Ben, j'veux bien, mais on fait quoi alors ?

Si c'est 60 ans pour les profs, certains métiers plus pénibles ça va être 55 ?
Comment ça peut se financer, je vois pas ?

Pour les profs, il faudrait imaginer une évolution de carrière qui les sortirait progressivement des classes, pour des boulots d'encadrement par exemple.

Pour les métiers qui attaquent le physique comme ceux que tu évoquais plus haut ce devrait clairement être départ à 55 maxi, et dans ces cas-là je ne peux pas m'empêcher de faire mon Besancenot et de dire qu'il faut prendre le fric là où il est.

alaise, ta vision du mouvement actuel est bien réductrice, on dirait une intervention de Lefèvre.

Parce qu'ils travaillent dans des entreprises où ils ont une impunité absolue, que ce soit pour faire grêve ou pour protéger des salariés minables qui n'ont pour seul mérite que d'être carté à leur syndicat.
Je rassure tout le monde, je suis dans une de ces boites avec ces syndicalistes verreux qui profitent même de leur bagnole de fonction pour aller à la chasse pendant leur arrêt de travail fictif.
Et parce la plupart de ces entreprises sont étatisées ou en relation directe avec les services publics. Forcément, leur pouvoir de nuisance est immédiat puisque directement en rapport avec notre droit à circuler, à consommer ou plus simplement à vivre.
Et de ce fait, on leur accorde assez vite gain de cause.

C'est bien entendu pour cela que dans la réforme des retraites, les régimes spéciaux sont ignorés. Le gouvernement semble avoir bien joué le coup puisqu'on s'aperçoit que la mobilisation chez les cheminots, les gaziers ou les postiers s'est essoufflée assez vite quand elle n'a tout simplement pas existé.
A contrario on a vu arriver des manifs le samedi puisque ça permet de ne pas perdre de salaire, de mobiliser d'autres salariés qui ne peuvent pas faire grêve, tout en paraissant solidaire du mouvement en gardant le sourire aux lèvres en pensant à sa retraite à 55 ans.

Tout bénef, non ?

On voit que tu vis dans le sud aussi

Mais là, ton financement, comment tu fais ?
Tu augmentes les charges des entreprises, pour finalement geler les salaires du privé ?
Ou alors comme j'ai entendu y'a pas si longtemps, tu taxes le seul avantage de certains salariés du privé en t'attaquant à leur épargne salariale ?

Bref, le privé qui continue de payer dans un pays qui a une dette galopante et qui ne fait pas d'économie sur ses propres lignes budgétaires ?
Tellement facile...

La 2e solution: taxation des flux financiers.

OK.

Mais comment on fait ?
Les flux financiers sont mondiaux. Si on uniformise pas ça à grande échelle, la France toute seule n'arrivera à rien.
C'est une belle utopie, rien de plus, si ?

Pourtant il est temps que ça se concrétise, mais c'est sûr que ça se fera pas tout seul, comme à chaque fois qu'on arrache quelque chose au Capital.

Ben ouais, mais si des rêveurs tablent la dessus pour trouver la solution, et que ça se fait jamais ?
Puisque bon, les autres pays ils les financent leurs retraites, donc pourquoi ils seraient solidaires ?
J'vois bien notre président aller lancer cette idée
"ouais, mais bon, on doit faire partir nos salariés à 55 ans, vous comprenez Mame merkel ?"
"ben, chez nous ils partent à 65 ans, donc bon, démerdez vous nicolas..."

Tellement évident.

Forcément, si je trouve le "mouvement" pas adapté, je passe pour une des plus belles burnes des potes de Sarko. J'ai déjà entendu ça. A croire qu'il y a une répétition des arguments entre "contestataires".

Moi les grèves, elles ne me dérangent pas, il y a des choses à changer c'est clair, mais pour moi ce ne sont pas les bonnes personnes qui sont dans la rue.

Quant à la taxation des flux financiers, mouais pourquoi pas... Il faut voir de quelle façon cela serait organisé.

Sinon, une autre solution : faire payer des impôts à TOUS, même une somme symbolique. Quand on voit le nombre de personnes en France ne payant aucun impôt, c'est incroyable, on a l'impression de payer pour tous les mecs sur-aidés.

Quand je lis que tous les patrons sont des cons, qu'ils voient leur intérêt uniquement devant leur porte, ça me donne envie de bondir, connaissant pas mal de patrons qui luttent pour payer leurs employés, avant même de percevoir un salaire digne des risques qu'ils prennent. Dire patron = connard, c'est pareil que de dire que les manifestants sont tous des alcoolos qui s'lavent jamais, un chien aux pieds, violeur de gonzesses une fois l'alcool mauvais monté.

ou ça:mais tu as raison, toutes ces caricatures n'ont aucun intérêt: je n'ai aucune antipathie envers les patrons de PME, aucune sympathie pour les zonards à clébards, je pense que Ségogo a encore perdu une occasion de fermer sa gueule, je ne pense pas que tous les fonctionnaires sont des fainéants et les salariés du privé de gros bosseurs, que tous les syndicalistes sont des tire-au-flanc profiteurs (sauf peut-être dans le sud-est)...

Quant au caractère utopique de telle ou telle idée qui ne va pas dans le sens du dogme libéral, heureusement que des gens ont rêvé aux congés payés, au droit à la retraite, à la limitation du temps de travail, etc.
Mais il faudra sans doute subir davantage de crises et de régressions avant que ça pète un bon coup et qu'une redistribution sociale des profits assortie d'un vrai contrôle des marchés financiers s'impose comme une solution nécessaire.

Ce n'est pas une caricature de dire que chacun défend ses propres intérêts.

Tu penses que les cheminots se joindraient à une manif' des chauffeurs de taxi, s'ils n'étaient pas concernés ? C'est dans la logique des choses.

Mis à part les lycéens et étudiants, qui, pour 90% se font retourner le cerveau par des syndicalistes qui n'ont pour moi rien à faire à la fac, tout le monde joue pour sa gueule.

Par ailleurs, je lisais dans Ouest-Torchon y a un ou deux jours, que lors des AG de Rennes 2 qui se sont déroulées avant-hier, un nombre important de salariés-syndicalistes-chômeurs a demandé à avoir le droit de voter le blocus de la fac. Y a pas comme un problème ?

Effectivement, ce chacun-pour-soi a des effets dévastateurs. Diviser pour mieux régner... les puissants ont la partie facile en cette période d'individualisme triomphant. Quand tout le monde se sera bien fait baiser, ça recréera du lien

Par contre, ça c'est vrai et dans beaucoup de bahuts...

Je ne sais pas à quoi est dû cet individualisme, mais de là à l'imputer aux gouvernants, j'sais pas...

Il y a tellement de faits "étranges" en France. Je prend pour exemple le fait qu'il est mal vu d'avoir réussi, il ne faut pas exposer trop sa "richesse" (du moins sa réussite)...
Autre exemple, assez marrant : J'accueillais jeudi soir à Nantes un éminent forumiste (pour ne pas le citer Ribool), et nous sommes allés au bistrot avec un autre forumiste (Mola), qui était avec des amis à lui. Une fille jouait de la guitare, et quand on lui a demandé en se marrant si elle savait jouer du Johnny ou du Sardou, elle nous a répondu "ehhh oh mais vous seriez pas un peu faciste vous ???".

Sinon, je ne compte pas le nombre de fois où quand je disais que je faisais des études de droit, on me répondait "ah oui, tes parents sont avocats", "tu votes à droite alors !" etc. alors que j'pense pas non plus avoir une gueule et un comportement de jeune premier bobo.

Bref on n'est pas sortis de l'auberge