Tial a écrit:
Jean-Daniel Padovani n’est plus le gardien titulaire du DFCO depuis la fin du premier match de la saison face à Rennes. Il n’est même plus deuxième gardien. La Gazette a invité quelques supporters pour l’interroger.
Le 7 août 2011 est-il le plus mauvais souvenir de votre carrière ?
JEAN-DANIEL PADOVANI : Non, c’est le plus beau ! Mon premier match en Ligue 1… J’ai pris cinq buts, mais je ne pense pas que ma situation actuelle soit due aux cinq buts encaissés face à Rennes (1-5, 1ère journée de Ligue 1).
Si vous aviez gagné 1-0, votre situation aurait-elle été semblable ?
Je pense que cela n’aurait rien changé. Cela n’aurait fait que retarder l’échéance. À mon avis, c’était quelque chose d’acté et cette défaite est tombée à pic. Peut-être que si j’avais fait un gros match à Toulouse, le changement de gardien n’aurait pas eu lieu…
Que s’est-il dit dans le vestiaire après Rennes ?
Trois jours avant le match de Rennes, on a fait une opposition entre nous à Gaston-Gérard. Les titulaires gagnent 1-0 contre les remplaçants. On prend le bouillon, je fais plein d’arrêts et on gagne 1-0… Le lendemain, le coach gueule et dit : « Heureusement que Pado est là pour sauver le match ! » Après Rennes, rien n’a été dit car nous étions tous déçus d’avoir manqué notre premier match en Ligue 1. Deux jours avant, on me disait encore : « C’est grâce à toi que nous sommes montés ». C’est pour ça que cette décision était dure à encaisser.
Le mardi soir après le match, Patrice Carteron m’a appelé pour me dire qu’il n’était pas content de moi et que je ne jouerais pas le prochain match. J’ai pris deux uppercuts dans la tête.
Comment expliquer ce changement radical ?
Moi, je ne peux pas l’expliquer. Bien qu’elles ne soient pas cohérentes, les raisons données ne sont que sportives. J’ai peut-être une grande gueule, mais en quinze ans de professionnalisme, j’ai toujours été apprécié. Il n’y a jamais eu d’embrouilles avec qui que ce soit. J’ai appris dans la presse que je n’étais même pas sur le banc. Après, il y a eu le cas Jérémie Janot. Nous avons le même agent (Jean-Marie Cantona). J’ai su que Dijon avait appelé Janot pour lui faire part de son intérêt. Finalement, Janot était trop cher. Le lundi suivant, à Toulouse, Patrice Carteron m’assure que c’est Janot qui voulait venir. Jérémie m’a assuré le mardi que ce n’était pas le cas.
Mais comment avez-vous pu chuter jusqu’en CFA 2 ?
Il faut rappeler qu’avant tout cela, j’avais discuté de mon contrat avec Bernard Gnecchi. Mi-juillet, tout le monde était d’accord pour une prolongation. Le président m’avait même parlé d’une possible reconversion au centre de formation. On me proposait une année supplémentaire, j’en souhaitais deux. Après Rennes, non seulement j’étais passé sur le banc, mais en plus j’apprenais que je ne signais pas non plus de nouveau contrat. Légitimement, j’ai un peu fait la gueule mais j’ai joué le jeu avec Baptiste Reynet. Lors de mon « jubilé » sur le banc à Valenciennes (4-0), j’ai pris la défense de Baptiste. Le match d’après, j’ai été dégagé. Peut-être a-t-on voulu m’enlever du groupe pour ne pas mettre de pression à Baptiste ? Je ne sais pas. Lors d’un entretien, Younousse Sankharé, alors capitaine, l’avait signalé au coach.
Gardez-vous de bonnes relations avec vos coéquipiers ?
Vous savez le football, c’est le sport le plus individuel de tous les sports collectifs. Je suis toujours très bon ami avec Cédric Varrault et Steven Paulle. J’ai eu des nouvelles de Baptiste Reynet au bout d’un mois. C’est tout. Sinon le néant ! Le milieu… C’est comme ça. Ce qui me dégoûte le plus, c’est par rapport à Luca Passoni, dont peu de monde a pris des nouvelles… Il a failli mourir et ils ne lui ont écrit qu’un mot sur une feuille, signée « Bon courage ». Je n’ai plus que très peu de relations avec mes anciens coéquipiers.
Quelles relations entretenez-vous avec Patrice Carteron et Bernard Gnecchi ?
Malgré plusieurs demandes, je n’avais pas pu avoir de rendez-vous avec le président depuis que j’avais été mis de côté. Suite à mon article paru dans France Football un vendredi, j’ai un rendez-vous avec le coach, on me met en réserve… Au bout d’un mois, Jean-Marc Pellissier (secrétaire général) m’a reçu pour me demander ce que je voulais faire. J’ai aperçu le président mais il ne m’a pas dit bonjour.
Depuis deux semaines, j’ai décidé de rester en CFA 2 où je suis apprécié, respecté, et où je me sens utile. Le week-end dernier, j’étais capitaine. Ça se passe super bien.
Vous continuez à regarder les matchs du DFCO en Ligue 1 ?
Oui, quand j’ai mes places au stade… Sinon, je le mets en fond à la télévision. Quand vous avez fait du bon boulot et qu’on vous fait tout ça, c’est quand même un peu difficile. La douleur est toujours présente, et vu que je suis rancunier… Qu’on ne me fasse plus jouer, pas de problème, mais qu’on ne me fasse pas passer pour un méchant. Et qu’ils arrêtent de tourner l’histoire à leur sauce. Vous savez, les valeurs dans le football…
Avez-vous des pistes pour la saison prochaine ?
Je suis en contacts très avancés avec un bon club de Ligue 1. Mais tant que je n’ai pas fait la photo avec le maillot et l’entraîneur… Pour des conneries, ça peut tomber à l’eau.
Pourquoi ne pas avoir quitté le club lors du dernier Mercato ?
J’aurais dû partir à Valenciennes, surtout que le DFCO me libérait de mon contrat. Ils me suivaient depuis mi-janvier. C’était très chaud mais ils ont finalement décidé de continuer la saison avec leurs gardiens actuels. Concernant Vannes, c’était faux.
L’arrivée de Daniel Yeboah a-t-elle anéanti tous vos espoirs ?
Je savais déjà que ça allait être compliqué. Quand j’ai appris qu’on faisait signer Yeboah pour son expérience, ça m’a un peu énervé. J’ai 200 matchs en Ligue 2, pareil en National, il a 25 matchs en Ligue 2… Autant qu’on me dise qu’on n’est plus content de moi et qu’on ne me veut plus.
Garderez-vous une bonne image du DFCO ? Quels sont vos meilleurs souvenirs au club ?
J’ai récemment dit à Patrice Carteron que mes quinze années dans le football professionnel étaient les plus belles de ma vie. J’ai fait cinq montées, j’ai joué en équipe de France espoirs, j’ai toujours joué le haut de tableau partout où je suis passé, j’ai eu le trophée du meilleur gardien de Ligue 2 en 2007-2008 (avec Angers). L’an dernier, c’était ma plus belle saison, car au niveau personnel, c’était la plus aboutie, et au niveau collectif, il y a eu la montée en Ligue 1. Combien de matchs j’ai joué alors que j’étais blessé ? J’ai toujours serré les dents pour l’équipe. Mes rapports avec les supporters sont excellents. J’ai même une chanson à moi !
Avez-vous regardé le match du DFCO face au PSG en coupe de France ?
Oui, avec le contrôle orienté… ou désorienté ! Après, Baba n’y est pour rien. On lui dit de jouer, il le fait. On a dit à Baptiste qu’il ne faisait que le championnat et que Baba fera les coupes. Il y avait Nice et Istres. Il fait Nice en coupe, et contre Istres, le coach met Baptiste. On peut le comprendre comme un choix. Après, quand c’est Paris en coupe, il remet Baba dans les buts. Ce n’est pas logique. Soit vous enchaînez les matchs, soit il fallait dire que c’est Baptiste qui joue. Surtout que c’était contre Paris. Il fallait le gagner ce match.
Vous n’avez pas fini votre carrière. Quelques pistes pour le futur ?
Quand j’aurai décidé de terminer, j’espère retourner dans un club du sud. Ma femme est toulonnaise. Mais ces cons sont redescendus en DH ! Là, je suis en train de passer les diplômes. Mais, ma carrière n’est pas terminée. Tant que je peux gagner encore ma vie en tant que joueur, je continue. De toute façon mon salaire ne sera jamais imposable à 75 % ! Pour revenir à mon après carrière, j’aimerais pouvoir m’occuper de la formation des 15-16 ans. Sinon, au-delà de cet âge, ça me ferait finir encore dans une formation pro. En même temps j’ai arrêté l’école en seconde pour jouer à Martigues, je ne sais faire que cela.
Alors qu’il est monnaie courante dans le football moderne d’entendre un joueur se plaindre pour le moindre problème, vous aucun mot… Pourquoi ?
Moins une personne parle, et plus, quand elle rompt le silence, ses paroles ont une réelle portée. Si toutes les semaines il y a un truc « Pado pas content » « Pado fait la gueule »… ça devient inaudible. C’est pour cela que je ne dis rien et que je fais mon truc dans mon coin. Pour l’article paru dans France football, je ne voulais pas faire un truc comme ça. Mais l’important n’est pas là. Mes enfants et ma femme ont la santé. Pareil pour moi. Je fais du foot et je gagne bien ma vie. Les gens m’apprécient. Pourquoi j’irais me plaindre ? Ce n’est pas parce que je ne joue pas, que je vais broyer du noir. Cela fait quinze ans que je joue non stop. Je jouerai l’année prochaine. C’est sûr, si j’avais 22 ans, et que j’avais 3 matchs en ligue 1, pour trouver un club ce serait plus dur. Personnellement, j’ai un CV. Je suis assez connu dans le milieu du foot pour pouvoir trouver quelque chose. Les clubs connaissent le foot. Ils savent que l’on peut avoir des difficultés d’un côté, que tout se passe bien de l’autre.
la gazette de côte d'or
http://www.gazette-cotedor.fr/2012/03/0 ... ose-dacte/