[quote="lonol"]https://www.letelegramme.fr/sports/football/stade-brestois/eric-roy-avec-brest-je-vis-ma-meilleure-periode-6513345.php
Article du télégramme réservé aux abonnés hélas. On a vraiment un coach inspirant et de grande Éric Roy : « Avec Brest, je vis ma meilleure période »
Article réservé aux abonnés logot Par Thierry Dilasser Le 26 janvier 2024 à 16h12 Invaincu depuis près de trois mois, le Stade Brestois, 3e de Ligue 1, affronte le leader parisien, ce dimanche. Un match de gala à la saveur forcément particulière pour son entraîneur, Éric Roy.
Loué aujourd’hui pour la qualité de son travail avec Brest, Éric Roy « n’oublie pas que quelqu’un m’a tendu la main ici, à un moment où je pensais que le train était passé… ». Loué aujourd’hui pour la qualité de son travail avec Brest, Éric Roy « n’oublie pas que quelqu’un m’a tendu la main ici, à un moment où je pensais que le train était passé… ». (Le Télégramme/Nicolas Créach) Ligue 1 (19e journée). Paris Saint-Germain - Stade Brestois 29, ce dimanche (20 h 45) Le Stade Brestois semble aujourd’hui plus fort qu’il ne l’a jamais été. Comment diriez-vous que vous en êtes arrivés là ?
C’est un long processus. Petit à petit, avec le staff, on a construit des choses, des garçons se sont révélés, d’autres ont progressé. La confiance aidant, on a pu créer cette dynamique. Ce qui est certain, c’est que cela passe par des résultats. Pour nous, l’élément fondateur a été notre opération maintien la saison dernière avec un groupe qui a peu évolué depuis. Mais la difficulté n’est pas tant d’enclencher une dynamique que de la faire perdurer…
Le fait est que nous sommes fin janvier et que c’est en qualité de 3e que Brest va se rendre chez le leader parisien. Inimaginable au début de saison…
Totalement. Personne, moi le premier, ne l’aurait cru en août. Il y a de la fierté de montrer qu’on peut être plus qu’une équipe qui se bat pour le maintien. On reste toujours un peu là-dedans tant que ça ne sera pas totalement fait mais on est fier de mettre ce club en haut de l’affiche. Et c’est plus sympa à vivre que quand on se battait pour sauver notre peau. Après, ça ne doit pas nous griser : à nous d’avoir de l’ambition tout en gardant les pieds sur terre.
« Être premier à la 6e journée était déjà quelque chose, mais là, on est fin janvier. Il ne faut pas oublier d’où on vient, et c’est pour ça qu’il faut profiter… » Quelle est la recette pour que cela dure ? Quels sont les pièges à éviter ?
Il faut rester vigilant parce que tout cela reste fragile. Je rabâche à mes joueurs, quitte à passer pour un sénile, qu’il faut garder, dans l’approche de notre métier, cette exigence, cette humilité, cette volonté de travailler. Le piège est de se prendre pour ce qu’on n’est pas. On a un effectif assez mature, qui a souffert par le passé et qui apprécie d’autant plus ce qui lui arrive. Notre rôle, avec le staff, est d’être le garde-fou de tout ça. Le métier d’entraîneur est un métier de rappel.
Le Stade Brestois est-il, aujourd’hui, un club ancré en Ligue 1 selon vous ?
Notre objectif est qu’il le devienne. Le projet club, qui dépasse mes compétences, vise à l’y installer durablement. Ce sont les moyens, le budget, qui font dire que Brest peut être plus en difficulté que d’autres. Mais personne n’est à l’abri de rien, on le voit avec des clubs comme Bordeaux ou Saint-Étienne, mais ici, les choses sont faites de façon prudente, pour parer à ce genre d’éventualités : c’est pour ça qu’on n’est pas parti sur un projet de stade à 30 000 places…
À lire sur le sujet Éric Roy, une cote au plus haut un an après son arrivée au Stade Brestois Vous avez expliqué que ce qui avait frappé ici, c’est la « normalité » que vous y avez trouvée…
Chacun est à sa place et laisse l’autre travailler : c’est ce que j’ai tout de suite ressenti en arrivant. L’entraîneur est là pour entraîner, le directeur sportif gère la politique sportive, le président est dans son rôle mais ne s’immisce pas au quotidien. C’est fluide. Tout est à peu près normal, ici, et c’est devenu rare. Ça me plaît, beaucoup. Et c’est surtout l’idée que je me fais d’un club de foot.
On peut aussi y voir un pied de nez au « foot business »…
J’aime assez l’idée. On parle beaucoup des financiers, des fonds d’investissement, des milliardaires ou des États, même, qui achètent des clubs. Et le fait de voir que Brest, avec sa manière de fonctionner et son président, Denis Le Saint, qui est du coin, ait sa place là-dedans est valorisant. C’est un modèle à défendre.
« Vu notre situation (au classement), on aimerait au minimum finir dans les dix premiers, ce qui serait déjà bien pour Brest. Maintenant, est-ce qu’on y arrivera… ? » Se dire cela, à la veille de rencontrer Paris, n’a-t-il pas une saveur particulière ?
Je pense qu’il faut l’apprécier à sa juste valeur. Il est souvent question de pression avant d’aller là-bas, mais c’est un privilège que d’aller chez cet ogre du football mondial. Un Paris-Brest, c’est le choc des extrêmes, mais notre position nous convient très bien. Surtout avec 34 points. Ça peut être une formidable soirée comme une soirée cauchemar (sourire) mais on a préparé ce match comme les autres, en sachant que ça ne sera pas facile. Mais comme on se l’était dit avant de se rendre à Trélissac…
Mesurez-vous le côté « exceptionnel » de ce début de saison ?
Bien évidemment. Et je le répète : il ne faut pas le banaliser. Être premier à la 6e journée était déjà quelque chose, mais là, on est fin janvier. Il ne faut pas oublier d’où on vient, et c’est pour ça qu’il faut profiter, parce qu’on n’est pas à l’abri de se retrouver dans une situation difficile dans quelque temps…
« Je n’oublie pas que quelqu’un m’a tendu la main ici, à un moment où je pensais que le train était passé. Ce qui fait qu’aujourd’hui, je suis totalement centré sur mon projet ici, et je n’ai aucune autre perspective » Ce serait quoi justement, vu d’aujourd’hui, une saison ratée pour Brest ?
Notre saison ne serait pas bonne si dans les derniers matchs, on en était encore à devoir prendre des points pour se sauver ! Il y a des clubs qui l’ont connu, ça : perdre les onze derniers matchs. Je me projette sur quelque chose de plus positif, mais je sais que ça peut arriver. C’est pour ça qu’il faut toujours être sur le qui-vive. Le foot est souvent irrationnel…
Tout comme l’est cette 3e place…
C’est bien pour ça qu’il faut l’apprécier ! Mais c’est ce que j’aime aussi ici : j’ai connu des villes où, dans cette situation, les gens se seraient projetés sur des choses qui ne sont pas pour nous. Ici, les gens sont réalistes, et si on arrive à faire des choses, tant mieux, mais si ça ne se passe pas, je pense qu’ils ne seront pas déçus. Malgré tout, vu notre situation, on aimerait finir au minimum dans les dix premiers, ce qui serait déjà bien pour Brest. Maintenant, est-ce qu’on y arrivera… ?
Que vous inspire la récente approche rennaise pour enrôler Pierre Lees-Melou ?
Je n’en ai pas directement parlé avec lui mais je pense que tout le monde, Greg (Lorenzi) inclus, a compris son dilemme. Après, à lui aussi de comprendre la position du club. S’adapter fait partie de notre travail, et sortir de ce genre de situation par le haut.
À lire sur le sujet Depuis l’arrivée d’Éric Roy, le Stade Brestois avance à un rythme d’Européen en Ligue 1 On vous sent bien dans ce projet. Vous êtes-vous déjà senti aussi épanoui professionnellement ?
En tant qu’entraîneur, non. Je peux sincèrement dire que je vis ma meilleure période, et je ne parle pas des résultats mais de la manière de travailler. Aussi parce que ma seule autre expérience d’entraîneur était chez moi, à Nice. Il y avait forcément plus d’affect. Je me plais beaucoup ici, et je n’avais jamais connu un tel équilibre de travail, avec Greg, le président, les gens au club, mon staff, les joueurs. Et je leur en suis très reconnaissant.
Le club se développe, vous y contribuez : vous voyez-vous continuer à grandir avec lui ?
Nos autres newsletters Sans aucun problème. On ne sait jamais de quoi demain sera fait : je peux perdre dix matchs d’affilée et me retrouver dehors, tout comme être approché par un club plus huppé. Mais je n’oublie pas que quelqu’un m’a tendu la main ici, à un moment où je pensais que le train était passé. Ce qui fait qu’aujourd’hui, je suis totalement centré sur mon projet ici, et je n’ai aucune autre perspective.
|