Natexis voit des taux courts à 4 % en avril...
Avis aux zamateurs...
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Tribunes
Taux refi de la BCE : 4 % avant l’été ?
Natexis Banques Populaires - Alexandre Bourgeois - 13/11/2006
Après avoir augmenté son taux refi cinq fois au cours des douze derniers mois (de 2 % à 3,25 %), la BCE a fait une pause lors de sa réunion de politique monétaire du 2 novembre dernier. Il serait toutefois erroné de penser que Jean-Claude Trichet et ses confrères ont changé leur fusil d’épaule en stoppant le mouvement de remontée des taux. En effet, la conférence de presse du président de la BCE qui a fait suite à la réunion n’a laissé planer aucune ambiguïté : cette pause n’est que temporaire. Dès le 7 décembre prochain, la remontée du taux refi sera poursuivie, portant ce dernier à 3,50 %. En outre, la tonalité du discours a renforcé notre conviction quant à une poursuite de ce mouvement en début d’année 2007. D’ailleurs, la BCE a accueilli l’évolution récente des statistiques économiques et monétaires comme une confirmation de son diagnostic. Néanmoins, selon nous, elle fait une fois de plus erreur…
En effet, l’analyse que fait l’Institution francfortoise de l’évolution de M3 n’est pas convaincante. Certes, après avoir légèrement reflué au début de l’été, l’agrégat monétaire large est reparti à la hausse (8,5 % en glissement annuel en septembre). Toutefois, comme Jean-Claude Trichet l’a reconnu dernièrement, la plupart des recherches académiques accordent désormais une importance très limitée aux agrégats monétaires. La Réserve fédérale américaine en a tiré les conséquences et a décidé de ne plus publier cet indicateur. De plus, la cible que la BCE s’est fixée pour l’évolution de M3 (4,5 % en glissement annuel MM3) est totalement déconnectée de la réalité. Ainsi, depuis la mise en place de la BCE en janvier 1999 (soit quatre-vingt douze mois), cette condition n’a été remplie que neuf fois ! Bref, en toute logique, l’évolution actuelle de M3 ne devrait pas être de nature à susciter un durcissement monétaire.
L’analyse portant sur l’évolution des crédits est moins tranchée. En effet, depuis deux mois, le glissement annuel des prêts aux résidents de la zone euro est repassé au-dessus de la barrière des 10 %, faisant ainsi craindre une bulle du crédit. Toutefois, derrière ce mouvement global se cachent deux tendances antagonistes. D’une part, les crédits aux entreprises continuent leur progression spectaculaire, leur glissement annuel atteignant 12,2 % en septembre, un sommet depuis le lancement de l’UEM. Ce dynamisme ne doit toutefois pas constituer un motif d’inquiétude excessif sachant que les entreprises se sont très fortement désendettées aux cours des premières années de la décennie. D’autre part, les crédits aux ménages sont redevenus plus « raisonnables », repassant sous la barre des 10 % (9,2 % en septembre, un plus bas depuis quinze mois). Au total, si la hausse des crédits aux ménages pouvait commencer à devenir inquiétante il y a quelques mois, elle l’est désormais beaucoup moins.
Concernant la conjoncture actuelle, l’analyse de la BCE est globalement conforme à la nôtre. Même si les chiffres préliminaires des comptes nationaux français peuvent inquiéter, la croissance est « plus rapide que ce qui était généralement attendu un an plus tôt » et les perspectives d’investissement restent « dynamiques ». Toutefois, même si la croissance est un peu plus forte que ce qu’on pouvait attendre, elle reste "maigrichonne" comparée aux hauts de cycle précédents. En outre, les perspectives pour 2007 plaident plutôt pour un ralentissement. Tout d’abord, le principal pays de la zone, l’Allemagne, va connaître la plus forte hausse de la fiscalité indirecte de son histoire. Ensuite, le durcissement de la politique monétaire opéré ces derniers mois va commencer à produire ses effets. Enfin, le ralentissement mondial qu’on attend pour l’an prochain, dans le contexte d’un euro toujours trop élevé, pèsera sur le dynamisme de la zone. Bref, la croissance qui devrait mécaniquement ralentir l’an prochain (1,8 % selon nous après 2,6 % cette année) n’a clairement pas besoin, au vu de la situation actuelle, d’un nouveau tour de vis monétaire. Et ce d’autant plus que l’inflation reste particulièrement maîtrisée. En effet, la baisse du prix du pétrole a permis de mettre en lumière l’extrême faiblesse des pressions inflationnistes endogènes à l’intérieur de la zone euro. Ainsi, l’inflation ne s’élève plus désormais qu’à 1,6 %. Certes, la hausse de la TVA en Allemagne ou une éventuelle remontée du prix du pétrole pourraient avoir un impact haussier. Toutefois, convenons que, dans un contexte de poursuite de la modération salariale (en zone euro, les salaires réels n’ont pas progressé depuis plus de deux ans), les risques sur l’inflation endogène restent très limités. D’ailleurs, au total, en 2007 comme en 2006, la progression de l’IPCH ne devrait pas dépasser 2,1 %. Jean-Claude Trichet aurait donc tout intérêt à prendre son temps pour analyser les conséquences de ses dernières hausses de taux.
Toutefois, comme la Banque centrale européenne s’échine mois après mois à ignorer ces arguments et se réfugie derrière une vision passéiste (la théorie monétariste) et craintive (les risques, les risques, les risques…) de l’économie, il est à craindre qu’elle poursuive sa remontée au rythme actuel d’une hausse de 25 points de base tous les deux mois. Le taux refi devrait donc atteindre 4 % début avril. Une fois que le ralentissement économique se matérialisera (cela devrait arriver dans le courant du printemps), la BCE réalisera alors qu’elle a été trop loin. Malheureusement, il sera trop tard. Le mouvement pernicieux sera en marche et la BCE n’aura plus qu’à préparer à la hâte une retraite en basse campagne, en baissant son taux refi dès la fin de l’année (probablement en novembre).
Je ne suis pas d'accord avec l'analyse de Natexis, des taux de 4 % sont encore exceptionnellement bas (2% seulement au dessus de l'inflation moyenne en zone Euro), cela permet tout juste d'éviter que des bulles de crédit ne se gonfle exagérément, (des pays connaissent une inflation de près de 4 % dans la zone Euro). Cela n'empêche en rien l'investissement des entreprises...
Pour moi l'aggrégat M3 doit continuer à être surveillé dans le cadre de la lutte contre l'inflation qu'elle soit au niveau des prix à la consommation ou dans le prix des actifs que NATEXIS ne prend pas en compte.
Poussez les ménages à consommer en s'endettant par une politique des taux bas est tout simplement une duperie dont les ménages feraient les frais... De plus c'est une croissance à court terme car la "demande" disparait dès que les taux remontent...
Il faut revenir à des choses saines.
Sont droles Natexis ils ne semblent pas au courant que les taux courts sont à 5.25 % aux US et à 5 % en Angleterre...