Les gens du voyage commencent à exaspérer bien du monde. Dans le Télégramme du jour, un éditorial assez saignant à ce sujet.

Trop c'est trop. Vraiment trop. Archi trop. Nous ne sommes plus chez nous, j'en suis témoin. Maintenant, ils viennent jusqu'ici, un petit port de mer, une station paisible, un bijou de la côte bretonne, un refuge. Ils nous envahissent, ils s'imposent, ils se répandent, ils surgissent d'un coup, en masse, en bloc, ils dictent leur loi, ils ont décidé de venir alors ils viennent. Et je proteste, comme tous mes voisins, comme tous les honnêtes gens. Je proteste dans le vide, dans le désert, personne ne nous écoute.

D'abord leurs caravanes, leurs longues caravanes, leurs caravanes rutilantes. Collées l'une à l'autre, à la queue leu leu. En un rien de temps, nos carrefours, nos ronds-points sont saturés. La circulation se ralentit, puis s'engorge, puis se fige. Et ils rigolent, ils trompettent, ils règnent. Le code de la route, c'est eux, d'ailleurs elle leur appartient, la route, avec leurs engins, leurs véhicules si puissants qu'on se demande où ils ont pu acheter des trucs pareils. Et vous savez quoi ? Nous, les gens du cru, nous, les vrais habitants, n'avons plus qu'à les regarder passer. Comme des vaches devant le train. Et ils s'installent où, je vous le demande ? Ils la plantent où, leur tente, hein ? Devant la plage, je vous le donne en mille, pile devant la plage. Pour nous narguer. Et ils s'étalent, ils se déploient, ils se répandent, ils sont en pays conquis.

Plus de parking pour les touristes qui assurent la saison, qui mangent des crêpes, des moules et des pizzas. Vous croyez qu'eux, ils consomment des crêpes, des moules et des pizzas ? Je t'en fiche, oui, ils amènent tout, ils dépensent rien, ils occupent, ils se contentent d'occuper, pire que les Anglais. Et je vous dis pas l'odeur. Une odeur de bêtes, une odeur de loin, qui vous prend à la gorge si vous tentez d'approcher. Et c'est pas fini, c'est pas fini. Après l'odeur vient la musique, enfin ce qu'ils appellent de la musique, de la zizique, du tsoin tsoin boum boum. Ah, c'est pas la sonate au clair de lune, je peux vous le jurer, ils savent même pas que ça existe, la sonate au clair de lune, déjà qu'ils connaissent pas les notes, ces gens-là. Et ça vient d'où, tout ça ? Ça parle quelle langue, tout ça (vaudrait mieux dire quelles langues au pluriel, parce que ça cause dans tous les sens, ces gens-là) ? Et ça vient d'où, tout ça, ça va où, tout ça ? Ces gens-là, ils partent comme ils sont venus. Ne reste plus qu'une ou deux affiches de cirque.

Par Hervé Hamon

Analogie troublante avec d'autres populations.

Sauf que eux s'en vont au bout de 2 semaines.