Le Monde Que veulent les lycéens anti-CPE ?
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L'intégralité du débat avec Tristan Rouquier, président de la Fidl, vendredi 17 mars 2006
Zephyr87 : Votre syndicat représente combien de lycéens ?
Tristan Rouquier : Le nombre de nos adhérents est de 6 000, mais aujourd'hui, je pense que l'on représente tous les lycéens, car nous organisons des assemblées générales avec tous les lycéens. On essaie d'aider les lycéens à organiser les AG, c'est le rôle du syndicat, et ensuite on transmet ce qui est sorti de l'AG aux médias, aux ministères, etc.
Floyd : Jusqu'où sont prêts à aller les lycéens dans la fronde anti-CPE ?
Tristan Rouquier : On est prêts à aller jusqu'où ce sera nécessaire : bloquer les lycées, si on y est obligés, on le fera. Ensuite, c'est la responsabilité du gouvernement qu'on ne soit pas obligés d'aller trop loin dans le mouvement.
Zephyr87 : Etes-vous prêt à discuter sur les modalités du CPE avec le gouvernement ?
Tristan Rouquier : On est prêts à discuter de l'emploi des jeunes, mais avant toute négociation ou autre, il faudra qu'il y ait retrait du CPE.
Flex : Estimez-vous représenter aussi les lycéens non grévistes ?
Tristan Rouquier : Il faut voir ce que vous appelez lycéens non grévistes. Certains lycéens ont des difficultés scolaires et ne peuvent pas se permettre de se mettre en grève. Ceux-là, on les représente, ils sont présents aux AG pour distribuer leurs voix, après on ne peut pas considérer que tous les élèves non grévistes sont en faveur du CPE, bien au contraire. De même, on peut citer l'exemple des élections de 2002 où beaucoup de jeunes ne s'étaient pas exprimés, ce n'est pas pour autant qu'ils étaient pour le FN au second tour.
Flex : Si un seul élément du CPE n'était pas négociable, ce serait lequel ?
Tristan Rouquier : Déjà le fait de pouvoir se faire licencier du jour au lendemain. Après, la période de deux ans est aussi scandaleuse. Se faire licencier sans aucune indemnité est également scandaleux. Et le fait qu'on fasse un contrat qui vise à faciliter le licenciement pour augmenter l'embauche, ce n'est pas acceptable, et même antithétique.
Fred33 : Est-ce la "précarité" ou le "ciblage jeune" qui vous ennuie le plus ? En d'autres termes, le CNE vous pose-t-il autant de problèmes ou moins ?
Tristan Rouquier : Le CNE nous pose autant de problèmes, autant sur la forme que sur la façon dont il a été appliqué. Mais on se rend compte qu'il se défend de lui-même, avec les recours aux prud'hommes actuels. Après, au niveau du CPE, autant la précarité que cibler les jeunes pour les précariser est scandaleux, et donc autant la précarité que le ciblage des jeunes est inadmissible.
"FAIRE DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA JEUNESSE"
Atlantis : Croyez vous vraiment qu'un employeur ait un intérêt à licencier une personne compétente du jour au lendemain ?
Tristan Rouquier : Le problème, c'est qu'on n'a pas de garantie. Bien au contraire, le CPE tend à favoriser le licenciement même d'une personne compétente, car pour un employeur l'exonération de charges sociales est plus avantageuse. Donc il préférera licencier un employé pour en reprendre un nouveau en CPE et renouveler la période d'exonération de charges.
Damdes : Quel projet opposez-vous à celui du gouvernement pour favoriser l'emploi des jeunes diplômés sans expérience ?
Tristan Rouquier : Comme on l'a dit hier sur le plateau de FR2, c'est de faire des états généraux de la jeunesse, où on écouterait les jeunes pour faire un bilan concret sur le problème de l'emploi afin de trouver ensemble des solutions. Au niveau des solutions, il faut bien entendu favoriser l'emploi des jeunes en offrant des facilités à l'entreprise, mais garder en priorité le droit du travail et du salarié. Pour des solutions plus concrètes, un syndicat lycéen comme le nôtre n'a pas forcément la meilleure position, mais nous souhaitons participer et organiser un grand débat pour que chaque lycéen, chaque étudiant et l'ensemble de la jeunesse puissent eux-mêmes proposer des solutions.
Etudiantdu21 : Je n'arrive pas à me rendre compte à sa juste valeur de la mobilisation des lycéens contre ce CPE. Avez-vous des chiffres officiels ?
Tristan Rouquier : Hier, nous avons pu dénombrer plus de 500 000 personnes qui manifestaient dans les rues. En grande majorité c'était des lycéens. La plupart des cortèges ont dû être allongés pour laisser aux derniers lycéens la place de finir la manifestation. Sur le mode de comptage, nous essayons d'évaluer grâce aux services d'ordre le nombre de personnes par portion de rue et le chiffre que l'on peut annoncer, bien qu'approximatif, est réellement le reflet de la mobilisation lycéenne.
thomas_ : La FIDL a-t-elle un affiliation politique ou une sensibilité commune avec une organisation politique particulière ?
Tristan Rouquier : Statutairement, il est écrit que nous étions indépendants et ce principe fondamental de la FIDL est tenu et protégé par l'ensemble des militants. Donc nous n'avons aucun partenariat ni aucune affiliation à un quelconque parti politique.
Matteï : Iriez-vous jusqu'à sacrifier votre année pour obtenir gain de cause ?
Tristan Rouquier : Je gère au mieux ma scolarité. Le soir, en rentrant d'une action qu'on a pu mener, je récupère l'ensemble des cours. Je me rends régulièrement au lycée en dehors de mes heures de cours pour rattraper les éventuels contrôles que j'ai pu manquer.
Vincent_Florin : Comment expliquez-vous que vous ne soyez pas descendus dans la rue à l'automne dernier, pour vous élever contre le CNE, alors que vous bloquez maintenant les lycées à propos d'un CPE qui est plus protecteur pour les salariés qu'un CNE ?
Tristan Rouquier : Le CPE et le CNE ont les mêmes modalités l'un et l'autre, mais le CPE vise à discriminer la jeunesse, bien plus que le CNE. La mobilisation ne s'est pas faite effectivement pour le CNE, mais comme je l'ai dit, le CNE se défend de lui-même. Il y a eu beaucoup de recours aux prud'hommes d'anciens salariés en CNE, qui se sont fait licencier sur les risques qu'on dénonce maintenant depuis deux mois, c'est-à-dire sans motif, sans indemnité ni délai. Donc le tribunal des prud'hommes juge actuellement ce contrat et la mobilisation contre le CNE se fait par ce biais-là.
Ju : Des pays comme le Japon, où j'habite, qui ont accepté plus de flexibilité de façon temporaire de leur marché du travail, reviennent aujourd'hui à l'emploi à vie à la faveur du dynamisme retrouvé. Ne pensez-vous pas que la France pourrait s'en inspirer à travers le CPE ?
Tristan Rouquier : Nous avons actuellement un modèle social qu'il faut défendre et préserver. Le Japon n'a pas le même contexte économique et social que la France et les modèles qui s'appliquent là-bas ne peuvent pas forcément s'appliquer en France.
"LE GOUVERNEMENT PAIERA LES POTS CASSÉS"
Titelolyz : Que pensez-vous des alternatives proposées par la gauche ? Ne pensez-vous pas que la solution réside dans une politique plus générale pour l'emploi ?
Tristan Rouquier : Je ne me suis pas spécifiquement renseigné sur les propositions qu'ont faites les divers partis politiques ces dernières semaines. Pour l'heure, l'essentiel est le retrait du CPE pour ensuite pouvoir élaborer un réel projet pour l'emploi des jeunes.
CLAUDIUS : En démocratie, les lois votées ne s'imposent-elles pas à tous les citoyens ? N'y a-t-il pas suffisamment d'échéances électorales proches pour permettre à ceux qui ne sont pas d'accord avec les lois actuelles de les faire abolir par une nouvelle majorité sortie des urnes ?
Tristan Rouquier : Au niveau du Parlement, effectivement, le CPE a été voté grâce au 49-3. Ensuite, au Sénat, grâce au forcing du gouvernement. Mais lorsque la jeunesse est discriminée comme elle l'est actuellement, on ne peut pas se permettre d'attendre les éventuelles échéances électorales. Dès qu'une menace arrive, il faut la combattre et la condamner. Par la suite, si le gouvernement s'entête dans sa politique, il paiera les pots cassés lors des échéances à venir.
Catcat : Est-ce que le fait de voir les "vieux" salariés manifester avec vous dans la rue motive votre mobilisation ?
Tristan Rouquier : On aurait quand même manifesté sans le soutien de nos aînés. Mais, effectivement, voir l'ensemble des organisations syndicales et des Français se mobiliser contre le CPE, c'est pour nous encourageant et nous n'attendons maintenant plus qu'une chose : que le gouvernement écoute la jeunesse et les Français en général.
Chat modéré par Karim El Hadj
le nouvel obs Forum du 02/02/2006 avec Tristan Rouquier
Citation:
Comment va Julien Dray ?> C’est un député c’est ça ? bah écoute... il doit allez bien, en fait j’en sais pas grand chose !
question de : Bruno
>
Ce n’est plus Julien Dray le président de la FIDL ?> Même reponse que précédemment !
question de : Bruno
> Pourquoi n’avez-vous pas rejoint le collectif unitaire stop CPE
www.stopcpe.net contrairement à l’UNL ?
Est-ce que tu milites au PS ou dans une autre organisation politique ?> Pour stop CPE, nous avons rejoint le collectif, mais pour la première réunion, l’invitation ne nous a pas été envoyée, tout comme la FAGE, la Confédération Etudiante, et Fac Verte. Ce sont sans doute des erreurs, tout comme ça a été le cas dans mon comité (FIDL PACA).
Après je tiens quand même à préciser que l’on a été dans les premiers à appeler à l’unité syndicale, et dès que l’on a appris la création du comité, on l’a rejoint !
pour la question sur mon engagement politique, j’ai même idée, mais pour l’instant, elle reste dans ma tête. on verra après