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Bonne lecture
Paul Le Guen, l'anti melon. Portrait
Par Iznogone
Jan 23, 2005, 17:37
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Nourri à la lecture du livre référence d’Ivan Curkovic, « Dans mes buts », bercé par la rumeur montant des tribunes du chaudron à chaque attaque de
Curkovic. Classe et mythique
mes favoris, jamais je n’aurais imaginé devoir prendre la plume pour tirer le portrait d’un gone… Si mon père le savait, il m’enverrait une mandale qui de facto et de jure serait méritée.
Pourtant, là, la suggestion du calife en chef me paraît pertinente. Je développe.
Depuis plusieurs mois, on entend parler à juste titre ou de manière « abracadabrantesque » comme dirait le Grand, des Mourinho, des Wenger, des Rehagel mais aussi des Vahid (plus court et moins casse gueule que le patronyme), des Domenech et des Troussier. On lit et on relit les interviews des stars qui font du bruit quand ils mangent et qui se raclent la gorge chaque fois qu’ils vont l’ouvrir afin de s’assurer de l’intérêt de leur auditoire.
Entre nous Vahid a certes gagné un titre avec le PSG l’année dernière mais il se révèle être meilleur « client » pour les médias que sujet de félicitations pour les virages de Boulogne et d’Auteuil
Pas classe
. Il dénigre le travail de ses prédécesseurs, il insulte le corps arbitral, il voit des taupes à chacun poteau de corner et fait produire à son équipe un jeu qui ferait s'endormir Plastic Bertrand. Raymond le Boucher, pour sa part, qui n’est pas encore Raymond la Science, se distingue plus comme expert du contre-pied et de la joute verbale que comme Docteur honoris de la cause bleue. Quant à Troussier, son profil à la Laurence Boccolini lui attire les sympathies des croque-morts qui ne désirent qu’une seule chose : surprendre le prochain ex-champion du monde à partir au Qatar ou à devenir un Mister Nobody.
Et pourtant, il y a des hommes qui réussissent sans roter, des entraîneurs qui gagnent sans insulter, humilier ni mordre. Ils ont la classe sans costume Smalto ni brushing poivre et sel, parce que la classe, Monsieur, elle ne s’achète pas, elle se transmet.
Ce vieil adage familial (…) colle à la perfection à la peau de Paul Le Guen qui, sans montrer sa dernière voiture dans Auto Magazine, ni passer chez Denisot, réussit là où rien n’était gagné d’avance. Car passer après Santini dans un club jeune qui venait de remporter son premier titre de champion de France s’apparentait à accepter l’ultime défi de Léon Zitrone aux jeux d’intervilles : toucher la vachette sur une pente savonneuse.
Or, non seulement Le Guen s’est ingénié à doubler mais à tripler la mise en s’offrant le luxe de mettre un champion du monde sur le banc à une époque où le merchandising et donc la visibilité est un facteur stratégique de développement pour les clubs mais surtout, Le Guen réussit à maintenir un rythme de croisière malgré la valse de changements intervenus à la fin de la saison 2003-2004. Anderson, Deflandre, Foé, Violeau, Elber, Carrière, Dhorasso, Luyindula, Bréchet, Muller, Edmilson partis et le bateau vogue.
Ce type aime la discrétion, il mérite un portrait pour ne pas avoir été nominé au « Melon d’or ».
Classe
Paul Le Guen, « la patate de Pancran » dixit Denisot vient au monde le 1er mars 1964 à…Je vous le donne en mille : Pancran. Il commence à taper dans le ballon dans sa cours d’école, ce qui n’est pas un scoop, pour signer à Landerneau à 8 ans son premier contrat, que nous appellerons ici licence. Fidèle et malgré les appels du pied de Pancran, sa ville natale, le petit Le Guen reste cinq ans sous les couleurs de Landerneau à écumer les terrains boueux du Finistère, à prendre des coups de la part de fils de marins pêcheurs et à en donner aux affreux jojo qui se moquent de son nom de famille. Bref, du bruit dans le Landerneau dirait ce cher Alexandre Duval (1767-1842) (
http://www.bzh-boutique.fr/lire/traditi ... erneau.php)
Respecté par ses pairs, Paul quitte Landerneau sous les vivas des fillettes en jupettes pour rejoindre enfin Pancran où il cultive la patate et son air de futur entraîneur. Le père étant un fidèle du parti communiste breton, le fils se doit de respecter le plan quinquennal, encore une fois concocté par le paternel. Cinq ans à Pancran en première division de district lui apprend la patience et l’humilité et ce n’est qu’à 18 ans qu’il est repéré, non pas par Charles Biétry comme il le prétend, je suppose, sans vergogne mais par le club phare de la Bretagne d’alors, j’ai nommé le Brest des années 1980.
Mens sana in corpore sano répond Le Guen aux appels du pied des brestois. Il accepte le contrat en 1983, à 19 ans, mais entame également des étude en fac de sciences éco., histoire de ne pas mourir idiot, comme T. Roland. Il n’est pas mort ?
Le Guen débute en division 1 à 19 ans, le 24 août 1984 dans un derby breton élargi entre Brest et Nantes (4-2). Sous les ordres de Dewilder, pendant que Guérin fait ses gammes (Brest 1984-1988), Le Guen joue tout le match aux côtés des mythiques Buscher, Wallace, Rico, Pouliquen, Pardo, Muslin et Bosser. En face Suaudeau a le melon mais pas la solution. Pourtant l’équipe est belle : Bertrand-Demanes, Bibard, Victor Hugo Ramos, Vahid H., Amisse, Adonkor, Bossis, Ayache, Poullain, Baronchelli et Morice le niortais. Les remplaçants Der Zakarian le moissonneuse batteuse et Christophe Robert le jardinier de Tapie n’y changeront rien, Nantes s’incline, Le Guen gagne sa place (26 fois titulaire en 1984-1985). Le Stade brestois finit 9ème, Buscher 3ème meilleur buteur derrière le grand Vahid et Lacombe alors à Bordeaux. La Bretagne se met à rêver et Brest achète Petrovic (meilleur passeur 1985-1986
Classe
à égalité avec Susic et Marcico le toulousain) et Bernardet (meilleur bourrin 1985-1986 avec Amoros et Le Roux) mais sauve sa tête en D1 à la dernière journée. Jules Bocandé nous régale de ses exploits et finit meilleur buteur devant Rocheteau tandis que Buscher pressenti pour la CM 86 s’épuise.
Eté 1986, le Guen ne va pas à la Coupe du Monde, Tapie met le paquet et Yvinec, suiveur en prend du galon en engageant les centres Leclerc dans la bataille. Il engage Keruzore comme entraîneur, Julio Cesar (futur Juve et Dortmund) comme libero et Brown le champion du monde comme vitrine sur la Bretagne. Le Stade Brestois devient le Brest Armorique. Mais Brest finit 8ème, malgré Buscher revenu en état de grâce avec ses 15 buts à égalité avec Fargeon l’ex-servettien, devant Carmelo Micciche et Enzo Francescoli mais derrière le chauve Zénier.
1987-1988, Brest toujours avec Le Guen mais aussi Colleter (37,2 le matin) et le fabuleux paraguayen Roberto Cabanas en mal d’Europe depuis le Mexique (4 matchs 2 buts) ne parviennent pas à décoller et finissent 19ème. C’est la fin des vaches grasses.
1988-1989. Le Guen reste dans son club formateur et remonte aussitôt en D1 avec un Cabanas survolté (22 buts meilleur buteur devant Zitelli), il est temps de changer d’air, Paulo a la peau dure après 1 an de galère en D2.
Nantes n’est pas si loin de Brest et presque un passage obligé avant d’aller au PSG ou à Marseille puisque Bosman n’est pas encore Bosman. Le Guen y restera 2 ans au contact de grands joueurs sans pour autant obtenir de titres majeurs. Mais Burruchaga, Deschamps, Jakovlevic, Desailly, Kombouaré, Loko, Ouédec, Vercauteren, Tioum et surtout Jean-Claude Milani (…) se révèlent de fabuleux partenaires de jeu. Malheureusement Blazevic ne trouve pas la solution qui l’avait mené au sacre en Suisse et l’accostera en demi en CM 98 et Nantes finit 7ème.
L’année d’après, Bossis revient de son passage au Racing mais l’équipe est trop jeune pour s’en sortir. Le Guen stagne, Le Guen s’englue, quand Denisot lui tend la main pour venir au PSG.
PSG finit 3ème en 1992 avec une défense de fer, un jeu de m… et un entraîneur à moustache, alias Artur Jorge. Les parisiens apprennent à défendre et garderont cette culture encore quelques années avec des joueurs
Clache?
comme Ricardo, Colleter, Bruno Germain, Kombouaré, Fournier et bien sûr Le Guen. Devant Christian Pérez, Simba, Nouma, Valdo, Ginola (le brestois lui aussi) ou Bravo (plutôt milieu à cette époque). Dans les buts Bats, sur le banc, les gamins M’Boma et Dutruel. Le Guen croise enfin des internationaux français en exercice. Il élève son niveau de jeu, il apprend la rigueur.
En 1992-1993, toujours le Mourinho moustachu à la tête du club et Le Guen progresse. 2ème du classement derrière Marseille bien sûr qui n’obtiendra pas son titre cette année-là… Llacer, Guérin, Roche et Lama (le brestois lui aussi) s’imposent dans l’équipe tandis que Calderaro cherche désespèrement le bon tempo avec Weah (30 matchs 14 buts).
1993-1994, Le Guen est enfin champion de France. Ce ne sont peut-être pas Sassus ou Cobos qui font la différence mais Rai, Gino et Weah en attaque. C’est le dernier titre de champion du PSG.
Jorge, après avoir été champion d’Europe avec Porto, champion de rien du tout avec le Racing et champion du Portugal de nouveau avec Porto, repart en pleine gloire et champion de France vers d’autres cieux moins glorieux, le Benfica. Luis arrive, frais comme un gardon. Borelli est parti qu’à cela ne tienne, l’entraîneur joueur de Cannes est bien décidé à faire briller son PSG.
Le Guen, pour sa part entame sa quatrième saison à Paris. La saison précédente lui a apporté son premier titre mais également sa plus grande désillusion : 17 novembre 1993 France-Bulgarie au Parc. Neuf mois auparavant exactement, il portait pour la première fois le maillot bleu pour un match qualificatif pour la CM aux USA, Israel-France (0-4), New-York l’attendait, New-York l’attendra. En tout et pour il jouera 17 fois pour les bleus sans jamais participer à une phase finale de CM ou de CE.
1994-1995, personne n’arrêtera le FC Nantes qui domine Lyon, 2ème et le PSG 3ème qui arrive jusqu’en demi-finale de la ligue des champions mangé à l’aller et au retour par le Milan de Baresi et de Savicevic futur finaliste malheureux de l’Ajax Amsterdam des Kluivert, Seedorf, Davids et consorts.
Mais cette défaite s’avère bonne à prendre puisqu’elle donne la rage au PSG d’accrocher la coupe de France et de se qualifier pour la défunte Coupe de Coupes.
Le Guen, vice-champion l’année suivante derrière Auxerre et Guivar’ch atteindra en 1995-1996 le sommet de sa carrière de joueur en remportant à Bruxelles contre le Rapid de Vienne son premier et seul titre européen avec Dely Valdès et Didier Domi comme coéquipiers ce qui relève
Buste droit déjà
de l’exploit, même si avec Eydelie on peut gagner la ligue des champions…
Doubler la mise avec Ricardo comme entraîneur en 1996-1997 aurait été indécent avec Algerino comme arrière gauche, Cauet en milieu et Kennedy sur le banc, en attendant Oswald. Barcelone et Ronaldo (1-0), gardiens du bon goût sauront remettre Leonardo et ses camarades de jeu sur le droit chemin et Le Guen commence à voir au loin dans les brumes du camp des loges, l’écurie d’une fin de carrière. Deuxième encore derrière le Monaco de Tigana cette fois qui présente un visage impressionnant avec notamment Barthez, Bernabia, Petit, Scifo, Henry, Anderson, Ikpeba, Trezeguet.
Ca va trop vite pour Le Guen, 1998, il décide de quitter la capitale et de retourner en Bretagne, chez lui proche de la mer et des bigoudènes. Depuis son départ de Brest, le foot breton,le vrai ne vit plus qu’à Guinguamp et Rennes et croiser Le Graet (et non pas le Great) 17 fois en équipe de France lui faire vite choisir Rennes et Pinault comme point de chute. Il y restera trois ans.
La première année est fantastique puisque Rennes finit cinquième derrière Bordeaux, Marseille, Lyon, Monaco. Il dirige entre autre Revault, Arribagé, Réveillère, Edouard Cissé, Bardon, Nonda en provenance de Zurich. Le stade Rennais et Pinault se surprennent à rêver avec l’intertoto.
La saison 1999-2000 commence bien. Le recrutement est bon : Diatta, Bassila, Gourvennec et Diouf rejoignent la Bretagne. Le Stade rennais commence sa saison en juillet et atteint la finale de l’intertoto, perdue contre la Juve de Zidane (2-0, 2-2). Tous les espoirs sont permis mais le résultat est médiocre, 13ème. Le Guen connaît la pression.
2000-2001 s’avère satisfaisante. Le recrutement est ambitieux. Mais Chappuis, Severino Lukas, Lama, Gava, Echafnoui ou Paisley ne sauveront pas la tête de Le Guen que Pinault ne veut plus voir (8 défaites à domicile). Malgré des victoire à Marseille, Monaco et Paris, une place de 6ème au bout du compte, il le remplace par Gourcuff, excédé de voir les voisins canaris encore une fois champion avec moins de sous dans la besace.
Mauvais plan François P. car le Stade Rennais ne finit que 12ème la saison suivante et Le Guen est libre sur le marché des transferts et Aulas, prouvant une fois de plus qu’arrogance et bêtise ne sont pas des synonymes, engage le producteur de patates de Pancran.
Il ne le regrette toujours pas, les gones non plus.
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