rtl.fr a écrit:
JUSTICE - POLEMIQUE 22/09/06
Nicolas Sarkozy enfonce le clou sur RTL
Nicolas Sarkozy campe sur ses positions. Invité de RTL vendredi matin, le ministre de l’Intérieur a confirmé ses accusations contre le tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, qui serait "démissionnaire face aux mineurs délinquants. Il précise néanmoins que "jamais" il n'a voulu "mettre en cause les magistrats dans leur ensemble". Et d’ajouter qu’il ne veut être jugé que par les Français. Fait exceptionnel : Jacques Chirac reçoit ce matin le premier président de la Cour de cassation.
Nicolas Sarkozy persiste et signe
Un ministre en pleine tempête judiciaire et politique. Nicolas Sarkozy pouvait difficilement être plus en situation, alors qu'il a provoqué un tollé sans précédent chez les magistrats, et au-delà dans le monde judiciaire tout entier, en accusant le tribunal de Bobigny de "démission" face à la délinquance des mineurs. Un ministre de l'Intérieur qui se met la justice à dos, ce n'est pas banal. Et ce n'est pas sans risque à quelques mois de la Présidentielle. Invité de RTL vendredi (22 septembre) matin à s’expliquer, le ministre de l’Intérieur n’a en tout cas pas cherché à éteindre le feu. Et encore moins à jouer les pompiers très directement.
Pendant vingt minutes, le "premier flic de France" a défendu mordicus son droit à émettre des critiques face à des juges présumés défaillants. Le ministre de l'Intérieur a rappelé avoir réagi au rapport du préfet de Seine-Saint-Denis, qui mettait notamment en cause "les décisions judiciaires du tribunal pour enfants" du département, "car un magistrat, en l'occurrence le président, s'est fait une spécialité de ne pas jamais mettre en prison un mineur délinquant". Le président de l'UMP a cependant assuré qu'il n'avait "jamais mis en cause les magistrats dans leur ensemble".
S’il reconnaît que les magistrats du parquet font un travail remarquable, il regrette qu’ils ne le suivent pas toujours, parce qu’ils revendiquent une indépendance qui, à ses yeux, est "excessive". "L’indépendance, je la respecte. Mais l’indépendance, ça ne veut pas dire que le seul pouvoir en France où l’expression d’une opinion sur les conditions d’exercice de ce pouvoir serait une remise en cause de l’indépendance", a-t-il plaidé. Et d’ironiser : "Il faut que je pense à devenir magistrat. Ca va devenir confortable !".
"Jai des comptes à rendre aux Français"
"Il n'y a pas une personne qui peut contester ce que je dis", a-t-il lancé. Assurant qu’il avait le soutien de Jacques Chirac à la politique de sécurité qu'il conduit, Nicolas Sarkozy est certain qu’il a aussi celui de la rue. "Quel est mon juge ? Les Français", a-t-il déclaré au micro de Jean-Michel Aphatie. "Je pense qu'en démocratie, pour nous qui exerçons des responsabilités politiques, c'est le jugement des Français qui compte". Avant d'argumenter : "J'ai des comptes à rendre aux Français. Je suis jugé sur des résultats, et peut-être même suis-je assez bien placé pour savoir la réalité de la situation ? Et celui qui connaît le mieux la réalité d'une situation ne devrait rien dire ?".
Selon lui, la réponse politique et judiciaire doit être à la mesure de la demande des Français. Et de s’adresser au président de la Cour de Cassation, qui a mis en cause ses propos : "Je dis à Guy Canivet, que je connais bien, qui est un homme de bien, que si la justice française a pour seul problème (mes) déclarations, c'est qu'elle va bien". Le deuxième acte de la polémique se jouera à l’Elysée ce matin. Le plus haut magistrat de France, qui a dénoncé une nouvelle atteinte au système judiciaire, sera reçu à sa demande par Jacques Chirac à 9 heures. Une requête exceptionnelle.
L.Farge