J'ai bien aimé également le podcast, grand merci.
Ca m'a donné l'envie de replonger dans les souvenirs et archives..
l'angle rivalité opposait surtout à l'époque Bez et Tapie dans les media
Aulas ,Martel déjà en place et Borelli terminait son règne ...
Cannes avec le jeune Zidane était en L1,
Toulon Caen Metz aussi.
Toulon et Brest étaient alors les 2 grands ports militaires de France.
La Division 2 était découpée en deux groupes (A et B) de 18 clubs dont certains petits : Guingamp Beauvais Bourges, Saint-Seurin Avignon, Chaumont, Le mans, Laval , La Roche sur Yon....
La DNCG qui analyse vraiment les comptes des clubs pour la deuxième saison seulement est le bras armé qui nous achèvera.
La DNCG, c'est le bébé de Le Graët qui oeuvre dans la Ligue Nationale de Football depuis 1984 et qui deviendra prédident de la LFP (renommage) en 1991 à la mort de Jean Sadoul.
La LNF avait ajouté en 1985 l’article 9 du règlement administratif de la LNF qui indique qu’en cas de dépôt de bilan d’un club, « il pourra être procédé à la relégation sportive du club dans la division inférieure pour la saison suivante »
En 1991, la DNCG décide donc de 3 relégations administratives en D2 en raison de leur déficit budgétaire
Et les clubs relégués ont essayé de combattre cet article 9 juridiquement mais comme les décisions de recours mettaient en péril la reprise du championnat, tout a repris en force sans attendre de décision en appel.
Bordeaux (300 millions de francs de déficit) 10ème ,
Brest (70 millions soit >10millions d'euros) 11ème et
Nice (57 millions) 14ème
Tous les clubs de France étaient dans le rouge et l'ensemble du déficit était estimé de 1000 millions pour l'ensemble de la L1...
Les grands gagnants sont
Rennes (bon dernier) qui reste miraculeusement en L1 ,
Lens deuxième du groupe B qui a perdu le barrage (en encaissant un 4-0 contre Toulouse en particulier) se verra proposer de rejoindre l'élite alors qu'aucun texte ne prévoyait ce cas de figure et accessoirement engagera Bernard Lama.
Le Havre premier du Groupe B et
Nîmes premier du groupe A accèdent normalement à l'élite.
Strasbourg deuxième du groupe A restera en D2 mais n'est pas passé loin de la bonne surprise même si côté finances c'était pas ça (voir plus bas).
Nice était un club dans l’impasse depuis la fuite du maire de Nice Jacques Médecin en Uruguay. Il y avait, c'est à noter dans son effectif un certain jeune nommé
Eric Roy qui connu ce même traumatisme d'être relégué bien que terminant 14ème, il n'avait pas eu de bon de sortie et il a du jouer toute la saison de D2 avant de rejoindre Toulon, mais sans les garanties de la ville, le club de Nice était facilement la cible des attaques.
A noter que probablement que si l'année 1991 s'était passée dans la situation réglementaire de 2011, alors les valeurs des contrats des joueurs auraient pu être incluses dans les "avoirs" du club. C'est le cas depuis 2011 et il n'y aurait pas eu, alors , à mon avis, de rétrogradation (Certe, on peut considérer que ça fait une belle jambe).
Le souci à froid et l'injustice ressentie (ça reste personnel), c'était que les règles se sont mises en place pendant la partie et ont été poussées par des clubs qui avaient un intérêt à ce ce que cela soit brutal. Jusque là il y avait des avertissements et jamais de sanction pour les clubs donc tous le monde jouait à la limite. C'était en effet un problème structurel pour tout le foot français qu'il fallait attaquer. Mais ce n'était pas isolé sur ceux qui se sont fait taper dessus par la patrouille en premier. Il n'y avait pas encore de sanction intermédiaire non plus de type "encadrement de la masse salariale" à l'époque.
Donc oui bien sûr que le principe de la DNCG c'est bien et c'était du "fair-play financier" à la française avant l'heure mais rétrograder du jour au lendemain ces trois clubs comme première sanction de la part de l'organisme reste en travers de la gorge de pas mal des supporters de l'époque.
Chat GPT m'a retrouvé je ne sais comment une liste probablement approximative de ceux qui ont poussé pour que Brest Bordeaux et Nice soient relégués et déplumés de leurs joueurs : En 1991 au conseil d'administration de la LNF, il y avait :
Président :
Noël Le Graët (Président de l'En Avant Guingamp à l'époque)[
Vice-président :
Claude Bez (Président des Girondins de Bordeaux à l'époque)
Vice-président :
Francis Borelli (Président du Paris Saint-Germain FC à l'époque)
Trésorier : le Président du RC Strasbourg à l'époque
Membre :
Roger Rocher (Président de l'AS Saint-Étienne à l'époque)
Membre : (Président de l'AS Monaco à l'époque)
Membre :
René Rouello (Président du Stade Rennais FC à l'époque - intronisé par Edmond Hervé)
Membre :
Gervais Martel (Président du RC Lens à l'époque)
Membre :
Bernard Tapie (Président de l'Olympique de Marseille à l'époque)
Le Graët, plus simple pour lui d'avoir les sponsors à Guingamp si Brest est en L2, on ne l'aime pas c'est réciproque.
Borelli, opportuniste qui pourrait récupérer quelques bons joueurs ( mais Denisot allait lui succéder)
Bez est le seul qui voudrait que le championnat sportif soit utilisé pour les relégations.
Strasbourg 2ème de D2 dans son groupe n'était pas si loin de monter si on virait un club de D1 de plus.
Roger Rocher : avec Saint-etienne il y a la gué-guerre des sponsors notamment Rallye Brest qui sera racheté par Casino dont le siège est à Saint-Etienne dans les années 1991 - 1992.
Rouello : se sauve en appuyant pour une première mise à exécution de la nouvelle DNCG.
Martel : arrive en L1 en appuyant pour une première mise à exécution de la nouvelle DNCG.
Tapie : ne peut piffrer ni Bez ni Yvinec
Il est à noter qu'une fois relégué, la passion d'Yvinec par rapport à ses joueurs et son incapacité à les "vendre" pour la saison 1991-1992 a malheureusement entraîné une chute bien plus profonde... Le côté romantique et mégalo du bonhomme.
Le site Off parle aussi de ces deux saisons :
https://www.sb29.bzh/90-91.phphttps://www.sb29.bzh/91-92.phppour comprendre le contexte, juste un extrait parlant de ces années là à Strasbourg (Le monde + wikipedia), à cette époque là, l'argent venait beaucoup des comptes publics et c'était pas toujours facile de justifier les dépenses tout en se disant "ça passe parceque la ville ne va pas laisser tomber".
Les politiques étaient pour certains tout autant mégalos que les présidents de club et voulaient leur club de D1 pour le prestige de leur ville.
Citation:
Club évoluant en deuxième division du championnat de football, le RC Strasbourg est en crise : la municipalité a demandé au couturier Daniel Hechter, président du club depuis 1986, de démissionner de ses fonctions après avoir rendu publiques le 19 décembre les conclusions d'un audit révélant un déficit de 89,4 millions de francs.
En 1990, le club gérant l'équipe professionnelle est en division 2 et accuse un déficit de 92 millions de francs, dont 30 millions pour l'année 1989. La ville de Strasbourg prend en charge le déficit pour ne pas voir disparaître le club. Elle transforme en juillet 1990 le club en une société anonyme d'économie mixte locale sportive (SAEMLS). Le capital du club s'élève à 5 millions de francs et malgré un excédent d'actifs de 20 millions de francs sur la saison 1993-1994, la mairie continue à financer le club à hauteur de 140 millions de francs entre 1990 et 1996
En conclusion, aujourd'hui sans cette cicatrice dans l'histoire de mon club, aurais-je le même attachement à cette équipe? je ne le pense pas...