Stade Brestois. Michel Guyot, l'homme de fer
29 mars 2009 - 1 réactions
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Le parcours de Michel Guyot, créateur du groupe du même nom et président du Stade Brestois depuis décembre 2006, a été une succession de défis qui ont forgé la réputation d'un patron à la volonté inoxydable et d'un homme atypique, dont le franc-parler déroute autant qu'il le rend attachant.
�� l'entrée du polder proche d'Océanopolis, sa réussite sociale est affichée en deux mots (Guyot Environnement) au fronton d'une tour de quatre étages. Au sommet de celle-ci, le bureau panoramique de Michel Guyot offre une vue imprenable sur les formes de radoub et sur le port de commerce. À quelques encablures de là, à la fin des années 70, il avait jeté l'ancre d'une petite entreprise de récupération de ferraille devenue le deuxième groupe breton de recyclage des métaux et de traitement des déchets.
Son père le voyait comptable à la ville
«Cette tour, achetée il y a six ans, abritait auparavant une entreprise d'ensachage d'engrais. J'y suis venu souvent le samedi après-midi pour nettoyer la dalle de béton avec une grue et pour pouvoir fumer le cigare que ma femme ne supportait pas», signale, d'un air amusé, Michel Guyot qui aime surprendre et tester son interlocuteur. Admirateur «pour sa malice» de François Mitterrand («J'ai lu tout ce que j'ai pu sur lui»), ce self-made-man avoue avoir usé à son niveau de cette vertu «afin de compenser beaucoup de choses» que l'école qu'il a quittée trop tôt n'a pu lui apporter. «Après le BEPC, je me suis fait virer de ma classe de comptabilité à Kérichen à la suite d'une bulle dans une composition à laquelle je n'avais pas pu prendre part». Ce qui porta un coup fatal au rêve de son père, jardinier municipal, qui imaginait l'aîné de ses six enfants en comptable à la ville de Brest. «Mais je ne voulais vraiment pas de ça!», signale Michel Guyot. Son entrée dans la vie active, après qu'il eut devancé l'appel pour son service militaire, interviendra avec un emploi de chauffeur-livreur pour la laiterie Keryvon. Puis, il rejoindra la société Chambourcy pour qui il assurera des ventes-animations dans les supermarchés pendant quatre ans.
«Ces deux hectares m'ont fait gagner»
Des produits laitiers à la ferraille, le chemin de Michel Guyot fera un détour de quatre ans par la Thomson. «Je suis parti sur un coup de tête, car l'augmentation de salaire qu'on me proposait était ridicule, dix centimes de l'heure!» Epris de liberté, il avait découvert depuis peu que son avenir était ailleurs. «En débarrassant de sa ferraille la ferme de mon grand-père, j'avais, en deux tours seulement, encaissé une belle somme à l'époque (3.200F) chez Lhermitte, qui était le grand ferrailleur en Bretagne. J'ai commencé à faire pareil chez un cousin, chez une tante... Puis, je me suis trouvé un local près de chez Lhermitte, qui a pris conscience de la concurrence que je lui faisais». Michel Guyot deviendra pour cinq ans le directeur de cette entreprise. «Pour remplacer, avec mon BEPC en poche, l'ingénieur des arts et métiers qui partait à la retraite... » Avant de se remettre à son compte et de développer la société Brest Récupération qu'il avait créée à l'âge de 30 ans et qui n'avait pas cessé d'exister. «Les deux hectares achetés sur le polder m'ont fait gagner, car ils m'ont permis de faire un chantier propre. Loin de la mauvaise image dont souffrait le milieu de la ferraille et que nous inflige malheureusement chaque diffusion du film"Max et les Ferrailleurs"».
«Je dis toujours ferrailleur»
Comme son nom l'indique, le groupe Guyot Environnement, à la tête duquel Erwan, le fils, prendra un jour le relais de son père, a pris de l'épaisseur en diversifiant ses activités et en s'orientant vers le traitement des déchets.» Un ferrailleur ne met jamais rien dans une décharge. Quant aux déchèteries, elles ont été créées, après tout, pour rattraper les conneries des élus». Si son image de président du Stade Brestois a supplanté, depuis deux ans, dans l'opinion publique celle de l'entrepreneur, Michel Guyot ne renie rien de son métier. «Les gens de manière générale me donnent l'étiquette d'industriel. Moi, je dis toujours ferrailleur. Je n'ai jamais eu de complexe».
* Yvon Joncour
* Tags : * Sport * Football * michel guyot
Zef et fier de l'être !
Des parties de foot acharnées «dans la rue Viala qui était barrée à chaque extrémité par une voiture pour faciliter nos matchs». Des saisons passées, de 13 à 19 ans, à l'AS Brestoise. De la demi-finale de Coupe Gambardella perdue 2 à 0 auMans face au Stade Français «avec une équipe où je n'étais pas toujours titulaire». Des grandes années du CFA où les rivaux des «Bleus de France» se nommaient Quévilly, Blois, l'Arago d'Orléans. Des derbies ardents avec le Stade Brestois qui divisaient la ville et où il s'était pris à traiter les adversaires stadistes de «bande de curés». Ce Stade Brestois dont il finit par épouser la cause, en allant le supporter avec ses parents. Avant de venir soutenir, au sein de la SODIBA, le Brest Armorique. «Sa disparition m'a fait mal aux tripes, car notre plan de reprise aurait dû aboutir». Il a gardé de cette époque la conviction que «François Yvinec, dont les analyses sont toujours justes (il m'appelle régulièrement), serait aujourd'hui un des meilleurs présidents de Ligue 1 avec les droits télé».
«Président contrarié parce que je n'ai pas l'outil»
Michel Guyot reconnaît «un mérite fou d'avoir repris le club et de ne jamais avoir lâché», à Michel Jestin à qui il a succédé officiellement le 29décembre 2006. «Si c'était à refaire, je ne le referai pas, car, quand on est président d'un club pro, on n'est plus maître de sa vie». Mu par l'ambition de mener, le plus tôt possible, le Stade Brestois en Ligue 1, il se dit «contrarié, parce que je n'ai pas l'outil». Sous-entendu: le grand stade de 20.000 ou 25.000 places, dont la sortie de terre, plusieurs fois différée par la ville, n'est ni pour demain, ni pour après-demain. «Si j'avais cet outil, je pense que je saurais faire aussi bien que les présidents de L1». Comparant Pascal Robert, le directeur commercial du club, qui est pour beaucoup dans la réunion par Brest du premier budget de sponsoring (3,6MEUR) en Ligue 2 «au curé qui allait au moment des voeux dans les fermes chercher un sac de blé» et craignant «une lassitude du monde économique vis-à-vis du club», Michel Guyot a adhéré finalement au projet d'une nouvelle tribune de 5.400 places à l'été 2010. «Le nouveau stade, ce sera pour un autre...»
Bravo Michel ! je crois que c'est de mecs comme toi dont on a besoin !...et en plus tu as su t'entourer de gens compétents (entraineur, joueurs..etc) Pour ce qui est de l'outil, j'espère qu'on l'aura avant ton départ. Pour cela il faut se battre....mais cela tu connais !!. Continue de ferrailler ! Que le stade continue à nous faire rêver, c'est tout ce qu'on demande. Parfois je regrette de ne plus habiter en Bretagne !!...mais mon coeur reste avec vous tous ! J'irai vous voir l'année prochaine quand vous viendrez jouer à Bordeaux, ça c'est sûr !
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