une remarque : tout le monde a Brest a connu Yvan Bourgis, comme un joueur tonique et pugnace, ne lâchant pas son adversaire, contre-attaquant également quand l'opportunité lui était donnée, mais en tant que latéral droit ! Alors que j'ai appris qu'à tes débuts à Montferrand en CFA2, voire même après à Clermont-Ferrand, tu évoluais en latéral gauche ! C'est le fait de gagner la Bretagne qui a induit ce changement de position ? "(sourire) C'est vrai que je jouais latéral gauche, mais à Clermont, je jouais déjà à droite. Je pense avoir joué à gauche par défaut, il devait manquer un latéral dans ce couloir à l'époque, mais à la fin, pour moi droitier, c'était plutôt un handicap. J'ai du d'ailleurs dépanner avec Brest sur le flan gauche. Ceci dit, au début, j'étais positionné milieu excentré, ce qui fait que dans le système en 3-5-2 d'Albert Rust, je pouvais jouer dans un rôle de milieu piston."
Tu es bien sûr, comme tout supporter, heureux de constater le renouveau spectaculaire du Stade. ça doit avoir un sacré effet bénéfique au sein du club, non ? L'ambiance a vraiment changé ? "Oui, c'est indéniable, les bons résultats ça tire forcément l'ensemble du club vers le haut, l'ambiance n'en est que meilleure et ça met fin à pas mal d'interrogations.."
Ce vendredi, le Stade Brestois reçoit Clermont Foot, club où tu as joué et qui a vu migrer à Brest plusieurs de ses pensionnaires : Mathias Verschave, Vincent Boulanger, Johan Gallon (joueurs avec qui tu as du jouer), puis Romain Poyet et enfin Bruno Grougi et Benoît Lesoimier, sans oublier Granddi Ngoyi. Avec certains de ces joueurs, devenus Brestois, vous évoquiez des souvenirs du club du Puy-de-Dôme ? "Plutôt avec la deuxième "génération", celle des Grougi. ça permettait de savoir ce que devenaient certains joueurs, savoir si certains étaient toujours au club.."
Comment tu le vois ce match face au club qui t'as vu débuter en L2 ? "Même si bien sûr je suis moins les résultats de la L2, je sais que Clermont est un club qui reste solide. D'ailleurs, Bruno Grougi a dit qu'il ne fallait pas se relâcher."
D'accord pour dire que ce sera peut-être le match le plus difficile des cinq restants ? "C'est possible, oui. C'est un match qu'il faudra jouer sans pression, il ne faut surtout pas se faire peur ! Et on peut faire confiance aux joueurs en fin de contrat qui voudront se "faire voir" d'ici la fin de saison."
Yvan, si tu devais te qualifier en un mot, tu dirais quoi ? "Je ne sais pas, on va dire : simple, naturel ! Un parent d'un joueur m'a dit un jour que la difficulté est de faire les choses simplement ! Je pense que je me retrouve dans cette affirmation."
Un mot à l'attention des supporters ? "J'ai toujours fait preuve de respect envers les supporters et en retour j'ai toujours eu leur soutien permanent, en témoigne la banderole que les Ultras avaient présenté en mon honneur quand j'ai arrêté. Je les remercie beaucoup de cette marque de respect. C'est vrai qu'à Brest, c'est plus facile à vivre en étant encouragé. Brest est une vraie ville de foot et le club a besoin d'eux. Et dans le futur aussi car c'est un maillon fort de la vie du club, ils font partie de son identité, ils sont toujours derrière. j'ai vu la différence en venant de Clermont."
Alors on ne va pas s'empêcher de te demander comment tu as vécu l'ambiance de FLB en tant qu'adversaire de Brest ? "Oui, en venant avec Clermont, j'ai pu constater cette ambiance, c'est ce qui m'a marqué la première fois où je suis venu ici. Je me rappelle de Benoît qui courait partout dans les travées et renvoyait le ballon sur le terrain.. A Brest, ça ne "dormait" pas, ça vivait en permanence dans les tribunes.. et de ce fait, les joueurs avaient la gnac, ils étaient accrocheurs et un beau tâcle était applaudi.."
Et des beaux tacles, Yvan Bourgis en a réalisé un certain nombre..
Une dernière question, elle émane de Pakito, ancien leader du mouvement Ultras : Pourquoi tu venais en 205 à Pen-Helen ? Par timidité ou juste pour te faire apprécier par certains galériens chez les supporters ? ^^ "En ce qui concerne la 205, c'était ma première voiture. Ce sont mes parents qui me l'avaient achetée quand j'ai eu le permis. C'était un peu une marque de respect envers eux et parce que je n'avais pas l'utilité d'un autre véhicule. Elle était vaillante et j'ai logiquement renouveler le contrat d'années en années... et puis elle me correspondait bien et me rappelait d'où je venais."
Merci Yvan d'avoir bien voulu nous consacrer un peu de ton temps. Nous sommes ravis pour notre part d'avoir pu échanger avec un des joueurs qui a toujours su mettre en avant les vraies valeurs de Brest. Yvan, au nom de toute l'équipe de la page "Ici c'est Brest By Stade Brestois 29", je tiens à te remercier chaleureusement pour l'interview que tu as accepté de nous donner. Nous te souhaitons une très bonne réussite dans ton nouveau métier d'éducateur, et pour notre part nous allons encourager Brest pour vaincre le club que tu fréquentais avant de venir à Brest pour un bail que nous te souhaitons.. infini. (Lanig)
PS : Un grand merci à Marie Bourgis pour sa très sympathique contribution
_________________ Fier d'être brestois.
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