Si le Stade reste un éternel objet de désir, c'est grâce à des gars comme Pakito. Chef retraité des Ultras, il est ce que le foot devrait toujours être, entre ferveur, gouaille, mauvaise foi et beaucoup de sentiments.

Il aime le foot au stade, les potes, un club et un seul. Il n'aime pas la boule de cristal qui promet aux «communicants» un avenir radieux sur les bancs de touche. Il jure. «Moi, si le Stade se vend à ces gars dans les dix ans, je n'irai plus. Faut le dire tout de suite, hein. Si on n'est là que pour le business, autant faire un congrès au Quartz, on gagnera du temps». De façon générale, Pakito (ou «Pak» pour les intimes) ne goûte guère à l'onctuosité préfabriquée des babils en vogue. «Depuis que les footeux ont des gars qui leur disent quoi dire, ils n'ont jamais aussi mal parlé. En quoi ça dérange de dire merde quand il faut le dire?», s'agacerait presque celui qui drape Michel Guyot de cette vertu devenue si rare, «c'est pour ça qu'on l'aime bien». Iln'y a pas que le président que Pak aime bien, du côté de la route de Quimper.

Tribune «coup de rouge» et idole

«Dans tout ce que je suis, la place du Stade brestois est très, très haute», s'émeut presque le gazier. Ça lui vient de loin. De la vieille tribune Pen-Huel. Il l'avait appelée «tribunecoup de rouge, parce que tous les anciens buvaient un coup de rouge» et il y allait marmot avec son père au milieu des 300 tondus qui pleuraient encore la mort du Brest-Armorique. «J'ai un peu connu la première grande époque, mais mes vrais premiers souvenirs datent de ce moment». Sa seule «idole» aussi, d'ailleurs, est l'évanoui meneur américain Hendrig Guttierez, «il me fascinait». Alors, dans le désert du ballon rond, Pak a pris chaque fois la route du vieux stade. D'abord avec papa, et puis tout seul. «Le vendredi, je faisais le trajet à pattes de Lambé. On me disait "T'as fait tes devoirs ?" et je disais "Ouais". Mais j'en avais rien àfoutre, des devoirs».

Émotions en fond de RDK

Ce qui comptait alors, c'était les vieilles tribunes et cette odeur particulière qui prend aux tripes un soir de match. «Faut être clair, poursuit-il, le foot c'est là, que là. Moi, je préfère aller au PLLambé que de me taper je ne sais quel truc sur beIN à 17h». Lui, autant que certains et surtout beaucoup mieux que d'autres, sait qu'au fond de la tribune Kemper, la RDK, debout, sous la flotte, naissent les vagues qui submergent les rocs. «De la tristesse, de la colère» bien sûr, mais aussi «des grandes joies». Lui, le franc-tireur, le poil à gratter, a même pleuré de bonheur, «une fois». Il n'a jamais promis qu'on ne l'y reprendrait plus, àcondition, bien sûr, que les Rouge et Blanc ne vendent jamais leur âme.

Au terme d'une rencontre d'une très grande tristesse, une nette cassure s'est révélée entre le public brestois et son équipe. Entre les « Chauvin, démission ! » ou « On s'fait ch... », l'ambiance s'est dégradée au fil du match. Les jours meilleurs tardent.

Les joueurs passent, l'institution reste, dit le dicton. Toutefois, qui, dans la cité du Ponant, n'y est pas allé de sa prose sur le départ de l'ex-chouchou de Le-Blé, Eden Ben Basat, pour la ville rose ? Comme une série télévisée française bâclée, le feuilleton hivernal concernant le « stricker » israélien laisse coi, un sourire jaune se devinant sur le visage des nombreux aficionados brestois. Car, à vrai dire, le seul enseignement de ce désormais fameux 31janvier restera la tristesse du football moderne, avec des messages de plus en plus inquiétants : un joueur boude, la porte du départ lui est ouverte. Le bouquet de fleurs en prime.

Lièvres contre aiglons

Bref, heureusement que la Chandeleur et les crêpes grasses de mamie, qui restent sur l'estomac, ont été dégustées avec ce « hummm » qu'on a pu entendre à l'heure du goûter. Une bonne sieste sur les coups de 17 h 30 pour se remettre d'aplomb, avant d'accueillir Claude Puel et ses troupes, s'est révélée nécessaire. En même temps, Lorient-Rennes... Brest-Nice donc. Les lièvres contre les aiglons. Le nord contre le sud. L'élève Charly Benschop contre le maître Dario Cvitanich. Et une première interrogation concernant ce début de match et l'accueil des Zefs pour leurs protégés mais aussi et surtout pour les dirigeants stadistes. Pour les premiers, qui doivent se rattraper de quatre défaites consécutives à Le-Blé, des encouragements devenus coutumiers. Pour les seconds, rien de particulier. Cela va-t-il durer ? Le premier acte commence tambours battant, dans une enceinte brestoise reconvertie en champ de patates et qui devrait accueillir dès cet été des emplois saisonniers, pour un ramassage de légumes...

Première bronca

Maître Dario et sa cuisse ne résistent tout d'abord pas à la douce fraîcheur finistérienne. Xavier Pentecôte s'amuse comme un bambin dans les 16 mètres stadistes et provoque un corner dont profite le plus connu des Nemanja ? Pecinovic ? pour fusiller le pauvre Thébaux. La balade niçoise est en route. Et quelle balade! Il n'est que 20 h 13. Une demi-heure plus tard, une première bronca se fait entendre. Les Brestois rentrent aux vestiaires menés 1-0, la queue entre les jambes. « Chauvin démission » Dominés par de très séduisants Niçois, jouant quant à eux dans une autre cour, Ahmed Kantari et ses ouailles reviennent sur le carré vert deux minutes avant tout le monde. Histoire de... Histoire d'encaisser un second but et de faire sursauter les retardataires dégustant la fin de leur coupe de champagne dans les entrailles de Le-Blé : 2-0... Et la balade peut continuer, tranquillement. Mais vraiment tranquillement. Quelques « Roux » et « Ben Basat » descendent des travées. La cassure semble proche. Il reste 40 minutes. « On se fait ch... », entame la « RDK ». Ironiquement. Mais toujours avec ce fameux rire jaune.

Réveil urgent

L'ambiance est de plus en plus tendue. Auras remplace Chafni et, cette fois-ci, des « Chauvin démission ! » retentissent. La cassure se rapproche. Il reste trente minutes à jouer... Trente minutes de dépit et de désespoir. Trente minutes d'une affligeante tristesse, résumant la pitoyable prestation stadiste d'hier soir. « Réveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard », chante Sinsemillia. « Réveillez-vous ! ».

"Je ne partirai pas du club sur un échec que représenterai une descente en Ligue 2 et que je tiens pas à imaginer", indique le président du Stade brestois, Michel Guyot, dans une interview au Télégramme.

Le patron des Rouge et Blanc revient également sur le cas Landry Chauvin ("dont je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout, l’intention de me séparer"), le départ d’Eden Ben Basat ("c’était impossible de le retenir") et dit son intention de "se battre jusqu’au dernier match" pour éviter la relégation. Le tout dans le style Guyot : sans tourner autour du pot.

Je quitte le club sur cet échec que représente une descente en Ligue 2 et que j'imaginais même pas un seul instant", indique maintenant l'ex président du Stade brestois, Michel Guyot, dans une interview au Télégramme.

L'ancien patron des Rouge et Blanc revient également sur le cas Landry Chauvin (" j'ai du le licencier , alors que j'avais jamais l’intention de m'en séparer,mais j'ai pas eu le choix"), le départ d’Eden Ben Basat ("c’était une grave erreur que de le laisser partir,son agent nous l'a mis bien profond avec la clause") et dit son intention de se battre " pour laisser le club dans un bon état financier" Le tout dans le style Guyot : en jouant du pipeau".

Plessis?