Inscription: Mar 17 Aoû, 2004 23:43 Messages: 16871 Localisation: Ici c'est gris ! Has thanked: 0 time Been thanked: 0 time
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Ca fait au moins plaisir à lire et ça change ! http://www.letelegramme.fr/autres-sports/furlan-le-foot-est-un-spectacle-24-07-2016-11159188.phpDans un monde du football où seul le résultat prime, le nouvel entraîneur du Stade Brestois Jean-Marc Furlan prend un malin plaisir à contre-courant en considérant son sport comme un spectacle et les joueurs comme des artistes. Acte I, scène I, vendredi au Gazélec Ajaccio pour la première journée de Ligue 2.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter la proposition du Stade Brestois ? Ce qui a fait pencher la balance, c'est l'entrevue avec Denis Le Saint. On a passé la journée à la Pointe Saint-Mathieu, on a marché, discuté de plein de choses, même pas de foot, et à 15 h 30, il m'a dit très spontanément : si tu veux, tu deviens notre entraîneur. Cela me faisait six mois sans entraîner (1) mais le problème, c'est que je m'ennuie vite (rires). L'ennui me fait peur. Je n'avais pas de pression particulière pour trouver un club mais si je ne repartais pas là, ça pouvait faire un an et demi sans entraîner après... À LIRE SUR LE SUJET Trois montées à Troyes ! A la fin de votre carrière de joueur, vous avez entraîné les gamins à Libourne, puis l'équipe première, en CFA2, avant de basculer dans le monde pro et d'y évoluer depuis douze ans maintenant. Ce métier d'entraîneur est-il une vocation pour vous ? J'étais déjà un leader en tant que joueur. Je refusais toujours le brassard car je ne voulais pas avoir de rapports institutionnels avec l'arbitrage. Mais, leader, oui. Mes partenaires m'ont souvent dit que je finirai entraîneur. Mais, à la fin de ma carrière, quand je voyais la vie des entraîneurs, critiqués, épinglés, je me suis dit : " Jamais, je ne ferai ça ". Mais, inconsciemment, je passais mes diplômes quand même... J'ai d'abord été grossiste en articles de sport à Libourne. Mais j'avais un ami dans le club qui m'a demandé de donner un coup de main. J'ai été éducateur bénévole de 1993 à 1997. Tout a commencé avec mon fils chez les débutants mais on s'engueulait pas mal alors qu'il n'avait que huit ans (rires). Je suis vite passé en 11 ans, en 13 ans. Et un jour, le président m'a demandé d'être le coach de l'équipe A, en CFA2.
C'est donc seulement à ce moment-là que la question d'entraîner s'est vraiment posée pour vous ? Y avez-vous longuement réfléchi ? Non, vous savez, à ce moment-là, on est au comptoir, devant une bière, il me dit : "Tu as une demi-heure". Bon, je me suis quand même laissé la nuit. Ma famille me disait : "Mais tu t'ennuies, alors vas-y ". J'étais stressé mais j'ai accepté et quand je suis rentré sur le terrain pour la première fois, j'ai su que j'étais fait pour ça. J'étais bien mais, à ce moment-là, je ne pensais jamais faire entraîneur pro un jour. J'étais convaincu que je n'y arriverai pas. Et là, un jour, Aimé Jacquet m'appelle...
Aimé Jacquet ? Il était DTN à l'époque et il me dit de venir au DEPF (diplôme d'entraîneur professionnel de football). Je le connaissais bien, Aimé. C'était flatteur pour moi alors j'y suis allé. Et puis il y a eu les exploits en Coupe avec Libourne et Troyes a fait appel à moi, voilà. Mais, sincèrement, sur la tête de mes enfants, je me voyais bien rester là, tranquille, peinard, en CFA. En fait, j'étais fait pour être entraîneur mais je reculais par peur.
Vous êtes souvent décrit comme un entraîneur porté sur le beau jeu. Quelles sont vos conceptions profondes ? En tant qu'entraîneur, je défends une certaine idée du football. Il y a ceux qui considèrent ce sport comme un sport de duels et ceux, comme moi, qui pensent que c'est un sport d'évitement. J'ai toujours voulu défendre le football de l'émotion, du spectacle. On me dit : " Ça, c'est poétique ", mais si le sport, en l'occurrence le football, n'est pas là pour apporter quelque chose de différent du quotidien... C'est cela que les gens demandent. Le foot est un spectacle. Un joueur, c'est comme un artiste mais la créativité, c'est ce que nous avons décidé ensemble dans la semaine. Il n'y a pas d'improvisation individuelle. C'est ma façon de voir les choses et je ne changerai pas.
Même en cas de mauvais résultats ? Un entraîneur, c'est comme un peintre : quand tu pars dans ton truc, tu gardes ton style. Si on en a marre de moi, je pars, mais tant que je suis là, je fais ce football-là. Certains présidents ne veulent d'ailleurs pas me voir à cause de ça (rires). Mais j'ai ma façon de faire et je n'ai pas envie de me faire ch... Il faut poser ses principes de jeu dès le premier jour si on veut pérenniser un projet.
On vous sent également très exigeant avec vos joueurs ? Oui, mais cool, hein, ce n'est pas la dictature non plus (rires). Pour moi, et je l'ai dit à mon président, au même titre qu'un ouvrier à son travail, un footballeur doit vivre au stade toute la journée, de 9 h à 17 h. C'est ce qui se passe en Italie, en Allemagne... Nous, en France, il y a un entraînement par jour et c'est bon. Le but n'est pas de courir pendant huit heures mais de vivre ensemble et d'acquérir des compétences communes et prendre du plaisir. Aux clubs de proposer des structures pour permettre cela.
Quelles sont les passions qui vous animent en dehors du foot ? Je ne suis pas quelqu'un de très passionnant, vous savez. Je m'intéresse à la politique. Mon père était gaulliste, je connais bien François Baroin mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit. C'est la politique au sens plus large, la place qu'elle prend dans notre vie de tous les jours qui m'intéresse. Je lis beaucoup aussi, même si je n'ai pas ouvert un seul bouquin depuis que je suis là. Des romans, des livres sur le développement personnel, Michel Bussi, des biographies d'hommes politiques, des polars scandinaves... La lecture me permet de m'évader. Nous, les entraîneurs, on est des gens malades qui vivent avec l'attente des gens. Comme quelqu'un qui monte un spectacle, finalement. Car le foot est un spectacle, évidemment, sinon autant jouer à huis clos. Le foot, c'est un plaisir partagé. Et contrairement à ce que les gens pensent, un public peut être content de sa soirée, même après une défaite. Parce qu'ils sont fiers, quoi. Et il y a aussi des victoires dont on n'est pas très fier... Il existe aussi de très bons spectacles sans très bon jeu. Parce que l'équipe a fait passer quelque chose, dans l'engagement, la solidarité... C'est vrai quand même ça, non ?
Vous avez 58 ans. Pensez-vous à la fin de votre carrière d'entraîneur ? Au moment de vous engager pour trois ans à Brest, avez-vous pensé que ce serait peut-être votre dernier coup ? J'en parle parfois avec mes enfants et ma femme. Un entraîneur doit être en bonne forme physique pour avoir beaucoup d'enthousiasme. Alors, je m'entretiens vingt minutes par jour et je fais même des exercices pendant l'entraînement et ça surprend un peu. Et alors ? Je suis à l'entraînement, moi aussi, non ? Ma fin de carrière n'est pas programmée. Je passe par des moments où je me dis que je ne pourrai jamais arrêter et d'autres où j'en ai ras-le-bol. Un entraîneur est toujours sur la pointe des pieds : ça s'arrête ou ça continue du jour au lendemain. C'est l'aspect artistique du truc... (1) Jean-Marc Furlan a été démis de ses fonctions à Troyes le 3 décembre 2015.
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_________________ Samedi 22/01/2011 , Jeudi 05/03/2015 , Samedi 02/12/2017 ... La coupe est pleine !
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