Il n'est pas le président le plus médiatique mais quand il finit par accepter un entretien, il est comme son équipe sur le terrain, il joue franc jeu. Denis Le Saint, 60 ans et en poste depuis 2016, vit une formidable aventure avec une inespérée Ligue des champions, qui a renforcé son envie de faire grandir le Stade Brestois, qu'il verrait bien, désormais, disputer une Coupe d'Europe assez régulièrement.
« Comment le si discret président que vous êtes vit-il cette saison, notamment cette effervescence autour de la Ligue des champions ? Bien... Le contraire surprendrait. On est agréablement étonnés de la taille de cet événement, parce qu'à l'extérieur, on ne s'en rend pas compte. La Ligue des champions, c'est une grande montagne qui a envie de vous embarquer, qui donne beaucoup de plaisir et qui fait honneur au football mondial.
« On est contents que Brest compte dans le football français et contribue à améliorer l'indice UEFA de la France »
Denis Le Saint, président de Brest Vous avez donc été embarqué ? Bien sûr. Je ne loupe pas un match et ça fait plaisir de partager cet événement avec les joueurs et le staff. Le protocole d'avant match est très respectueux. On fait de belles rencontres. Et le nouveau modèle me va à merveille. On est content que Brest compte dans le football français et contribue à améliorer l'indice de l'UEFA de la France.
lire aussi Toute l'actualité du Stade Brestois Vous partagez cette aventure avec votre frère Gérard, le président du club de hand féminin de la ville, qui connaît, lui, la Ligue des champions depuis des années. Moi, j'envie le hand avec cette répétition de Ligue des champions, tous les ans. Mais si on n'avait pas eu l'Arena comme salle de haut niveau, on n'aurait jamais fait la Ligue des champions. C'est ce que je dis souvent : aujourd'hui, on n'a pas le stade que Brest mérite d'avoir, car c'est une terre de football. Un stade qui nous permettra, demain, d'avoir les qualités d'accueil et des options financières pour ramener du budget. L'objectif du nouveau stade (prévu pour 2028) est d'avoir les moyens de financer le fonctionnement du club.
Vous vous projetez en Coupe d'Europe dans les années à venir ? Ah, certainement ! J'ai dit à Greg (Lorenzi, le directeur sportif), en juin : ''Il n'y a pas de raison, demain, qu'on ne fasse pas de Coupe d'Europe.'' À partir du moment où on crée les conditions du succès, il n'y a pas de raison qu'on ne fasse pas l'Europe. Je n'ai pas un historique énorme dans le football professionnel, mais on apprend tous les jours dans la gestion du club, dans le financier. J'ai toujours bâti un modèle financier qui n'engage pas l'entreprise.
lire aussi Toute l'actualité de la Ligue des champions De voir autant de passion autour du club, autant de supporters se déplacer à l'étranger, n'est-ce pas votre plus grande victoire ? C'est l'objectif permanent de faire participer tout le monde à cette belle aventure. On est très attentifs à notre politique de prix, pour permettre à tout le monde de venir au stade. Voir tout ce peuple se soulever, hommes, femmes, enfants, les anciens, toutes CSP confondues, c'est mon plus grand bonheur, ma locomotive.
« Ne vous trompez pas, parce qu'il y a beaucoup de monde qui va regarder. Et partout dans le monde ! »
Denis Le Saint, président de Brest Et, aujourd'hui, vous accueillez le plus grand club européen dans la plus grande compétition de clubs. C'est le plus grand match du Stade Brestois et c'est une belle récompense. J'étais loin d'imaginer l'Europe, ce n'était pas dans les plans de départ. Alors, le Real, c'est exceptionnel.
Quel message souhaitez-vous passer à vos joueurs, à votre entraîneur, Eric Roy ? Je n'ai pas grand-chose à dire au coach, si ce n'est, faites-vous plaisir, et aux joueurs, ne vous trompez pas, parce qu'il y a beaucoup de monde qui va regarder. Et partout dans le monde !
« En allant jouer à Guingamp, on prive la ville de Brest du rayonnement de la réception du Real Madrid : c'est triste »
Denis Le Saint, président de Brest Pour la suite de la compétition, vous souhaitiez jouer ''à domicile'' au Stade de France. Finalement, vous resterez à Guingamp. Est-ce un regret ? Évidemment que c'est un regret. J'ai le souhait de faire grandir le club le plus vite possible. Je monte peut-être les marches quatre par quatre. Naturellement, je peux comprendre les contraintes pour les supporters. Après, on n'avait pas, non plus, le timing le plus adapté en termes d'organisation. Mais je n'oublie pas l'idée. J'ai vu que les supporters avaient validé le principe d'aller au Stade de France, en Coupe (*). Donc, ça les intéresse d'aller au Stade de France. En allant jouer à Guingamp, on prive la ville de Brest du rayonnement de la réception du Real Madrid : c'est triste. Ce sera peut-être la seule fois dans l'histoire du club et on l'aura loupée.
(*) Après avoir déployé une banderole « Le Stade de France, on n'en veut pas », mi-décembre, au moment où devait être choisie l'enceinte où Brest poursuivrait son aventure en C1, les supporters de Brest en ont affiché une autre, en Coupe de France, face à Nantes (2-1, le 15 janvier), « Oui au Stade de France », référence au lieu où est prévue la finale de la Coupe lire aussi Brest reste à Guingamp pour la phase finale de Ligue des champions Comment envisagez-vous de capitaliser sur ce parcours ? La Ligue des champions, en termes de moyens, nous permet de couvrir cette saison et la prochaine. Naturellement, il va falloir trouver un nouveau modèle financier. On va avoir une réunion pour regarder de quelle manière, au travers de l'histoire que l'on raconte, on peut capitaliser. Le Stade Brestois est une marque, qui a des valeurs dans lesquelles bon nombre de gens peuvent se retrouver. Comme Saint-Etienne a réussi à entrer dans le coeur des Français.
Ce joli parcours met en valeur des hommes, dont votre entraîneur, qui arrive en fin de contrat. Écrirez-vous l'avenir avec lui ? On a trouvé avec Eric le grand manager qu'on cherchait. Ses qualités humaines sont d'un haut niveau. On avance dans les discussions, mais c'est encore un peu tôt pour négocier, en raison des échéances sportives. Peut-être se dit-il que c'est une aventure durable, qu'on peut faire mieux...
« Le Stade Brestois est une marque, qui a des valeurs dans lesquelles bon nombre de gens peuvent se retrouver. Comme Saint-Etienne a réussi à entrer dans le coeur des Français »
Denis Le Saint, président de Brest Et avez-vous l'assurance de continuer avec Grégory Lorenzi, qui a failli partir l'été dernier ? Je suis naturellement content de l'ensemble de son travail. Vous lui demanderez s'il a envie de partir. Je suis très bien accompagné avec le trio Greg, Pascal (Robert, le DG) et Eric. Si tout ce monde-là se trouve bien pour poursuivre l'aventure, je serai le plus heureux.
Il a aussi le droit de vouloir grandir dans un plus grand club. Mais s'il se plaît à Brest ? Après, vous avez aussi le droit de me demander si je compte prendre un grand club, demain. Ce à quoi je vais vous répondre : non, je veux faire de Brest un grand club. Et c'est ce qu'on a commencé à faire. »
Désolé pour le format !
_________________ allez le stade!!
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