Puis crotte, l'article pour que tout le monde sache de quoi parler:
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Pierre Lees-Melou portera-t-il à nouveau le maillot de Brest ? Touché au mollet droit à Rennes (5-4, 28 avril) et sorti rapidement contre Nantes la semaine passée (0-0), le milieu de 30 ans devrait être trop juste pour la réception de Reims, vendredi (21 heures), et est incertain pour le déplacement à Toulouse, le 19 mai, pour la dernière journée de Ligue 1. Quoi qu'il arrive, le Girondin de naissance, sous contrat jusqu'en 2027, aimerait faire le dernier déplacement avec ses « potes », pour conclure une saison historique. Avant de se pencher sur un avenir qui pourrait s'écrire loin du club.
« On est bientôt à l'heure du bilan, comment jugez-vous cette saison ?
C'est une très belle saison collective, que certains disent exceptionnelle, historique pour le club. Même si ça déplaît à certains, on n'a rien volé, on mérite notre place. On est très fiers.
Au-delà de la surprise, n'est-ce pas une forme de continuité par rapport à la fin de saison passée (10e sur la phase retour) ?
On ne va pas faire les beaux parleurs et dire que ce n'est pas une surprise. En début de saison, dans les objectifs collectifs que le coach nous avait fixés, il n'y avait pas de top 3 ou de top 5. On est surpris d'être si haut, mais pas des performances qu'on réalise.
À quel moment vous êtes-vous dit qu'il y avait un coup à jouer ?
À la trêve. Après sept journées, on était premiers, mais on se disait que c'était passager. Tout le monde prenait des photos du classement. Mais quand vous avez fait tous les matches aller et que vous n'avez perdu que contre Monaco (0-2, 5 novembre), Paris (2-3, 29 octobre) et Lille (0-1, 22 octobre), avec des contextes particuliers et des décisions un peu bizarres (Brest s'était aussi incliné à Marseille lors de la phase aller, le 26 août, 0-2)... Aucune équipe ne nous avait surclassés, et vous vous dites : "pourquoi pas faire un truc".
Pourquoi ne jamais avoir voulu assumer viser une qualification européenne ?
Il y avait une forme de superstition. On a vu que ça faisait chier certains journalistes de voir Brest aussi haut. C'est vrai que ce n'est pas sexy, mais on s'en fout un peu.
« Il (Eric Roy) n'est pas que dans le foot, il a formé un vrai groupe soudé »
Pierre Lees-Melou, au sujet de l'entraîneur de Brest
Vous rendez-vous compte de ce que vous êtes en train de réaliser ?
Depuis Rennes, oui. Pour être honnête, ça nous embêtait quand nos supporters chantaient « Stade Brestois, Coupe d'Europe » tant qu'on n'y était pas. On a tous explosé à Rennes, devant le parcage, et on a chanté cette chanson. À force d'entendre qu'on allait craquer, ça mettait une certaine pression, même si on était assez sûrs de nos forces. Ç'a été un soulagement et une libération. Maintenant, on s'en rend compte, en voyant les réseaux sociaux... On n'a jamais fait autant de Unes de L'Équipe, si ?
Comme le vivez-vous ?
Je suis tranquille nulle part. Les Bretons sont hyper agréables, souriants. "Merci pour ce que vous faites, pour la saison", alors que ça reste notre métier. Ils n'ont jamais vu une telle équipe et sont les plus heureux.
Quelle est la part de responsabilité d'Éric Roy dans cette réussite ?
Oh, elle est grande ! Comme vous le savez, à Brest, c'est le « King » ! Le « King » Éric !
Vous l'appelez comme ça ?
Ça m'arrive, de temps en temps (rires). Mais il n'aime pas trop ça. Dès qu'il est arrivé (le 3 janvier 2023), les résultats et la manière de jouer ont changé. Il a eu une approche complètement différente du coach précédent. Je ne critique pas Michel Der Zakarian. Éric a apporté une certaine fraîcheur, un nouveau système et ç'a pris tout de suite. C'est plus un manager qu'un coach. Il ne va pas souvent crier, pas beaucoup parler sur une séance. Il va prendre les mecs à part, leur parler en tête-à-tête. Il échange avec les familles les soirs de match. Il fait connaissance avec tout le monde, s'intéresse à votre vie privée. Il a instauré des challenges : toutes les cinq victoires, il nous invite au restaurant, on peut avoir des jours off en fonction d'un nombre de points. Il n'est pas que dans le foot, il a formé un vrai groupe.
« Je suis quelqu'un de réfléchi, je pense aussi à l'avenir. Le financier fait partie de la réflexion, même si je n'en fais pas une obsession »
Pierre Lees-Melou, sur les arguments qui pèseront dans sa réflexion sur son avenir
Parlons de ce mois de janvier. Avec du recul, que gardez-vous de votre transfert avorté à Rennes ?
Ç'a été une période un peu compliquée. Je n'ai pas bien compris certains comportements, du président (Denis Le Saint) et du directeur sportif (Grégory Lorenzi). On en a discuté, on n'était pas forcément d'accord. Il y a encore des zones d'ombre. Quand un président veut vous bloquer, vous n'avez pas le choix. Les choses ont été faites maladroitement. Mais avec notre saison, je n'ai pas de regrets.
Vous n'avez pas apprécié que vos dirigeants prennent la parole dans les médias avant de vous parler ?
Le président s'est exprimé le jour du match (contre Montpellier, 2-0, le 14 janvier), deux jours avant le rendez-vous qui était prévu, en disant que j'étais intransférable. À quoi sert un rendez-vous si la décision est déjà prise ? Dans les discussions, il y a eu des maladresses. Ça ne m'a pas empêché de faire mon boulot. Ce qui compte, c'est d'être irréprochable sur le terrain.
Leur discours n'a semble-t-il pas changé. Lilian Brassier a un bon de sortie pour cet été, mais pas vous...
On n'a pas eu de discussions depuis. Il faut aussi que j'aie des propositions, ce qui n'est pas encore le cas. S'il y en a, on les étudiera, et moi seul prendrai ma décision.
Aujourd'hui, vous ne pouvez donc pas dire que vous serez à Brest la saison prochaine, même en cas de qualification pour la Ligue des champions ?
Cet hiver, je disais : "ne m'appelez pas, même si vous avez un club". Mais quand vous avez des propositions difficiles à refuser, sportivement et financièrement, forcément vous vous posez la question. Je ne peux rien certifier. Je vais avoir 31 ans (le 25 mai), je ne me sens pas vieux, je suis toujours ambitieux. On verra si ça coche toutes les cases. Aujourd'hui, je n'ai rien.
L'aspect financier, alors que vous avez l'un des plus gros salaires du club, sera-t-il prépondérant, plus important que de disputer la C1, par exemple ?
Quand on arrive à 31 ans, on ne réfléchit pas comme à 25. J'ai une vie de famille, je ne suis pas très loin de la retraite. Je suis quelqu'un de réfléchi, je pense aussi à l'avenir. Le financier est un élément, même si je n'en fais pas une obsession. Personne ne peut cracher sur trois ou quatre fois son salaire.
« Si je reçois une convocation, même pour une sélection aquitaine, j'annule mes vacances. Si on m'appelle, je suis là ! »
Pierre Lees-Melou, au sujet d'une possible convocation pour les JO 2024
Sur un plan personnel, est-ce la meilleure saison de votre carrière ?
Je le pense. Honnêtement, en termes de plaisir, depuis que le coach est arrivé, ce sont mes plus belles années. Ce sont des valeurs qui me correspondent. L'ambiance, le stade, les joueurs... On s'entend super bien. Je redécouvre ce poste de 6 qui me convient à merveille.
Vous voyez-vous être désigné meilleur joueur de la saison aux Trophées UNFP, lundi prochain ?
Je pense qu'il n'y a pas trop de débat, ce sera notre Kylian Mbappé national. Mais c'est déjà énorme d'être dans les cinq meilleurs joueurs du Championnat. C'est une fierté. Je vais aller à la cérémonie, ce sera aussi une première.
Comment avez-vous vécu le débat, cet hiver, sur une éventuelle place chez les Bleus ?
Moi, ça m'a gêné. Mais c'est à cause du coach, c'est lui qui en a parlé. Dès le lendemain, je lui ai dit : "Vous avez un peu abusé !" Il a fait semblant de ne pas comprendre. C'est gentil, élogieux, mais il n'y avait pas de débat. Il y a des joueurs plus importants, plus expérimentés. Et je n'ai pas reçu de pré-convocation.
Et les JO, ça pourrait vous intéresser ?
Moi, tout m'intéresse. Si je reçois une convocation, même pour une sélection aquitaine, j'annule mes vacances. Si on m'appelle, je suis là ! Je suis sûr que ce ne sera pas le cas. »