Trouvé sur Mouvement Ultra, mais article venant d'un site parisien (je ne sais pas lequel), tout est dans le titre... :
Citation:
Le KOB se meurt-il ?
Mis en ligne par Arno P-E
En plus d’un titre qui peut paraître un peu racoleur, cet article prête le flanc à bien des remises en cause. Et pourtant, on ne peut éluder la réalité des faits, ni leurs conséquences. Parce que le KOB ne va pas si bien que ça. Et parce que s’il périclitait, le PSG en lui-même pourrait ne pas s'en remettre.
« Le KOB se meurt-il ? »... on a du mal à faire plus discutable comme entrée en matière. Alors avant de développer le sujet, tâchons déjà de répondre aux remarques, justifiées d'ailleurs, qui ne manqueront pas de tomber.
Concernant le choix du thème de cette chronique tout d'abord : pourquoi parler du Kop Of Boulogne maintenant ? Le club sombre toujours plus loin au classement, l'objectif prioritaire, ou plutôt le seul objectif qui vaille la peine qu'on en parle est le maintien, alors pourquoi choisir d'évoquer le KOB ? Parce que je crois les choses très liées. Bien plus qu'on ne le dit. Pas dans le sens où seul Boulogne peut nous sauver, mais dans l'autre : si Boulogne lâchait, alors là nous serions certains d'être perdus. Le problème me semble donc vital, à plus d'un titre.
Autre critique, passons à ma légitimité. Comme me le disait un ancien de Boulogne (un gars assez connu dans sa partie, au surnom évoquant une attirance mythique pour les revues de fesse) pas plus tard que ce samedi, on ne peut pas parler du Kop sans y avoir vécu. Or, en douze années de Parc, mes passages dans cette tribune se comptent à peine sur les doigts des deux mains. Pire, je suis abonné en Auteuil Rouge. Venant de ma part, toute critique pourrait donc être interprétée comme une volonté stupide de ré-alimenter une guéguerre entre anciens Tigris et Kopistes. Pour ma défense, je n'ai que deux choses : le fait de n'être arrivé à Auteuil Rouge que cette saison, et donc aucun lien avec les TM, et un profond respect pour Boulogne. Alors oui, je vais critiquer le KOB avec un regard extérieur... et peut-être fallait-il d'ailleurs que le point de vue soit extérieur, afin que la critique soit un minimum objective.
Quant au titre, racoleur, je l'assume pleinement. Parce que lorsque j'ai suivi la rencontre Paris SG – Auxerre dans le KOB, cette réflexion m'est apparue comme évidente, à plusieurs reprises : mon Dieu, ça n'est pas possible, le KOB est en train de mourir... Mais il est temps maintenant de vous expliquer pourquoi.
De l’excitation... à la déception
Samedi, j'ai rejoint le Kop Of Boulogne avec un état d'esprit très particulier. Une certaine excitation tout d'abord, parce que cela faisait plus de six années que je n'y étais plus retourné. Cela fera sourire les abonnés de cette tribune, mais je suis assez sensible à des détails : l'atmosphère, l'histoire d'un lieu, cela m'importe beaucoup, et même si certains de ceux qui y vont toutes les semaines doivent s'y habituer, et l'oublier, il y a tout de même une magie à Boulogne.
Derrière cette volonté de profiter au maximum de l'atmosphère, m'habitait aussi la peur de décevoir, de mal faire. Quand on a l'honneur d'être invité par un « porte-voix » du KOB, la moindre des choses c'est de s'en montrer digne. Toute une chaîne de supporters, anonymes ou mythiques se sont débrouillés pour me faire partager leur tribune, sans même exiger un merci, comme si c'était naturel. Cette générosité désintéressée m'a frappé, et je voulais m'en montrer digne.
Je suis donc monté à la limite entre les blocs B1 et B2 -juste à gauche du carré des Boulogne Boys en regardant depuis la pelouse, pour ceux qui ne connaissent pas- avec un mélange de tension dû au classement du club, d'excitation et de volonté de tout donner. Et j'ai été affreusement déçu.
Circonstances atténuantes
Bien sûr, il y a tout un tas de paramètres qui sont rentrés en jeu. Mais tout de même... Prenons la sono. Oui, la sono des Boys a lâché au plus mauvais moment, juste avant la rencontre. Il a donc fallu que les capi animent le KOB avec leurs seuls mégaphones, et une pauvre baffle crachouillante, prête à rendre l'âme à chaque instant. Mais enfin, de qui parle-t-on ? On parle de Boulogne là ! On parle d'un Kop mythique ! Bien sûr que la sono est une aide formidable, et que l'on s'y est tous habitués au fil des années. Seulement voilà, comment font les gars en déplacement ? Elle est où la sono quand les Parisiens vont à Saint-Etienne, ou Bordeaux ? Il n'y en a pas. Pourtant les gars on les entend. Et ça pousse. Autre chose, Boulogne est LA tribune historique. Alors comment faisaient les Kopistes dans les années 1980 ? Je n'ai jamais entendu dire que nos aînés étaient muets, ou qu'on ne les entendait pas, bien au contraire. Ils ont construit la légende, et d'abord à la force de la voix, pas de leurs poings.
Il y a aussi le résultat, le classement pitoyable, et la prestation honteuse de certains joueurs parisiens. Bien sûr que cela n'aide pas à chanter, à se dépasser. Mais on le savait ! Les Boys ont distribué ce tract pour prévenir tout le monde. Oui on joue mal, oui on est relégables, oui le niveau de jeu, le spectacle sont abominables. Et pourtant il fallait tenir, se donner à fond, pour impulser un nouvel élan. Ce match avait été décrété par le club et plusieurs associations comme étant celui de l'union, de la révolte. Je n'ai pas vu ça dans le KOB...
Alors que l'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit. Les Boulogne Boys ont été admirables. Le bloc B1, dans sa totalité, a chanté, poussé, et donné tout ce qu'il pouvait. Jusqu'au bout. Il faut s'incliner devant ces centaines de supporters qui à la 94ème minute chantaient encore, la gorge serrée par la frustration. Une telle abnégation, malgré le choc de la défaite, malgré la sono en vrac était admirable. Les Boys ont fait tout ce qu’ils pouvaient. Accoudé à la rambarde entre B1 et B2, l'ambiance était superbe, et certaines envolées avaient de quoi vous filer des frissons. Seulement à peine quatre sièges plus loin, à quelques mètres des Boys... plus rien, ou presque.
Des meneurs défaillants
Quelques individualités, éparpillées, quelques groupuscules à chanter, et à part ça, rien ! Mais où étaient les Rangers ? Que faisaient les Gavroches ? Vous me direz que j'ai beau jeu de critiquer ces groupes alors que dans ma tribune, il n'y a même plus d'association... et vous aurez raison ! Non, nous n'avons même pas la chance d'avoir une association derrière laquelle nous fédérer en Auteuil Rouge. A Boulogne en B2, oui. Mais si c'est pour ne rien en faire...
Je me rends compte que mes mots peuvent choquer, je me rends compte que j'ai été invité à Boulogne et que je critique mes hôtes. Je le fais avec un mélange de honte et une grande tristesse. Je n'ai pas peur de le dire, même si c'est mal vu, j'ai une admiration et un respect sans bornes pour le KOB. J'aime cette tribune comme on aime son grand-frère. Boulogne c'est ma famille. Ce grand-frère a des défauts, des défauts qui me révoltent. Et pourtant je l'aime quand même, sans le juger. Parce que c'est ce que l’on fait dans une famille. Dans ma vie de supporter, le KOB m'a appris à marcher. Il m'a pris par la main et m'a montré la voie quand j’ai débarqué au Parc. Il a formé tous les fondateurs des groupes historiques du Parc. On doit aux Kopistes notre mentalité, notre éducation de fans : un soutien inconditionnel, des chants à vous faire dresser les poils sur les bras, des tifos de folie. Boulogne est un mythe.
Mais il faut ouvrir les yeux : Gavroches, Rangers, ne font plus rien. Et cela pénalise tout le Kop, voire plus. Que vous le vouliez ou non, vous êtes nos aînés. Vous êtes des modèles, des exemples pour nous, et il faut vous assumer ce statut de meneurs ! Alors quand je suis en face, au loin, je vois vos carrés immobiles, comme morts... Je me dis que vous avez choisi un autre chemin, à l'anglaise, que vous ne vous levez que ponctuellement, pour pousser, que telle la Garde vous ne jetez vos forces dans la bataille qu'au moment crucial, pour emporter la décision...
Mais et là ? Là bon sang c'était le jour ! C'était samedi qu'il fallait tout donner. J'étais à quelques mètres, dans la même tribune, pour un match vital entre tous... et je ne vous ai même pas entendus. J'ai vu Bouquin lâcher son méga et partir haranguer ses pairs. Ils sont tellement peu nombreux ceux qui peuvent vous parler d'égal à égal... Rien. Pas de réaction. Ca me coûte tellement de parler de cela, de dire cela... Et ça m’a fait tellement mal de voir cela.
Des suiveurs qui ne suivent plus
Il y a ensuite ceux qui composent le reste de la tribune, en dehors des associations, ou même des "mouvements" : tous ces anonymes du KOB, simples supporters éparpillés dans Boulogne Bleu... et presque tous silencieux. Je n'arrive pas à comprendre. Si c'est juste pour faire comme d'autres, et arborer une jolie casquette Fred Perry et un blouson Lonsdale, histoire de faire style, mais ne même pas chanter quand le club est dans la pire crise de son histoire, à quoi bon ? Il n’y a plus qu’une poignée d’écharpes, de maillot Rouge et Bleu... et de chants.
En plein cœur du Kop, alors que je regardais autour de moi, je me suis demandé si Boulogne ne s'était pas égarée en chemin, si elle ne se mourrait pas. J’ai vu des gars, simples supporters, à quelques mètres d’un capo, rester muets ! En plein Kop, alors que le capo des Boys se déplace pour venir devant eux les motiver, alors que l’avenir du Paris SG est en jeu, tous ces gars restent de marbre. Il aurait été plus facile à ce capo de rester devant son carré, de ne penser qu’à sa gueule et se la jouer facile, je fais chanter les plus motivés et basta, mais non, il a tenté de faire se bouger tous ces supporters qui un par un font le KOB... pour rien, ou presque.
Si les anciens, ceux qui dans le passé ont gagné le respect ne montrent plus le chemin, si leurs associations de supporters restent muettes, et n'ont plus de supporter que le souvenir, où va le KOB ? Si la chair du KOB, ses abonnés lambda ne réagissent plus alors que la moitié de leur tribune sombre dans le silence, où va Boulogne ?
Bien sûr que je n’ai pas toutes les cartes en main, et que je ne peux pas connaître toutes les motivations des uns et des autres. Bien sûr que je ne comprends pas tout et que bien des choses de la mentalité de cette tribune m’échappent. Mais tout le Parc en a conscience : Boulogne ne peut se passer de la moitié de ses supporters. Les Vieux, ceux qui nous ont montré le chemin doivent revenir nous prêter main forte. Ils se sont endormis, mais maintenant on a besoin d’eux. Et les autres doivent suivre, et se donner pour Paris. Je sais que je ne suis pas le mieux placé pour dire tout cela. Je m’en fous, parce je crois qu’il faut que ce soit dit. C’est ce qui importe. J’aime le Kop Of Boulogne et l’heure est trop grave. J’assume tout cela, sans aucune agressivité et avec tout le respect possible...
On a trop besoin d’un Kop Of Boulogne à son maximum.