SI VOUS AVEZ LE TEMPS
Stade Brestois : « Il ne faut pas croire que ce qu’on a fait est normal », décrit Grégory Lorenzi
Assuré de disputer une Coupe d’Europe pour la première fois de son histoire, le Stade Brestois ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, comme le confirme Grégory Lorenzi, son directeur sportif.
Après y avoir joué, Grégory Lorenzi est le directeur sportif du Stade Brestois depuis 2016. Après y avoir joué, Grégory Lorenzi est le directeur sportif du Stade Brestois depuis 2016. (Photo Nicolas Créach) Ligue 1 (32e journée). Stade Brestois - FC Nantes, ce samedi (21 h) Vous aviez déclaré il y a quelque temps qu’« après avoir vendu Franck Honorat, tout le monde nous voyait en Ligue 2 ». Et vous voilà en Coupe d’Europe…
Ça montre bien que dans le football, il ne faut jamais se montrer trop affirmatif sur l’avenir… Chaque année, on nous voit descendre, et quand on vend un joueur, c’est tout de suite la catastrophe. Franck, c’était un joueur très important pour nous, et bien évidemment, en le vendant, on s’est affaibli sur le papier. Mais son départ a permis à d’autres joueurs de se développer et le staff a su s’adapter, passant d’un jeu en transition à un jeu de construction, avec plus de possession.
Quand avez-vous compris que la qualification en Coupe d’Europe ne pouvait plus vous échapper ?
Sincèrement, le plus important, c’était le maintien. Une fois le maintien acté, on s’est dit que le Top 10 était envisageable, et une fois que le Top 10 acquis, on a visé plus haut, et ainsi de suite. On a rehaussé nos ambitions au fur et à mesure de la saison, mais je n’y ai cru que quand on l’a acté (face à Rennes). Le football te rattrape toujours quand tu ne le respectes pas. Je ne peux pas empêcher les gens de parler, et je comprends qu’ils l’ont fait, mais quand j’ai entendu « Stade Brestois, coupe d’Europe » un mois avant que ce soit fait (face à Metz, le 7 avril), franchement, j’étais en colère. Brest n’était pas préparé pour ce genre d’événements, et tout aurait pu aller très vite. Il faut toujours garder de l’humilité.
Qu’est-ce qui fait la force de cette équipe, selon vous ?
La cohésion, l’état d’esprit. Aussi, qu’on le veuille ou non, il y a toujours des individualités qui ressortent, et c’est ce qui nous est arrivé. Et on a passé un cap physiquement : les joueurs étaient prêts, et on a eu très peu de blessures, élément majeur pour un groupe comme le nôtre. Sans parler de la part de chance et de réussite qu’il faut pour arriver à réaliser ce genre de performance.
Brest n’était pas préparé pour ce genre d’événements, et tout aurait pu aller très vite. Il faut toujours garder de l’humilité Face à Rennes, le club a-t-il réalisé le plus grand match de son histoire, tout simplement ?
Il est certain que c’est le plus spectaculaire et le meilleur, en termes de sensations, que j’ai vu depuis que je suis à Brest, comme joueur ou dirigeant. Après, je ne peux pas parler pour ceux qui ont connu le Brest Armorique, mais outre le fait que c’était un derby, au scénario fantastique, c’est un match qui nous a permis de décrocher l’Europe pour la première fois. Il marque donc l’histoire du club, c’est une certitude.
La fête a été belle mais la saison n’est pas finie. Quel est l’objectif maintenant ?
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Si on nous avait dit en début de saison qu’on allait décrocher l’Europe, on aurait signé pour n’importe quelle place. Là, on sait que ce sera Ligue Europa minimum, ce qui est déjà incroyable. Mais ce qui est fou, c’est qu’après avoir passé les deux tiers du championnat sur le podium, on serait presque déçu de ne pas s’y accrocher jusqu’au bout. Les joueurs ne sont pas rassasiés.
À lire sur le sujet Grégory Lorenzi, l’architecte du Stade Brestois Pensez-vous que la quatrième place est à éviter ?
Est-ce qu’il vaut mieux finir cinquième que quatrième ? En termes de calendrier, c’est sûr que ce serait plus simple, avec deux ou quatre matchs en moins à jouer, mais sommes-nous dans une position de refuser la possibilité d’accéder à la Ligue des Champions ? C’est vrai qu’il serait presque difficile de finir quatrième, mais pour Brest, ce serait déjà exceptionnel. Il ne faut pas faire la fine bouche : aujourd’hui, moi, je prends tout.
Pour vous, c’est aussi l’aboutissement d’un chemin de huit ans…
Je ne sais pas si les gens mesurent le chemin parcouru et apprécient notre saison à sa juste valeur mais je peux vous garantir que moi, si ! Quand on voit qui on est et d’où on vient, décrocher l’Europe, c’est un exploit tout simplement exceptionnel. Quand vous regardez le haut du tableau, les huit gros budgets sont dans le Top 10. Il n’y a que Brest qui n’a rien à faire là. Normalement, nous, on devait se battre avec Le Havre, Metz, Clermont. Il ne faut pas croire que ce qu’on a fait est normal…
Savez-vous quelles conséquences aura votre bonne saison sur le budget ?
Non, déjà, parce que les droits TV ne sont certes pas encore connus, et qu’une qualification en Ligue des champions rapporte trois fois plus qu’une qualification en Ligue Europa. Cela n’empêche pas de travailler sur plusieurs hypothèses, mais il est évident que plus vite on saura, mieux ce sera. Même si je m’attends à ce que ce soit compliqué quoi qu’il arrive.
Quand on voit qui on est et d’où on vient, décrocher l’Europe, c’est un exploit tout simplement exceptionnel. Quand vous regardez le haut du tableau, les huit gros budgets sont dans le Top 10. Il n’y a que Brest qui n’a rien à faire là Le Stade Brestois rentre désormais dans une nouvelle dimension : le club va-t-il devoir se structurer en conséquence ?
On a beaucoup de travail, mais la priorité n° 1, c’est le stade. On a un siège, un centre d’entraînement, il ne nous manque plus que le stade. Après, ça fait cinq ans d’affilée qu’on est en Ligue 1 mais on n’a encore rien fait. On va jouer l’Europe ? OK, mais on m’a récemment dit que Châteauroux l’avait jouée : qui s’en souvient ? On n’est pas encore installé, et il nous faudra encore des années pour construire quelque chose qui puisse nous permettre de l’ambitionner.
Cette qualification en Coupe d’Europe peut-elle être un accélérateur pour la construction du nouveau stade ?
Je pense qu’il faut profiter de notre saison pour accélérer le processus. Les résultats sont toujours un moteur. Notre saison montre que c’est une nécessité. Sans ça, le club finira par stagner, et tout le travail qui a été fait n’aura servi à rien, ou pas grand-chose.
Avez-vous eu un nouveau retour de l’UEFA ?
Pas depuis qu’on a essuyé un premier refus, non. On sait qu’il va falloir se battre si on veut jouer dans notre stade, mais au final, ce n’est pas nous qui déciderons…
Avez-vous commencé à étudier la possibilité d’aller jouer dans un autre stade ?
Pas encore. On est peut-être naïfs, mais on y croit encore.
Quelle serait la meilleure solution pour vous : jouer à Le Blé devant 5 000 personnes, ou aller ailleurs ?
C’est personnel, et je ne connais pas la position du président, mais jouer devant 5 000 personnes n’est pas du tout quelque chose que j’envisage.
On sait qu’il va falloir se battre si on veut jouer (l’Europe) dans notre stade, mais au final, ce n’est pas nous qui déciderons… Quels seront les pièges à éviter dans les mois à venir ? La difficulté ne sera-t-elle pas de conserver l’identité brestoise ?
C’est la volonté. Mais entre vouloir et pouvoir… On sait que des joueurs seront sollicités, qu’il y aura des discussions, et c’est logique…
Outre Mounié, en fin de contrat, avez-vous la volonté de conserver des joueurs prêtés comme Doumbia, Le Cardinal ou Satriano ?
De notre côté, oui, ce sont quatre joueurs qui ont montré des choses intéressantes. Mais on ne maîtrise pas tout. On verra comment les choses évolueront.
Il reste un an de contrat à Éric Roy. Votre volonté est-elle de verrouiller son contrat ?
Il faut voir comment les choses évoluent, mais on s’est toujours parlé librement. Pour l’an prochain, la question ne se pose pas, il est toujours sous contrat, même s’il sera sûrement sollicité. Mais on n’en a pas parlé, on reste focus sur la fin de saison…
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