La deuxième partie de saison s'annonce sous de bons augures pour Gaëtan Charbonnier, interviewé dans Ouest France (Lanig)
Stade Brestois. Gaëtan Charbonnier : « 27 buts, ça n’arrivera plus »
Sa première partie de saison sans quasiment marquer, le soutien du public, son caractère, son style de jeu, Gaëtan Charbonnier, l'attaquant du Stade Brestois se livre avant la rencontre face à Amiens, en Ligue 1, ce samedi (20 h).
Gaëtan Charbonnier a été étincelant face à Toulouse, avec un doublé. (Photo MAXPP)
Il est rare de le voir parler à la presse. Il ne s'en cache pas d'ailleurs. Mais Gaëtan Charbonnier avait des choses à dire, après son retour en Ligue 1 avec le Stade Brestois. Muet une grande partie du début de saison, l'attaquant brestois a enchaîné les buts depuis plusieurs rencontres (face à Bordeaux, en Coupe de la Ligue, Lorient, en Coupe de France, puis Toulouse, en Ligue 1). Pour le plus grand bonheur du club finistérien.
Gaëtan, à titre individuel, après une saison exceptionnelle l’an passé, comment avez-vous vécu ce début de saison délicat ?
Ça ne m’a pas dérangé plus que ça. Ma priorité était d’apporter à l’équipe. La réussite, si elle est là tant mieux, sinon tant pis. Tant que le collectif marche… La réussite, je savais qu’elle allait revenir à un moment ou un autre. Il fallait continuer à travailler. Être performant pour faire en sorte que l’équipe soit compétitive. On essaye tous de se tirer vers le haut, de tirer la quintessence des moyens qui sont mis à la disposition du groupe.
Vous ne vous êtes pas donné d’objectif chiffré en début de saison, parce que vous craigniez d’être moins réaliste que l’an passé ?
L’an passé, on avait la possession, on jouait le haut de tableau, donc on avait beaucoup de situations pendant les matchs. On monte, on devient une équipe qui cherche à se maintenir. On a donc une possession différente, moins de situations. Forcément, ça en découle. 27 buts l’année dernière, ça ne m’arrivera plus. Normalement (sourire).
Avez-vous douté quand vous manquiez de réussite devant le but, après ce penalty manqué contre Nice par exemple ?
La réaction après le penalty contre Nice, ce n’est pas du doute. Je tire en force au milieu. J’ai combien de chances de toucher la barre ? Je me dis que la réussite n’est pas là, qu’elle n’est pas revenue, qu’il faut continuer à bosser.
« Je n'ai jamais douté »
Vous ne vous dites pas : « J’ai la guigne », à ce moment-là ?
Non, malgré tout j’essaye d’être productif pour le collectif, d’aider l’équipe à avoir des situations offensives. La réussite, dans une saison elle vient, elle s’en va. Elle n’était pas là depuis le début de saison, maintenant qu’elle est là, j’espère que ça va durer jusqu’à la fin.
Il n’y avait pas de frustration, on ne ressasse pas les situations ratées ?
Il y a des situations que j’ai mal gérées. Mais si je rate une occasion, je sais pourquoi je l’ai loupée. Ça ne sert à rien de cogiter. Le meilleur moyen c’est de marquer des buts le lendemain à l’entraînement. Si tu marques à l’entraînement, tu marqueras en match et ça reviendra au fur et à mesure. Même si oui, c’était frustrant, ça me gênait car le collectif travaillait bien. Mais je n’ai jamais douté.
Y a-t-il eu un déclic ?
Je ne peux pas vous dire. Je prends l’exemple de Toulouse (le premier de ses deux buts inscrits ce jour-là). Si je n’ai pas la réussite là… Je veux juste la reprendre correctement, essayer de cadrer. Elle peut très bien arriver dans les bras de Reynet et non, elle décide d’aller en lucarne. Là tu te dis : « La réussite est revenue, tant mieux ».
Vous avez toujours décroché, êtes venu chercher les ballons, c’était un besoin ?
Aller toucher un ballon, même sur un appui-remise et repartir c’est se mettre dans son match. Et en même temps, en sortant de ma zone, quand je reviens, l’adversaire ne sait pas forcément où je suis alors peut-être qu’à un moment donné il y aura une brèche. Et puis, ça m’a toujours tenu à cœur de venir jouer, d’essayer de faire des décalages. Quand tu es attaquant, tu as parfois la sensation d’être loin, quand le jeu se passe ailleurs, si on n’y va pas une ou deux fois par match, on ne touche pas le ballon. Et un footballeur, depuis qu’il est petit, il veut toucher le ballon. Moi, si je touche trop peu de ballons dans le match, je rentre chez moi et je ne parle à personne. Mais certains vont aimer. Prenez Icardi, dans un style complètement différent. Il touche trois ballons dans le match et 90 % des ballons qu’il touche finissent dans les filets.
« Si ça n'est pas moi qui marque, ce n'est pas grave »
Dans votre période délicate, extérieurement, il y a eu de l’impatience, beaucoup d’encouragements aussi, comment l’avez-vous vécu ?
Je l’ai bien vécu, même si j’ai loupé des situations. Par exemple, mon penalty contre Nice est censé finir sur un but. Je sais que j’ai la confiance du groupe. Mais j’ai senti derrière que tout le stade était avec moi et ça m’a fait chaud au cœur. Ce penalty manqué, c’était le couvercle qui se refermait sur la marmite. Après la guigne était finie. Je l’ai ressenti comme ça. Je marque ensuite contre Bordeaux, à Lorient, à Toulouse.
Vous aviez mis tout ce que vous aviez dans cette frappe, sur ce penalty…
Oui je me suis dit « mets tout » au moins on ne pouvait pas me dire « il est trop facile » Et... (il tape dans sa main pour dire que ça ne voulait vraiment pas sourire).
Quel était le message du coach pendant cette période-là ? Il parlait beaucoup de mental…
On n’a pas vraiment discuté. J’ai toujours eu la sensation qu’on me faisait confiance. À partir du moment où j’aidais le collectif, si ça n’est pas moi qui marque ça n’est pas grave.
Quand vous sortez face à Nice, il y a une acclamation. Le stade est avec vous. Qu’est-ce qu’on ressent ?
Ça m’a fait chaud au cœur. Si j’avais connu cette période-là dans certains clubs où je suis passé avant, ça aurait été des sifflets. Je pense que j’aurais eu des sifflets bien avant ce match-là d’ailleurs.
Votre investissement défensif est encore plus important cette saison, vous jouez moins la carotte, êtes le premier défenseur….
Ben déjà on défend plus. Après… l’année dernière, je n’avais pas la sensation de jouer la carotte, mais sur certains coups oui ! On attaque à onze, on défend à onze, il faut que tout le monde y mette du sien.
Vous préférez avoir le ballon que courir après…
Je préfère défendre en avançant plutôt que d’être collé à nos 16 mètres et avoir 80 mètres pour attaquer. Ce qui ne met pas forcément mes qualités de vitesse en valeur (rires). !
Vous êtes un attaquant de pointe qui pense d’abord collectif, ce n’est pas courant…
Je ne me considère pas comme un attaquant de pointe, davantage comme un 9 et demi, 10.
« On m'a collé une étiquette »
On dit que Gaëtan Charbonnier est un beau joueur à voir évoluer. Est-ce que ça vous importe ?
Il y en a qui vont lire ces attitudes différemment. Vous dites que je suis un beau joueur, mais d’autres vont dire que je suis hautain. Mais quand on me connaît… Je ne prends personne de haut. Certes, je ne parle pas beaucoup dans les journaux (rires), c’est rare, c’est vrai, mais je suis tranquille. Mais c’est flatteur.
Au-delà de Brest, n’y a-t-il pas une incompréhension générale sur le joueur que vous êtes ? Vous avez joué avant-centre, sans l’être vraiment…
Quand j’ai joué avant-centre, seul devant, ça n’a jamais marché, ou rarement. C’est arrivé avec la réserve à Reims, ça m’est arrivé de jouer en 4-3-3 seul devant, mais par contre je n’avais aucune obligation à rester complètement devant. Je pouvais venir faire le jeu. Arriver lancé sur une défense, je préfère. Plutôt que d’être arrêté et de devoir partir.
Vous êtes un 9 et demi, 10, mais qui a joué attaquant. L’incompréhension part peut-être de là… Et vos 27 buts la saison dernière vous ont fait passer pour un buteur…
Ouais, mais je n’ai pas fait que marquer la saison dernière (rires). Je ne sais pas si c’est de l’incompréhension. Il y a un a priori, parce que très tôt on m’a collé une étiquette qui n’était pas la mienne. Quand on donne cette image-là, et que les gens entendent « profil Giroud » à la télé, ils entendent et intègrent, mais ne regardent pas forcément le joueur et s’attendent à voir comme Giroud. Mais non ! Je n’aime pas tout ce qui est comparaison dans le monde du football. Chaque joueur a ses propres qualités et ses propres défauts. On ne peut pas comparer. S’inspirer, oui, mais pas comparer. Les comparaisons peuvent vite desservir.
Le 10 à l’ancienne, de la fin des années 90, avec les Micoud, Zidane, Battles, finalement c’est peut-être à cette période que vous vous seriez le plus régalé…
Avec des si (rires)… J’adore ce style de joueurs, comme j’adore Micka Pagis, Bergkamp… Mais j’adore Icardi aussi. Dans son registre, c’est exceptionnel ce qu’il fait. J’adorais Inzaghi. Mais moi je ne pourrais pas le faire.
On dit que vous êtes un joueur de caractère, pas forcément facile à gérer…
Pas facile à gérer quand on ne me connaît pas. Quand on me connaît, c’est plus facile. Je n’aime pas perdre, donc je râle. Même à l’entraînement. C’est comme ça. Depuis tout petit, j’ai été dans cette « culture de la gagne ». Je fais quelque chose, c’est pour gagner.
Recueilli par David Guézennec et Clément Gruin (c) Ouest France
Source
https://www.facebook.com/ici.brestois.2 ... __tn__=K-R