Interview de P.Blayau, président du Paris SG :
Blayau : «Il est encore temps»
Presque muet depuis le 12 décembre et la remise en cause du travail de Laurent Fournier après la victoire contre Rennes (2-0), le président du Paris-SG Pierre Blayau a repris la main mardi. Il a signalé à Laurent Fournier la fin de sa mission à la tête de l'équipe première, nommé Guy Lacombe à sa place, et tenu une longue conférence de presse pour expliquer son choix. Il assume en partie l'échec de la première demi-saison dirigée par Fournier, qu'il trouvait trop "léger" sans le dire si crûment, mais tient surtout à réaffirmer son ambition pour le club de la capitale : la Ligue des champions, sans frayeur et sans traîner, et une posture de candidat pour le titre.
« Pierre Blayau, la nomination de Guy Lacombe est-elle un choix par défaut, due au refus de Paul Le Guen de rejoindre le Paris-Saint-Germain ?
On ne choisit pas un entraîneur par défaut. Plusieurs possibilités étaient ouvertes. Guy Lacombe a l'enthousiasme, la foi, l'envie de venir nous aider. Son palmarès et son vécu plaident pour lui. Il a gagné quelques trophées (une Coupe de la Ligue, en 2004), vécu une compétition européenne (la Coupe de l'UEFA 2003-2004 et 2004-2005), a été en compétition pour entraîner des clubs parmi les premiers en France (Lyon et Monaco, notamment). J'ai tout lieu de penser qu'il réussira au PSG. On réussira ensemble. Paul Le Guen a refusé les offres qui lui ont été faites.
Le nom de Didier Deschamps a aussi circulé...
Pour le PSG, des personnes comme Guy Lacombe, Didier Deschamps ou Paul Le Guen étaient des hommes adaptés à la situation.
C'est un choix dont les joueurs ne sont pas solidaires. En avez-vous tenu compte ?
J'ai délibérément provoqué le débat à un moment où les joueurs étaient là, ils n'étaient pas encore en vacances. Ils se sont sentis concernés. Je me réjouis du fait qu'ils se sont exprimés publiquement, à part un ou deux excès de langage tout à fait pardonnables. Ils ont dit : "On va tout faire pour vous montrer qu'on veut continuer avec Laurent Fournier". Les résultats n'ont pas été en cohérence avec cette démarche. Je respecte infiniment les joueurs. En même temps, leur ambition est-elle de jouer à Old Trafford ou Santiago-Bernabeu le mercredi ? Ou de continuer tous les samedis, une fois par semaine, à Rennes, pour prendre l'exemple d'un club que j'adore (et dont il a été le président) ?
Vous sous-entendez qu'ils s'étaient installés dans un certain confort...
Qu'ils aient exprimé une marque d'affection à Laurent Fournier, c'est normal. Il a pris l'équipe (en février 2005) à un moment où les joueurs étaient malheureux. Il a eu le tact nécessaire pour leur redonner confiance. Cette relation est-elle toujours la bonne ? Je ne sais pas. Laurent Fournier avait, à l'entraînement, des attitudes de gagneur. Comme entraîneur, il a eu plusieurs fois sa chance. Il l'a saisie quand il a remplacé Vahid Halilhodzic, il l'a saisie quand je l'ai confirmé comme entraîneur à l'intersaison. C'était une chance importante. L'équipe a peu changé, elle a été renforcée, il avait, le 2 juillet, l'ensemble de ses joueurs, contrairement à d'autres clubs comme Auxerre ou Marseille. Il a eu sa chance après une période difficile marquée par la défaite de Saint-Etienne (0-3). J'étais alors intervenu pour demander qu'on lui laisse du temps. Une victoire brillante à Bordeaux (2-0) avait suivi. (...) Enfin, il a eu sa chance au lendemain de mon intervention sur le match de Rennes (2-0). J'ai alors mis sur la place publique l'enjeu des deux matches à l'extérieur Ajaccio et Toulouse qui suivaient (1-1 et 0-2, finalement). Il a fait son mieux, il l'a dit lui-même. Il a été honnête avec le club, le club sera honnête avec lui.
Une victoire sur l'un de ces deux matches aurait-elle sauvé sa tête, ou tout était-il déjà joué ?
Je n'aime pas ce genre de phrase, il faut quand même relativiser. Ce changement n'est pas une décision prise dans un contexte de crise. Le PSG ne fait pas de révolution. C'est une décision de gestion de l'organigramme sportif, mûrement réfléchie, prise collégialement, en association avec l'actionnaire, à froid, pendant il est encore temps. L'entraîneur qui nous rejoint n'est pas un sauveur. Le PSG n'est pas dans une situation dramatique, mais il faut réaffirmer son ambition. Elle avait été proclamée en début de saison : jouer la Ligue des champions. On parle beaucoup de stabilité, mais le seul objet de stabilité, c'est l'ambition. J'ai le sentiment aujourd'hui que l'ambition du PSG est maltraitée. Nous sommes sixièmes à un point de la deuxième place. Soit. Mais où est passée la première place ? Tout d'un coup, le PSG, comme d'autres, a décidé qu'elle n'était plus accessible, et forcément dévolue à Lyon. C'est triste.
Pourquoi avoir procédé comme vous l'avez fait ?
Ma méthode a l'air de surprendre et ma communication irrite ou étonne, c'est vrai. Mais je ne peux pas me contenter de m'asseoir et de regarder le match sans faire de commentaires. En tant que président, je m'autorise à juger et à avoir une opinion sur la situation du Paris-SG. Je l'ai exprimée en privée à plusieurs reprises et en public après la victoire contre Rennes (2-0). Jusqu'à présent, nous n'avons affronté à domicile que des non concurrents, à part Lens qui est venu nous battre (3-4), et Lille (2-1), qui était en situation plus difficile qu'aujourd'hui. Mon commentaire public, je ne l'ai pas fait après une victoire pour le plaisir d'étonner, mais car il y avait deux matches à l'extérieur. Cela m'a permis d'observer les réactions, de prendre des décisions au bon moment, avant la reprise de l'entraînement. Nous commençons une nouvelle saison. J'espère qu'elle se traduira par des succès. Il y a 57 points à prendre en 19 matches. Pourquoi fermer les yeux sur des éléments que la plupart d'entre vous (journalistes) aviez vus et écrits ? C'était souvent pas loin de ce que je pensais. Nous avons montré, au cours de cette première partie de saison, des faiblesses structurelles, et depuis une quinzaine de matches, une tendance très médiocre, avec beaucoup de défaites à l'extérieur (quatre depuis la mi-septembre). Le PSG n'atteindra ses objectifs qu'en gagnant à l'extérieur. Il faut relancer la machine, trouver le bon vent, refaire les réglages et redonner de la vitesse au bateau. C'est l'objectif de ce changement. Je n'ai pas de reproche ni de remise en cause personnelle à formuler, simplement la volonté de pousser en avant le PSG.
Guy Lacombe a un caractère trempé. Le parallèle avec Vahid Halilhodzic ne vous effraie pas ?
C'est d'une grande facilité de langage, tout ça, c'est de la caricature. Guy Lacombe ne le mérite pas, il le montrera. J'ai le sentiment qu'un groupe de 25 ne peut pas être traité de façon homogène. Certains joueurs que Laurent Fournier a responsabilisés ne le méritaient pas ou n'ont pas assumé ce style de management. Faut-il avoir des attitudes différenciées en fonction des joueurs ? Ce sera à Guy Lacombe d'apprécier cela. On attend d'un coach des mises en place tactique, une préparation physique et la gestion de la vie du groupe en dehors des matches. Des joueurs comme Yepes et Pauleta n'ont pas besoin de plus de rigueur, ils se l'imposent eux-mêmes. Des joueurs comme Rothen ou Dhorasoo n'ont pas, non plus, à craindre de resserrement des boulons.
Ne craignez-vous pas une fracture parmi les joueurs après cet épisode ?
Absolument pas. Ils ont une réaction noble, belle, mais ce sont des professionnels sous contrat. Leur ambition doit d'aller au-delà de la sixième ou septième place.
Vous aviez vous-même confirmé Laurent Fournier dans ses fonctions en mai dernier. Son départ n'est-il pas aussi votre échec ?
Je n'ai aucune difficulté, par principe, à assumer les échecs. A certains égards, je vous réponds oui. Donc je demande une seconde chance avec Guy Lacombe.
Vous vous démettrez donc en cas de nouvel échec ?
Pourquoi penser à l'échec ? »
Excusez-moi mais avec un discour comme ça je suis assez enthousiaste
Allez Paris-Brest