Sacha Nokovitch

La Bundesliga et la Bundesliga 2 n'ont pas décroché le milliard, elles l'ont maintenu. Le 5 décembre dernier, la Ligue allemande de football (DFL) a en effet annoncé avoir vendu ses droits de diffusion pour 4,484 milliards d'euros sur quatre ans, de 2025 à 2029. Soit une petite augmentation d'une vingtaine de millions d'euros par saison par rapport au contrat en cours de 4,80 milliards (2021-2025), négocié en juin 2020 en plein Covid.

Le tout en conservant les mêmes diffuseurs : la chaîne historique Sky et la plateforme DAZN. « L'explication majeure de ce succès, c'est qu'il y a de la concurrence, avance Pierre Maes, auteur du livre Le business des droits télé du foot (éd. FYP). Sans concurrence, et on l'a vu en France cette année, les prix ne peuvent pas grimper et DAZN a finalement décidé du prix (400 M€ par saison, complétés par les 100 M€ de beIN Sports) pour la Ligue 1. »

En effet, là où les droits domestiques se stabilisent ou grimpent légèrement dans le Big Five européen, au moins deux diffuseurs de poids bataillent. Sky Sports et TNT Sports (anciennement BT Sport) au Royaume-Uni pour la Premier League, Movistar et DAZN en Espagne pour la Liga et donc Sky et DAZN en Allemagne pour la Bundesliga. En Italie, pour la Serie A, Sky a simplement complété l'offre de DAZN pour obtenir trois affiches en co-diffusion, entraînant une légère baisse du contrat (900 M€ contre 927,5 M€ pour le cycle précédent). En France, avec l'absence annoncée du diffuseur historique Canal+ aux enchères, préjudiciable pour la Ligue, les droits de diffusion de la Ligue 1 ont chuté d'environ 25 %.

Dans le succès allemand, Pierre Maes voit aussi « un grand professionnalisme et une grande habileté de la Ligue à tirer parti de la concurrence. Elle a voulu éviter que Sky et DAZN ne se mettent "d'accord" pour renouveler leurs packages de matches tranquillement. Elle a redessiné les lots (15 au total) et cela a fonctionné. » DAZN réussit en effet à récupérer l'un des produits historiques de Sky, la « Konferenz », l'équivalent de notre multiplex en France, diffusée le samedi après-midi (15 h 30), ainsi que les deux matches du dimanche pour 280 M€ par an. Sky conservera malgré tout le premier choix et le volume de la programmation, avec les affiches du vendredi soir et du samedi à 18 h 30, ainsi que les cinq matches du samedi à 15 h 30 en intégralité pour 620 M€ par saison.

Pour ce nouveau contrat, la Bundesliga a aussi pu compter sur l'appui des chaînes en clair. Le groupe audiovisuel public allemand ARD a prolongé les droits de son Sportschau (3,85 millions de téléspectateurs de moyenne la saison dernière). « C'est une émission de résumés du samedi en fin d'après-midi, un produit très installé dans la culture foot des Allemands, précise Pierre Maes. Pour ce mag et les highlihts du vendredi et du dimanche soir, elle devrait dépenser 110 M€ par saison ! » L'autre gros droit magazine est revenu à la ZDF pour son émission Sportstudio, sans qu'aucun montant ne filtre pour le moment.

Dans un système moins dépendant des droits télé qu'en France - ils représenteraient en moyenne 30 % du budget des clubs de Bundesliga -, la Ligue allemande assure néanmoins une santé financière à ses équipes professionnelles quasiment jusqu'à la fin de la décennie. « La bulle des droits télé n'a pas encore explosé, constate Maes. On est plutôt aujourd'hui sur une stagnation pour les compétitions premium de foot, mais celles-ci sont très rares... Et pour celles qui ne le sont pas, comme pour les autres sports, on constate une nette baisse. »

DAZN fait le pass L1 jusqu'à la fin de saison pour 69€.