LONDRES (AFP) - La Grande-Bretagne a rendu hommage mardi à la créatrice de la chaîne britannique Body Shop, Anita Roddick, pionnière des cosmétiques respectueux de l'environnement et du commerce équitable, décédée lundi soir d'une hémorragie cérébrale.
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Anita Roddick, 64 ans, était entourée de son mari et de ses deux filles lorsqu'elle est morte lundi à 18H30 (17H30 GMT) à l'hôpital de Chichester (sud de l'Angleterre). Elle avait été hospitalisée la veille pour de forts maux de tête.
"Femme incroyable" à l'énergie "phénoménale", Roddick était une "grande activiste" en matière de protection de l'environnement avec une passion "sans mesure" pour les droits de l'Homme, ont salué les responsables d'organisations soutenues par la Britannique.
"Elle était l'une des authentiques pionnières de ce pays", a souligné le Premier ministre Gordon Brown. Elle "restera dans les mémoires comme l'une des femmes d'affaires les plus couronnées de succès de Grande-Bretagne et comme un exemple pour les femmes de son pays cherchant à monter et à développer leur propre entreprise".
Cette "inspiratrice" a constitué un empire de plus de 2.000 boutiques dans cinquante pays, acheté 652 millions de livres (940 millions d'euros à l'époque) en 2006 par le géant mondial L'Oréal, alors qu'elle ne cherchait en 1976 qu'à nourrir sa famille.
Née Anita Lucia Perilli en 1942 à Littlehampton -station balnéaire du sud de l'Angleterre- et fille d'immigrés juifs italiens, elle voulait devenir actrice, mais s'est rabattue sur l'enseignement après avoir été refusée par une école dramatique.
Néanmoins, en pleine euphorie des Sixties, l'envie d'aventures est plus forte que les cours d'anglais et d'histoire qu'elle dispense dans un collège de Littlehampton : Anita part sillonner le monde pendant 18 mois et travaille notamment pour les Nations unies à Genève.
A son retour, sa mère lui présente Gordon Roddick, un Ecossais. Ils se marient en 1970 à Reno aux Etats-Unis et ont deux filles, Justine et Sam.
Après plusieurs expériences dans l'hôtellerie-restauration, elle ouvre le premier magasin "Body Shop" à Brighton (sud). Les murs sont peints en vert foncé pour masquer les taches d'humidité. Mais la couleur convient parfaitement aux produits vendus, élaborés selon les principes de développement durable, à base de composants naturels et sans expérimentation sur les animaux.
Les retraités apprécient de retrouver des produits de beauté à l'ancienne à base de cire d'abeille et de glycérine, les jeunes craquent pour les lotions nettoyantes au concombre et les exfoliants à la fraise.
Son engagement écologique lui vaut le surnom de "Queen of green" -la Reine du vert-, et est précurseur d'un militantisme tous azimuts.
Mais en 2006, elle est accusée de succomber à l"'ennemi" en soutenant l'OPA amicale de L'Oréal, qui fait des tests sur les animaux, valorisant ses propres 19% dans Body Shop à 117 millions de livres (168 millions d'euros).
En février dernier, elle a révélé souffrir d'une hépatite C contractée à l'issue d'une transfusion sanguine en 1971, mais diagnostiquée il y a seulement deux ans.
Sa nouvelle maladie l'a aussitôt poussée à soutenir cette nouvelle cause, s'est souvenu Charles Gore, directeur général de la Fondation pour l'hépatite C. "Ce qui était formidable avec Anita, c'est qu'elle prenait au sérieux toutes les causes qu'elle défendait mais que, elle, elle ne se prenait jamais au sérieux", a-t-il témoigné.
Sir Richard Branson, patron du groupe britannique Virgin, a rappelé que son amie "avait montré la voie, montré au monde que la réussite en affaires peut aller de pair avec la volonté d'améliorer le monde".
Une grande dame