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 Sujet du message: [Poesie] Que c'est bôôô
MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 14:31 
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Bernard Lama
Bernard Lama

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Amateurs de poésie, je vous propose de faire tourner les plus beaux textes que vous connaissez.

Je commence par un texte pas du tout nouveau, mais tellement bôôô :D

Joachim du Bellay a écrit:
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay, Les Regrets


A noter une très belle mise en musique (récente) par Ridan que j'ai entendu par hasard à la radio. Je connais pas ce mec mais son adaptation du poême est superbe.


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 14:35 
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Bernard Lama
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Citation:
Rappelle-toi Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse

Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

_________________
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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 15:15 
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Bernard Pardo
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Renaud :
"Peau Aime"

J'ai garé ma mobylette
Devant l'entrée des artistes
J'ai laissé la porte ouverte
Pour avoir un œil sur elle.
Il faudrait pas qu'on profite
Que j' suis en train d' vendre ma cam'lote
Pour s' débiner sur ma chiotte.
J'ai beau mettre des antivols,
Ça fait la neuvième qu'on m' pique,
Ça fait la onzième que j' vole.

Quoi ?
Qui c'est qui dit qu' c'est pas vrai ?
Toi ?
Bah t'as raison mon pote.

J'ai jamais eu d' mobylette
Ou alors quand j'étais p'tit,
Et j' l'avais acheté avec les ronds d' mes économies.
Laisse béton, j' démystifie.

Non, maintenant j'ai une Harley,
Une grosse qu'a un grand guidon, une grande fourche, une grande roue
Un grand trou dans mon budget.
Ma bécane, c'est comme un ch'val.
Ça tombe bien, j' suis conçu pour :
Elle est faite pour épouser la forme de mes jambes arquées.
Sans blague, t'avais pas r'marqué ?
Avec elle, j' suis un cow-boy,
J' suis shérif dans mon quartier.
Porte d'Orléans, j' fais la loi.
Par ici on y croit pas.
Dans l' quartier, on m' traite de goye.
C'était pour rimer avec cow-boy.
Et tous les apaches de Paris
Qu'y m' voient passé sur ma bête,
Y s' fendent la gueule : c'est pas gentil.
Laisse béton, j' démystifie.

J'ai laissé mon perfecto
Derrière, dans la coulisse,
Accrochée au portemanteau
Et pis j'ai eu peur qu'i' glisse
Entre les doigts du tôlier que
Bien qu' ce soit un brave mec,
Qu' aimerai bien m' le chouraver.
Alors j' viens sur scène avec.

Là, j'ai un insigne SS,
L'initiale de ma gonzesse,
Que c'est même pas ma gonzesse,
C'est la femme à mon copain,
Que c'est même pas mon copain.
Parce que moi j'ai pas d' copains,
Pas d'amis, pas d' parents, pas d' relations.
Ma famille c'est la prison,
Mon copain, c'est mon blouson, c'est mon surin.

Quoi ?
Qui c'est qui dit qu' c'est pas vrai ?
Toi ?
Bah t'as raison mon pote.

Des copains j'en ai des tonnes
Toutes les nuits dans tous les rades,
Tous les paumés, tous les ivrognes,
Tous les fous, tous les malades,
Qui devant un perroquet, une Kanter ou un p'tit joint
S' déballonnent dans un hoquet,
Et r'font l' monde à leur image.
Tous ces mecs c'est mes copains.
Touche pas à mon copain.
" Sort dehors si t'es un homme ! "
Moi, euh, dans ces cas là, j' sors pas.
Dans ma tête, j' suis pas un homme,
Dans ma tête, j'ai quatorze ans ;
Dans les muscles aussi d'ailleurs.
J' parlais des muscles des bras.
" Eh, tu veux m' casser la tête ?
Bah qu'est-ce t'attends ? Vas-y ? "
Laisse béton, j' démystifie.

Sur l' bras droit, j'ai un tatouage :
Y a une fleur, y a un oiseau, qui s'envolera plus jamais,
Pis y a l' prénom d'une souris. Une souris qu'est tellement belle,
Qu'i' faudrait qu' j' m'appelle Verlaine pour trouver les mots pour la décrire un peu,
Mais j' vais essayer quand même.
Dans ces yeux, y a tant d' soleil,
Que quand elle me r'garde, je bronze.
Dans son sourire, y a la mer,
Quand elle me parle, je plonge.
Quand j' s'rai grand, on s' mariera,
Pis on aura plein d'enfants,
Même que ce s'ra un garçon,
même qu'i' s'appellera Pierrot.
" Eh !Laisse moi fermer les yeux, Ouais, laisse moi rêver un peu. "
Sur l' bras gauche y' en a un autre :
Un poulbot qui a une gueule d'ange
Et qui joue d' l'accordéon.
Pis en d' sous y a mon prénom.
Euh, y'en a qu' ça dérange ?
Dans l' dos, j' voulais faire tatouer un aigle,
aux ailes déployées,
On m'a dit : " Y a pas la place.
Nan, t'es pas assez carré, alors t'auras un moineau. "
Eh, y a des moineaux rapaces.
Ça fait marrer mes conneries ?
Laisse béton, j' démystifie.

Bon c'est l'heure, moi j'ai fini,
J' vous voie tout à l'heure au bar,
J' vais m' jeter un p'tit Ricard,
Et ça, c'est pas des conneries.


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 15:41 
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Franck Lérand
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Citation:
Est-ce que désormais tu me détestes
D'avoir pu un jour quitter Brest
La rade, le port, ce qu'il en reste
Le vent dans l'avenue Jean Jaurès
Je sais bien qu'on y était presque
On avait fini notre jeunesse
On aurait pu en dévorer les restes
Même au beau milieu d'une averse

Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Même la terre part à la renverse

Le Recouvrance que l'on délaisse
La rue de Siam, ses nuits d'ivresse
Ce n'est pas par manque de politesse
Juste l'usure des nuages et de tes caresses

Ceci n'est pas un manifeste
Pas même un sermon, encore moins une messe
Mais il fallait bien qu'un jour je disparaisse
Doit-on toujours protéger l'espèce ?

Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Même la terre part à la renverse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Est-ce que toi aussi ça te bouleverse ?

Est-ce que toi aussi ça te bouleverse
Ces quelques cendres que l'on disperse
Est-ce qu'aujourd'hui au moins quelqu'un te berce?

_________________
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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 18:32 
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Sladjan Djukic
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Citation:
" Va faire la vaisselle sale morue,

Ou t'auras ma bite dans ton cul,

Va faire la vaisselle grosse te-pu,

Ou je vais encore t'exploser le cul. "


Texte original de :

Anal Capone / Necronembourg / Godmichel / Albatard


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 18:42 
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Mich' Drev'
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Georges Marchais a écrit:
Citation:
" Va faire la vaisselle sale morue,

Ou t'auras ma bite dans ton cul,

Va faire la vaisselle grosse te-pu,

Ou je vais encore t'exploser le cul. "


Texte original de :

Anal Capone / Necronembourg / Godmichel / Albatard


Superbe!!!Comprends pas qu'il ne soit pas dans les manuels scolaires!!!


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 18:53 
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Bernard Lama
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Georges Marchais a écrit:
"Va faire la vaisselle sale morue,
tu t'auras ma bite dans ton cul,
Va faire la vaisselle grosse te-pu,
Ou je vais encore t'exploser le cul. "
Texte original de :
Anal Capone / Necronembourg / Godmichel / Albatard


j'ai la très forte impression que tu souffres du syndrome "Gilles De La Tourette", Georges

mon préféré, (mais pas gai, sans jeu de mot :lol: ) rien que de le lire sonne une musique dans notre tête :

Image
site pas mal:

http://www.amis-arts.com/pageaccueilpoetes.htm
mon poête préféré :

Appolinaire

Salomé ( poésie extraite d'Alcools)

Pour que sourie encore une fois Jean-Baptiste
Sire je danserais mieux que les séraphins
Ma mère dites-moi pourquoi vous êtes triste
En robe de comtesse à côté du Dauphin

Mon coeur battait battait très fort à sa parole
Quand je dansais dans le fenouil en écoutant
Et je brodais des lys sur une banderole
Destinée à flotter au bout de son bâton

Et pour qui voulez-vous qu'à présent je la brode
Son bâton refleurit sur les bors du Jourdain
Et tous les lys quand vos soldats ô roi Hérode
L'emmenèrent se sont flétris dans mon jardin

Venez tous avec moi là-bas sous les quinconces
Ne pleure pas ô joli fou du roi
Prends cette tête au lieu de ta marotte et danse
N'y touchez pas son front ma mère est déjà froid

Sire marchez devant trabants marchez derrière
Nous creuserons un trou et l'y enterrerons
Nous planterons des fleurs et danserons en rond
Jusqu'à l'heure où j'aurai perdu ma jarretière
Le roi sa tabatière
L'infante son rosaire
Le curé son bréviaire

_________________
donnons leur Liabeuf pour les battre: hem !
chuis un "Boomer"! Salut les glands WOKE #CNEWS


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 20:02 
Jacques Prévert a écrit:
Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai !


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 20:04 
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Gilles Kerriou
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L'albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher

"Lalbatros" de Charles Baudelaire


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 20:07 
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Momo Bouquet
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"C'est un trou de verdure..."

_________________
The grape firm


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 20:17 
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Momo Bouquet
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"Hombres" de Paul Verlaine



La galopine
A pleine main
Branle la pine
Au beau gamin.

L’heureux potache
Décalotté
Jouit et crache
De tout côté.

L’enfant rieuse
A voir ce lait
Et curieuse
De ce qu’il est,

Hume une goutte
Au bord du pix,
Puis dame ! en route,
Ma foi , tant pis !

Pourlèche et baise
Le joli bout,
Plus ne biaise
Pompe le tout !

Petit vicomte
De je-ne-sais,
Point ne raconte
Trop ce succès,

Fleur d’élégances,
Oaristys
De tes vacances
Quatre-vingt-dix :

Ces algarades
Dans les châteaux,
Tes camarades,
Même lourdeaux,

Pourraient sans peine
T’en raconter
A la douzaine
Sans inventer ;

Et les cousines,
Anges déchus,
De ses cuisines
Et de ces jus

Sont coutumières,
Pauvre trognons,
Dès leurs premières
Communions ;

Ce, jeunes frères,
En attendant
Leurs adultères
Vous impendant.

_________________
C'est face au regard des gens de droite qu'on s'aperçoit qu'on est de gauche.

Guy Bedos


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 20:43 
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Mich' Drev'
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L'IDOLE
SONNET DU TROU DU CUL

Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d'amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu'au coeur de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré sous le vent cruel qui les repousse,
A travers de petits caillots de marne rousse
Pour s'aller perdre où la pente les appelait.

Mon Rêve s'aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

C'est l'olive pâmée, et la flûte câline,
C'est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !


(Rimbaud, Stupra)


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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 20:57 
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Ramiz Bisha
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Localisation: Dans un pays imaginaire ou tous les hommes seraient égaux
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Citation:
Cors de chasse

Notre histoire est noble et tragique
Comme le masque d'un tyran
Nul drame hasardeux ou magique
Aucun détail indifférent
Ne rend notre amour pathétique

Et Thomas de Quincey buvant
L'opium poison doux et chaste
À sa pauvre Anne allait rêvant
Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent

Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent

Apollinaire


Un peu de vrai poésie dans ce monde de brutes !
Et à la question peut-on rendre beau l'infâme la réponse est oui , Charles Baudelaire l'a fait :

Citation:
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Le ventre en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!

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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 21:19 
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Franck Lérand
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"Demain dès l'aube" Hervé Hugo
Citation:
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.



"Il pleure dans mon coeur" Jean Louis Vervaine
Citation:
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !


"Cris d'aveugle" Leonardo di Corbiere
Citation:
L'oeil tué n'est pas mort
Un coin le fend encor
Encloué je suis sans cercueil
On m'a planté le clou dans l'oeil
L'oeil cloué n'est pas mort
Et le coin entre encor

Deus misericors
Deus misericors
Le marteau bat ma tête en bois
Le marteau qui ferra la croix
Deus misericors
Deus misericors

Les oiseaux croque-morts
Ont donc peur à mon corps
Mon Golgotha n'est pas fini
Lamma lamna sabacthani
Colombes de la Mort
Soiffez après mon corps

Rouge comme un sabord
La plaie est sur le bord
Comme la gencive bavant
D'une vieille qui rit sans dent
La plaie est sur le bord
Rouge comme un sabord

Je vois des cercles d'or
Le soleil blanc me mord
J'ai deux trous percés par un fer
Rougi dans la forge d'enfer
Je vois un cercle d'or
Le feu d'en haut me mord

Dans la moelle se tord
Une larme qui sort
Je vois dedans le paradis
Miserere, De profundis
Dans mon crâne se tord
Du soufre en pleur qui sort

Bienheureux le bon mort
Le mort sauvé qui dort
Heureux les martyrs, les élus
Avec la Vierge et son Jésus
O bienheureux le mort
Le mort jugé qui dort

Un Chevalier dehors
Repose sans remords
Dans le cimetière bénit
Dans sa sieste de granit
L'homme en pierre dehors
A deux yeux sans remords

Ho je vous sens encor
Landes jaunes d'Armor
Je sens mon rosaire à mes doigts
Et le Christ en os sur le bois
A toi je baye encor
O ciel défunt d'Armor

Pardon de prier fort
Seigneur si c'est le sort
Mes yeux, deux bénitiers ardents
Le diable a mis ses doigts dedans
Pardon de crier fort
Seigneur contre le sort

J'entends le vent du nord
Qui bugle comme un cor
C'est l'hallali des trépassés
J'aboie après mon tour assez
J'entends le vent du nord
J'entends le glas du cor


sinon, j'aime donc, un peu tout c'qui sort des "contemplations" de Hugo, Charles Peguy, Prevert, Brel. et quelques trucs de Rimbaud

et pour les pervers, tout en retenue, "la negresse" de mallarmé

ah pis j'ai oublié Verlaine aussi quoi

bref, super original...

et pis paul Eluard aussi, pis Mich' Audiard aussi, apres tout, c'est un poete a part entiere lui aussi.

puis ça aussi, mais bon, personne ne sais vraiment si c'est authentique, m'étonnerai mais bon:
Citation:
Cher ami,

Je suis toute émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l'abandon ou je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.


Votre poupée



Dernière édition par Gabriel Fouquet le Jeu 29 Mar, 2007 21:26, édité 1 fois.

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MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 21:20 
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Momo Bouquet
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A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !


Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
(Les fleurs du mal)

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Hostile mais pas vulgaire.


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Razyek

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