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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 21:24 
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Drago Vabec
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Citation:
La Ballade des pendus de Villon

Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 21:24 
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Mich' Drev'
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Tristan Corbière !

Citation:
Bohème de chic

Ne m'offrez pas un trône !
A moi tout seul je fris,
Drôle, en ma sauce jaune
De chic et de mépris.

Que les bottes vernies
Pleuvent du paradis,
Avec des parapluies...
Moi, va-nu-pieds, j'en ris !

- Plate époque râpée,
Où chacun a du bien ;
Où, cuistre sans épée ,
Le vaurien ne vaut rien !

Papa, - pou, mais honnête, -
M'a laissé quelques sous,
Dont j'ai fait quelque dette,
Pour me payer des poux !

Son habit, mis en perce,
M'a fait de beaux haillons
Que le soleil traverse ;
Mes trous sont des rayons.

Dans mon chapeau, la lune
Brille à travers les trous,
Bête et vierge comme une
Pièce de cent sous !

- Gentilhomme !... à trois queues :
Mon nom mal ramassé
Se perd à bien des lieues
Au diable du passé !

Mon blason, - pas bégueule,
Est, comme moi, faquin :
- Nous bandons à la gueule,
Fond troué d'arlequin. -

Je pose aux devantures
Où je lis ; - DÉFENDU
DE POSER DES ORDURES -
Roide comme un pendu !

Et me plante sans gène
Dans le plat du hasard,
Comme un couteau sans gaine
Dans un plat d'èpinard.

Je lève haut la cuisse
Au bornes que je voi :
Potence, pavé, suisse,
Fille, priape ou roi !

Quand, sans tambour ni flûte,
Un servile estafier
Au violon me culbute,
Je me sens libre et fier !...

Et je laisse la vie
Pleuvoir sans me mouiller,
En attendant l'envie
De me faire empailler.

- Je dors sous ma calotte,
La calotte des cieux ;
Et l'étoile pâlotte
Clignote entre mes yeux,

Ma Muse est grise ou blonde...
Je l'aime et ne sais pas ;
Elle est à tout le monde...
Mais - moi seul - je la bats !

A moi ma Chair.de.poule !
A toi ! Suis-je pas beau,
Quand mon baiser te roule
A cru dans mon manteau !

Je ris comme une folle
Et sens mal aux cheveux,
Quant ta chair fraîche colle
Contre mon cuir lépreux !


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 21:24 
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Momo Bouquet
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Citation:
Miossec La Fidélité

Et je sors
Et je drague comme on crève
Avec tellement de choses à regretter
Comme ta langue sur mes lèvres
Et mes mains sur tes poignets
Dis-moi que puis-je y faire
Si je ne sais faire que traîner
Car tu es loin et moi je crève
De ne pouvoir te toucher

Et je sors
Et je drague comme on crève
Avec tellement d'envie à ravaler
Mais si ma bite et mon cœur font grève
Je peux très bien me toucher
Et si ma langue traîne par terre
Je peux très bien l'avaler
Car tu es loin et moi je crève
De ne pouvoir te baiser

Oh mon amour {3x}
Je crève de ne pouvoir t'enlasser
Oh mon amour {3x}
Je crève de ne pouvoir te baiser

Mais si un beau jour je cède
Pourras-tu me pardonner
Mais si un beau jour je m'achève
Dans l'infidélité
Penses-tu que l'on se relève
De tous ces corps si étrangers
Ou que l'on en crève
Ça me ferait tellement marrer

Et si l'envie m'envahit les lèvres
Je peux très bien me lècher
Et si ma langue traîne par terre
Je peux très bien l'avaler

Oh mon amour {3x}
Je crève de ne pouvoir te toucher
Oh mon amour {3x}
Je crève de ne pouvoir te baiser

_________________
Hostile mais pas vulgaire.


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 21:38 
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Franck Lérand
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André Baudelaire

Spleen 1/4

Citation:
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 22:30 
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Bernard Pardo
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Monsieur Léo Ferré :P
Avec le temps

Avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
on oublie le visage et l'on oublie la voix
le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
l'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
l'autre qu'on devinait au détour d'un regard
entre les mots, entre les lignes et sous le fard
d'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
avec le temps tout s'évanouit

avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
mêm' les plus chouett's souv'nirs ça t'as un' de ces gueules
à la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort
le samedi soir quand la tendresse s'en va tout' seule

avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
l'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
l'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
devant quoi l'on s'traînait comme traînent les chiens
avec le temps, va, tout va bien

avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
on oublie les passions et l'on oublie les voix
qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va
et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
et l'on se sent floué par les années perdues- alors vraiment
avec le temps on n'aime plus


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 23:38 
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Sladjan Djukic
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merci le corback ;o))

Rimbaud:

Ophélie (Ophélie est l’héroïne romantique au destin malheureux du drame de Shakespeare, Hamlet)

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile:
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui, tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton cœurécoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits;
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux!
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle!
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton œil bleu!

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.


Image

Le dormeur du val (je dédicace à mes 2 grands oncles morts pour la France en 14/18 )
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

_________________
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Dernière édition par MichelTanguy le Jeu 29 Mar, 2007 23:50, édité 2 fois.

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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 23:47 
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Sladjan Djukic
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à la mémoire de ceux qui sont mort pour la France (ils venaient du monde entier), j'ajoute que je ne suis pas anti militariste, au contraire (c'est un autre débat et pas le topic), mais cette guerre a montré sa propre stupidité et celle de toutes les autres:

la chanson de Craonne

Quand au bout de huit jours le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est fini on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le coeur bien gros comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civelots
Même sans tambours, même sans trompette
On s'en va là-haut, en baissant la tête.


Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne, sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau,
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.


Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer,
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leur tombes.


C'est malheureux de voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire Si pour eux la vie est rose
Pour nous, c'est pas la même chose
Au lieu de s'cacher tous ces embusqués
Feraient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens, car nous n'avons rien
Nous autres les pauvres purotins
Tous les camarades sont tendus-là.
Pour défend'les biens de ces messieurs là.


Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettr' en grève
Vont tous se mettr' en grève
Ce sera votre tour messieurs les gros
De monter sur l'plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-là de votre peau.

Anonyme

_________________
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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 0:09 
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Mich' Drev'
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Gabriel Fouquet a écrit:
pis Mich' Audiard aussi, apres tout, c'est un poete a part entiere lui aussi


absolument

Citation:
puis ça aussi, mais bon, personne ne sais vraiment si c'est authentique, m'étonnerai mais bon:
Citation:
Cher ami,

Je suis toute émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l'abandon ou je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.



Précise quand même que c'est censé être une lettre de George Sand à Frederic Chopin,
et que (pour les distraits) il faut lire un vers sur deux.


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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 0:10 
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Franck Lérand
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merci Michou! en esperant t'voir un jour au péno la chanter avec nous! :D


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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 1:01 
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Bernard Lama
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Aaaah, Villon, Corbiere... (l'est pas morlaisien lui ?). Un vrai régal !


Citation:
Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux acres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton,

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord, et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand ta salive exquise monte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohème,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon cœur !

Arthur Rimbaud, Le Serpent qui danse


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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 1:38 
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Bernard Pardo
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MichelTanguy a écrit:
la chanson de Craonne

T'es dans l'armée de l'air Mich'?
Change de métier...


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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 2:48 
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Paul Le Guen
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A toi, Djibril...

Citation:
J'ai besoin qu'on m'aime
Mais personne ne comprend
Ce que j'espère et que j'attends
Qui pourrait me dire qui je suis ?
Et j'ai bien bien peur
Toute ma vie d'être incompris
Car aujourd'hui : je me sens mal aimé

{Refrain:}
Je suis le mal aimé
Les gens me connaissent
Tel que je veux me montrer
Mais ont-ils cherché à savoir
D'où me viennent mes joies ?
Et pourquoi ce désespoir
Caché au fond de moi

Si les apparences
Sont quelquefois contre moi
Je ne suis pas ce que l'on croit
Contre l'aventure de chaque jour
J'échangerais demain la joie d'un seul amour
Mais je suis là comme avant mal aimé
{au Refrain}

Car je suis mal aimé
{au Refrain 2x}

Cloclo


:lol: :lol: :lol:

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Ici c'est Brou


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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 9:42 
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Citation:
Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée.
Le plus fort orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers, puis à force de coups,
D'ongles, de poings, de pieds il brise le partage,
Dont nature donna à son besson l'usage;
Ce voleur acharné, cet Esau malheureux,
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
Mais son Jacob pressé d'avoir jeûné mesui,
Etouffant quelque temps en son coeur son ennui,
A la fin se défend, et sa juste colère,
Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume, et fait si furieux,
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur mi-vivante, mi-morte,
Elle voit les mutins tous déchirés, sanglants,
Qui ainsi que du coeur, des mains se vont cherchant,
Quand pressant à son sein d'une amour maternelle,
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las,
Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine;
Puis aux derniers abois de sa proche ruine
Elle dit : Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !



Agrippa d'Aubigné, les Tragiques, 1616


Dernière édition par Daredevil le Ven 30 Mar, 2007 10:18, édité 1 fois.

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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 10:00 
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Un coucher de soleil, en Bretagne (José M. de Hérédia)


Un coucher de soleil sur la côte bretonne
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume.
Au loin, brillante encore par sa barre d'écume,
La mer sans fin, commence où la terre finit !

A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ;
Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.

Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.

L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.



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MessagePosté: Ven 30 Mar, 2007 12:00 
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huuum comment dire? "la classe!!" :D


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Razyek

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674

Mar 08 Mai, 2007 17:09

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