Sans vouloir passer pour l'avocat du Diable, voilà ce qu'on trouve sur le forum des jeunes de l'UMP :
Citation:
1/ Le CPE n'a aucun intérêt car le chiffre du chômage des jeunes donné par le gouvernement est faux. Ce n'est pas 23% de jeunes au chômage, mais 8,5%.
Cet argument donné d'abord par FO, puis repris en coeur par toutes les organisations syndicales et les partis politiques de gauche, et l'UDF ( Evil or Very Mad ) est tout à fait étonnant.
Pour FO le taux de chômage des jeunes est de 8,5% parce qu'il faut ajouter tous les jeunes qui ne travaillent pas (ne faisant pas partie de la population active) comme les étudiants, au dénominateur.
On a donc un taux de chômage des jeunes selon FO calculé avec au numérateur les « jeunes au chômage » divisé par le dénominateur « tous les jeunes actifs ou non ».
Ce calcul est aberrant car la norme internationale en matière de taux de chômage c’est la population active. Ce qui est normal d’ailleurs. Car si on s’amuse à ajouter à la population active, pour calculer le taux de chômage national, les retraités, les lycéens, les collégiens et les enfants, on aurait le taux de chômage des Etats-Unis.
A la louche : (2 700 000/62 000 000) x 100 = 4,3%.
Sacrée FO !
La réalité est plus triste : 23% des jeunes sur le marché du travail, en France, sont au chômage. Une triste performance en Europe et plus encore vis-à-vis des autres pays développés.
2/ Entendu à la télé, dans un cortège : « avec le CPE on peut se faire licencier du jour au lendemain ».
Avec quel contrat de travail ne peut-on pas se faire licencier du jour au lendemain ? Sait-on qu’en 2005, 3 jeunes sur 4 ont vu leur PREMIER CDI de leur vie s’interrompre au bout d’un an ?
3/ Comme on peut se faire licencier du jour au lendemain, aucun banquier va prêter de l’argent pour financer l’achat d’un logement.
Pour financer un logement il faut effectivement une certaine stabilité. Il faut aussi un apport et pour un primo accédant il s’agit de l’argent mis de côté, de l’épargne. Voilà pourquoi l’âge moyen du primo accédant en 2005 en France est de 45 ans…L’enquête habitat 2005 montre que la tranche 20-30 représente 13% des primo accédants.
Selon l’INSEE (enquête 2002), sur 100 jeunes de moins de 30 ans qui n’habitent pas chez leurs parents, 11% sont propriétaires.
Bref, penser que les jeunes vont se retrouver exclus de l’accession à la propriété est curieux car dans les faits, avant la création du CPE, les jeunes propriétaires de moins de 26 ans sont plutôt rares. Car pour être propriétaire, il faut avoir travaillé avant et épargner !
4/ Comme on peut se faire licencier du jour au lendemain, aucun propriétaire ne voudra louer son logement à un titulaire de CPE.
Outre le Loca-pass dont peuvent bénéficier les titulaires du CPE, le plus étonnant est ailleurs. On se demande comment les stagiaires, les saisonniers, les intérimaires, les CDDistes, les chômeurs arrivent à se loger.
5/ Le licenciement en CPE est sans motif, c’est une régression sociale et surtout c’est la porte à tous les abus.
Cette « régression sociale », si elle existe, alors il faut la voir dans tous les contrats de travail, puisque le licenciement sans motif est possible durant la période d’essai. Ainsi, l’argumentation selon laquelle une femme enceinte peut se faire licencier en CPE sans motif (pour s’en débarrasser) est tout à fait transposable à la femme enceinte durant sa période d’essai en CDI. Or le législateur ne peut accepter une telle situation. Voilà pourquoi si la personne craint un licenciement abusif, qu‘elle soit en CPE ou en période d‘essai en CDI, elle peut aller aux Prud’hommes, ce qui rend le motif écrit obligatoire pour l’entreprise.
6/ Le licenciement sans motif est contraire à la directive de l’OIT n°158, d’après la CFTC.
Article 2 de cette convention :
1. La présente convention s'applique à toutes les branches d'activité économique et à tous les travailleurs salariés.
2. Un Membre pourra exclure du champ d'application de l'ensemble ou de certaines des dispositions de la présente convention les catégories suivantes de travailleurs salariés:
a) les travailleurs engagés aux termes d'un contrat de travail portant sur une période déterminée ou une tâche déterminée;
b) les travailleurs effectuant une période d'essai ou n'ayant pas la période d'ancienneté requise, à condition que la durée de celle-ci soit fixée d'avance et qu'elle soit raisonnable;
c) les travailleurs engagés à titre occasionnel pour une courte période.
Il me semble que le CPE entre dans le point b)...
7/ Après 4 mois d’ancienneté, si le CPE s’interrompt, une allocation forfaitaire spécifique de 490 €/mois, financée pas l’État, sera versée pendant 2 mois… 490 € ! De qui se moque t’on ? Qui peut vivre avec 490 € par mois pendant 2 mois ?
S’il est très difficile de vivre avec 490€/mois pendant 2 mois, il doit être ô combien plus difficile de vivre avec rien. Or rien, c’est-ce que l’on a si on est licencié avant 6 mois de travail en CDI…
Et oui ! L’allocation de chômage est versée à partir de 6 mois de cotisation. Donc je le répète, une personne en CDI licenciée au bout de 5 mois n’aura droit à rien.
En revanche, après 6 mois de travail en CDI ou en CPE, comme on a assez cotisé, plus besoin d’aide de l’Etat financée par les impôts : on touche l’allocation pour laquelle on a cotisé.
8/ Le CPE c’est la précarité assurée ! On est bons à jeter à la poubelle !
Oui mais la poubelle vaut plus cher que celle qu’offre le CDI.
D’après l’article L122-9, en cas de licenciement économique ou non économique, le titulaire du CDI n’a droit à rien avec une ancienneté inférieure à 2 ans.
Avec le CPE, en cas de licenciement économique ou non économique, le titulaire du CPE obtient 8% de la rémunération versée depuis la conclusion du contrat.
9/ Le CPE induit des inégalités entre les jeunes. On ne va pas du tout proposer des CPE au bac +5 alors que tous les autres n’auront aucune chance de décrocher un CDI.
Cette notion d’inégalité est juste mais ne s’applique pas au cas présent. Selon l’étude du CEREQ, le chômage touche 9% des jeunes diplômés de troisième cycle, contre 8% des jeunes diplômés en bac +2.
Et oui ! Etonnant n’est-ce pas ? Mais à la limite, admettons cet argument. Admettons que les entreprises ne proposent pas de CPE aux bac+ 5 et bac +2 d’ailleurs (au fait pourquoi les étudiants de l’enseignement supérieur manifestent s’ils ne sont pas concernés ??)
Le gros problème vient donc des autres catégories de jeunes, en particulier celle qui n’a aucune expérience et aucun diplôme. Vous savez, ces 120 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans diplôme et sans qualification. Vous savez ces 55 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire dont la dernière classe était… au collège.
Dire que le CPE donne des avantages aux « patrons » est intellectuellement intéressant. Il faut aussi s’interroger sur les motivations d’un « patron » qui n’aurait aucun avantage à recruter une personne qui n’a aucune compétence reconnue par un diplôme et aucun savoir-faire faute d’expérience.
10/ Le CNE, le grand frère du CPE, qui a été mis en place en août, n’a pas permis de créer des emplois. Les emplois se créent grâce aux commandes, à la consommation.
C’est l’argument de DSK.
La deuxième phrase n’apporte pas grand-chose au débat car pour qu’il y ait plus de consommation il faut plus d’emplois… Le serpent se mord la queue…Et voilà pourquoi il faut relancer l’emploi.
La première phrase est à expliquer. DSK signale que seulement 16 000 postes ont été créés sur la période d’août à septembre 2005, alors que sur cette même période 250 000 CNE ont été signés. Donc selon lui le CNE a remplacé le CDI et n’a pas profité à l’emploi.
Le fait que le CNE ait « remplacé » le CDI, si cet argument est juste (car il faudrait faire une étude dessus au cas par cas pour savoir), cela prouve que les entreprises recrutent en CNE pour du long terme et non pour licencier deux semaines plus tard.
Juger l’efficacité d’un dispositif sur 4 mois est curieux. La création d’un poste nouveau dans une entreprise de moins de 20 salariés se prépare à l’avance. D’autant qu’avec l’approche des fêtes le temps consacré aux ressources humaines devait être consacré à recruter des saisonniers et à les accueillir dans l’entreprise.
11/ Pourquoi 2 ans ? On ne peut pas déceler les compétences d’une personne en moins de temps ?
Si bien entendu. Mais les 2 ans ne servent pas forcément à juger le salarié.
Réponse du patron de The Phone House, dans l’Express : « le manque de visibilité sur le marché des affaires est tel que les patrons hésitent à recruter. Là (CPE/CNE), ils peuvent embaucher et, si les clients ne sont pas au rendez-vous, ils pourront abaisser le point mort de leurs entreprises pour éviter de sombrer…
Les rythmes économiques se sont tellement accélérés que l’entrepreneur ne peut pas savoir à l’avance si l’activité d’aujourd'hui sera la même dans trois mois, six mois, un an. Du coup, avec le manque de flexibilité des contrats de travail actuels, il n’embauche pas, craignant le pire. Un exemple concret : dans mon entreprise, The Phone House, nous nous apprêtons à ouvrir un centre d’appels pour la téléphonie mobile. On parle de 150 à 200 recrutements. Sans le CPE, nous aurions sûrement ouvert ce centre, mais avec 20 à 30% de salariés en moins, pour ne pas prendre de risques. Avec le CPE, nous allons embaucher 20 à 30% de personnes de plus, car nous savons qu’il sera possible de s’en séparer si nécessaire. »
12/ DSK, toujours lui : « le CPE c’est un contrat déséquilibré, tout pour le patron rien pour l’employé puisque ce dernier peut-être licencié facilement »
Le CPE permet sans doute un licenciement plus facile mais le salarié aura un préavis avant de quitter l’entreprise (1 mois si ancienneté supérieure à 6 mois comme en CDI). En revanche, si le salarié en CPE trouve mieux ailleurs, il peut quitter son employeur sur le champ…Vous avez dit déséquilibre ?
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