Ecole nationale des Abrutis
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Les élèves de l'ENA plébiscitent Royal
Le 28 février, les futurs énarques ont organisé leur traditionnelle simulation de la présidentielle.
Ségolène Royal remporte une large majorité des suffrages tandis que Jean-Marie Le Pen fait un score nul.
C'est une vieille coutume à l'ENA : avant chaque scrutin présidentiel, les élèves de l'école procèdent à une simulation d'élection. Cette année le rendez-vous, fixé le mercredi 28 février, était également l'occasion pour les jeunes gens de célébrer la sortie de la "promo République".
Le jour J, dans une ambiance de fête, les étudiants se rendent tout d'abord dans l'une des salles des nouveaux locaux strasbourgeois de l'ENA, réaménagée pour l'occasion en bureau de vote. Le premier tour a lieu dans l'après-midi : c'est un raz-de-marée en faveur de Ségolène Royal. La candidate socialiste l'emporte avec 48,1% des suffrages, suivi de Nicolas Sarkozy avec seulement 24,5% des voix. Le "vote Bayrou", souvent décrit par les sondeurs comme caractéristique des catégories sociales aisées et des professions intellectuelles, n'est pas particulièrement massif. Le candidat centriste n'obtient en effet que 18,9% des votes, un score qui s'inscrit exactement dans la moyenne nationale. Jean-Marie Le Pen, Arlette Laguiller et Frédéric Nihous n'enregistrent, quant à eux, pas un seul bulletin à leur nom.
Le second tour est organisé dans la soirée. Au milieu de la piste de danse, Jean-Laurent Lastelle, l'organisateur de l'évènement, annonce les résultats au micro. Sans surprise, la candidate socialiste l'emporte avec 59% des voix, contre 41% pour son rival de l'UMP. En 2002 déjà, Lionel Jospin était sorti gagnant de ces simili-élections.
Une école de gauche ?
Est-ce à dire que l'ENA est fortement ancrée à gauche ? "Difficile de le savoir", affirme Jean-Laurent Lastelle. "Il y a aussi des libéraux dans cette école. Mais je pense que les étudiants ont jugé le programme de Ségolène Royal plus crédible. Beaucoup ici estiment que les propositions de Nicolas Sarkozy sont impossibles à appliquer, notamment les baisses d'impôts. (...) Par ailleurs, la conception de l'Etat de Ségolène Royal est plus conforme que celle de Nicolas Sarkozy à l'idée que se fait la majorité des élèves de l'ENA du rôle de la puissance publique", explique ce membre du bureau des élèves. "En tout cas, ce n'est parce que la candidate socialiste est elle-même énarque que nous nous sommes prononcés en sa faveur. Les élèves de l'ENA sont très critiques vis-à-vis de leur propre école", poursuit-il.
Interrogé sur l'absence de suffrages en faveur de Jean-Marie Le Pen, Jean-Laurent Lastelle invoque la culture économique des élèves de l'ENA. "Quand on fait des études de droit ou d'économie, on sait que le programme du Front national est inapplicable". Et de conclure : "Peut-être faut-il voir dans ce résultat le signe d'une déconnexion entre la France et ses élites ?".