Triskel a écrit:
Preneur si une âme charitable peut mettre l'article complet
Souviens-toi… Willem Letemahulu : « À l’entraînement, Vabec était un peu fainéant ! »
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Nicolas Tavares
Par Nicolas Tavares
Le 09 juillet 2023 à 12h05
Il est « fier d’être Breton » et a conclu l’entretien par un « Kenavo* » spontané. De retour au pays depuis sa fin de carrière, Willem Letemahulu, ancien attaquant néerlandais du Stade Brestois, d’En Avant Guingamp et du FC Lorient, a gardé la Bretagne dans son cœur.
Willem Letemahulu (SIOL) au centre avec ses joueurs.
Willem Letemahulu (SIOL) au centre avec ses joueurs. (Photo Gerno de Haas)
De quel moment de votre carrière êtes-vous le plus fier ?
De mon premier contrat signé avec le « Stade ». J’étais fier, parce que je viens des Pays-Bas et jouer en France, c’était autre chose… J’avais eu un contact avec Brest grâce à mon ancien entraîneur de Nimègue. On m’a proposé de venir jouer en France, j’y suis allé avec un copain, on a joué un match amical à Quimper. Ensuite, j’avais signé un contrat sur un bout de papier dans un bar avec Alain de Martigny et René Charlot.
Le joueur le plus fort avec lequel vous avez évolué ?
Ah, c’est Drago Vabec ! Techniquement, il était fort : feintes, frappes précises et déjà les passes aveugles à l’époque, il regardait à droite et passait à gauche ! À l’entraînement, il était fort, mais un peu fainéant, il n’aimait pas ça (rires).
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Le joueur avec lequel vous auriez rêvé d’évoluer ?
Avec Monsieur Platini, bien sûr. J’aimais tout chez lui, sa vision de jeu, ses coups francs, sa technique… Mais il était bon aussi avec la tête, comme en 1984 où il a marqué contre la Yougoslavie !
Le joueur que vous détestiez affronter ?
Je ne le détestais pas, mais c’était Michel Joly, de Lens. Il était super bon. C’était un arrière-droit qui m’avait bien dans sa poche. J’ai souvent eu du mal à le passer.
Willem Letemahulu lors de la saison 1978-1979, sous le maillot de Brest.
Willem Letemahulu lors de la saison 1978-1979, sous le maillot de Brest. (Photo d’archives Le Télégramme)
Quel serait votre onze idéal des joueurs de votre génération ?
C’est celle de la première année à Brest, quand on est monté en première division, avec Vabec ensuite. Il n’était pas là, mais pour moi c’était la meilleure équipe. Dans le vestiaire, en dehors, c’était une bonne ambiance, on s’entendait vraiment bien.
Votre plus grand ratage ?
C’était un match contre Melun. Le terrain était boueux, mauvais, et j’ai raté un but à 100 %. J’étais en face, j’ai voulu frapper, mais le ballon a sauté et j’ai complètement raté cette balle de but ! C’est assez traumatisant pour un attaquant. J’en parlais encore l’autre jour avec mon frère et mes fils.
Willem Letemahulu (SIOL).
Willem Letemahulu (SIOL). (Photo Gerno de Haas)
Le stade le plus chaud dans lequel vous avez évolué ?
À Lens, en 1978. Lens était notre concurrent, on avait gagné 3-1 là-bas, contre Michel Joly, mais c’était super. Quelle ambiance à Bollaert. Il y avait tout, des drapeaux jaune et rouge, des chants… C’est la première fois que je voyais ça. À Rennes aussi, il y avait une belle ambiance, avec 25 000 spectateurs. Mais je trouve que les meilleurs fans sont à Brest, après Lens. À Brest, quand tu joues bien, ils t’acclament, mais quand tu joues moins bien, ils disent « mouille ton maillot », ce genre de choses, et ça, j’aime bien (rires).
La plus grande injustice que vous avez vécue ?
En 1978, j’ai pris un carton jaune sur un match de coupe contre Concarneau. J’avais dit « Merde ! » à l’arbitre. Après le match, Monsieur Bannaire, l’ancien président, René Charlot et Alain de Martigny m’ont dit « Il ne faut pas dire ça à l’arbitre. Si tu veux dire quelque chose, tu le dis dans ta langue, mais pas en français. » Puis on a joué contre Gueugnon pour être champion de deuxième division, on a pris un penalty, je me suis approché de l’arbitre et je lui ai dit, en néerlandais ‘‘stomme koei’’ (prononcez ‘‘chtomeukouy’’). Ça veut dire ‘‘sale vache’’, en néerlandais. Et j’ai pris un carton. Après le match, Alain de Martigny et René Charlot m’ont demandé pourquoi j’avais pris ce carton jaune et ce que j’avais dit à l’arbitre pour le recevoir. Je leur ai répondu que j’avais dit ‘‘stomme koei’’. Et là, ils commencent à éclater de rire, je ne comprenais pas pourquoi. Puis ils m’ont expliqué que la deuxième partie du mot désignait les testicules en français. À cause de ça j’ai été suspendu pour le premier match de première division contre Marseille !
L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Alain de Martigny. Il a été patient avec moi, il m’a accordé sa confiance. Au début, il m’a dit comment il fallait jouer, je disais ‘‘oui, oui, oui’’ mais je ne comprenais pas. Après trois, quatre mois, j’ai commencé à comprendre mais je ne savais pas répondre, puis après six mois je comprenais tout.
Willem Letemahulu (SIOL).
Willem Letemahulu (SIOL). (Photo Gerno de Haas)
Le jour où vous avez décidé de mettre un terme à votre carrière ?
C’était en Hollande, en 1987, au RKC Waalwijk, en D2 néerlandaise. J’avais des blessures, des claquages. Il fallait que j’arrête et que je joue avec les amateurs, chez moi, où j’avais débuté le football. Ça a été très dur. Avant, tu t’entraînais cinq fois par jour et tout à coup, plus rien, c’est terminé. Quand je regarde ma carrière, je suis content, mais je pense que j’aurais pu faire plus. À Guingamp, aux Pays-Bas ou à Lorient, mais à Brest aussi. Physiquement, je n’ai pas toujours été bien, et à Guingamp, Lorient et Valence, j’ai parfois eu du mal à m’adapter à un nouveau jeu.
Le maillot que vous avez récupéré et que vous ne donnerez jamais ?
Je n’ai plus aucun maillot, sauf un, à la mémoire de René Charlot, après un match amical. Il était décédé en mars 1987, il était directeur sportif pendant que j’étais à Brest. Ça, je ne le donnerai pas. Je reste très attaché à sa famille. Quand on va à Brest, on va toujours voir sa femme, Nicole Charlot, on dort là-bas, on voit ses filles. Lui et Yann Daniélou, je les connais depuis 1978 et ils m’ont bien aidé pour m’intégrer.
Willem Letemahulu, saison 1981-1982, face à Calais, avec le maillot de Guingamp.
Willem Letemahulu, saison 1981-1982, face à Calais, avec le maillot de Guingamp. (Photo d’archives Le Télégramme)
Votre plus grand fou rire ?
Il y en a beaucoup, à Brest, Guingamp ou Lorient ! Le coéquipier le plus drôle ? Jocelyn Rico, c’était mon meilleur pote à Brest. On se faisait beaucoup de blagues, avec Bernard Pardo, Saïd Hamimi… On était tout le temps ensemble, on sortait, presque tous les soirs ils étaient chez moi. On écoutait de la musique, on discutait.
Le proche qui a le plus compté ?
Ma femme. Elle a accepté de me suivre partout où je suis allé.
Claude Colas, Willem Letemahulu, Albert Nelson et José Belchior sous le maillot du FC Lorient, saison 1985-1986.
Claude Colas, Willem Letemahulu, Albert Nelson et José Belchior sous le maillot du FC Lorient, saison 1985-1986. (Photo d’archives Le Télégramme)
Si vous n’aviez pas été footballeur ?
Ça, je ne sais pas du tout ! J’ai toujours eu envie d’être footballeur. Je me suis fait opérer de la hanche en octobre, elle était usée, ça fait huit mois que je n’ai pas touché un ballon. Je ne peux même plus entraîner mon club amateur (le Siol, à Cuijk). Tout ça me manque tellement !