Lorenzi : « On s’est donné les moyens d’exister »Quelques heures après la fermeture du mercato, lundi à minuit, le directeur sportif du Stade Brestois Grégory Lorenzi dresse le bilan des mouvements au sein de l’effectif. Un « recrutement cohérent » par rapport aux moyens et au pouvoir d’attraction du promu.
A Brest aussi, la dernière journée du mercato a été agitée : le défenseur lensois Jean-Kévin Duverne est arrivé dans les dernières heures… Avez-vous craint de rater le joueur ?
Je vais citer l’agent de Jean-Kévin. Par rapport au temps qu’il restait, il me trouvait calme et serein alors qu’eux étaient relativement inquiets (sourire). Le staff se projetait avec le joueur et on a fait en sorte que ça puisse se réaliser.
Il aurait pu aller à Nantes ou vous pensez avoir toujours gardé la main ?
Depuis le matin, le joueur était à Roissy (à l’aéroport), dans l’attente. Lens lui a dit « Tu t’en vas à Nantes », parce qu’il y avait eu un accord. Sauf que lui ne sentait pas le projet nantais à 100 %. Il ne voulait pas se fermer cette porte, mais avait une préférence pour Brest. Cela nous laissait plus de cartes en main. Mais il a fallu comprendre aussi Lens dans la « négo », qui avait une autre offre. Il fallait faire la meilleure négociation possible pour que tout le monde soit content.
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A quel moment êtes-vous tombé d’accord avec le joueur et avec Lens ?
Avec le joueur, il n’y avait rien d’écrit. On est tombé d’accord oralement hier (lundi). Cela s’est fait en toute confiance. Et même si les chiffres étaient plus importants à Nantes, on a tout fait pour que ça puisse se faire à Brest. Avec Lens, on s’est entendu aux alentours de 16 h, et le joueur prenait son vol à 17 h. Il restait la visite médicale et l’examen cardiaque, à 20 h 45. On a fini par vérifier tous les contrats et on a signé au bureau.
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https://www.letelegramme.fr/images/2019 ... 782617.jpgVous avez donc passé votre journée au téléphone avec Lens et le joueur…
Oui, avec Lens, le joueur, l’agent et le coach (Olivier Dall’Oglio).
Avez-vous travaillé sur d’autres dossiers dans la journée ? Le nom de l’attaquant de Strasbourg Nuno Da Costa a circulé…
C’était un joueur avec lequel on était déjà en contact très avancé. Strasbourg privilégiait une vente, un club avait transmis une offre mais le joueur ne voulait pas y aller (le nom de Dijon avait filtré ces derniers jours, NDLR). Il voulait venir chez nous. On a essayé de faire un prêt jusqu’au dernier moment, mais Strasbourg cherchait de son côté un autre attaquant. S’il l’avait trouvé, ça aurait peut-être facilité le deal pour nous. On était dans les starting-blocks mais…
On n’a aucun problème avec Nolan (Roux), au contraire. Mais dans la construction de l’effectif, sportivement, le staff a estimé que c’est un profil qui ne correspondait pas à notre recherche
Y aurait-il pu y avoir des départs dans les dernières heures ?
Il y a eu une possibilité de prêt d’Osei Yaw mais le joueur n’a pas souhaité partir en National (à Concarneau, comme révélé samedi). On avait ouvert la porte à Kévin Mayi, mais il n’y avait pas de solution.
Et Nolan Roux n’est pas revenu à Brest…
Non, ça ne s’est pas fait.
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La rumeur Roux…
Sa venue ne semblait pas d’actualité mais on en déduit qu’il ne faut jamais dire jamais…
On n’a aucun problème avec Nolan (Roux), au contraire. C’est simplement dans la construction de l’effectif, sportivement, le staff a estimé que c’était un profil qui ne correspondait pas à notre recherche. Après, on sait très bien qu’il est pris en grippe aujourd’hui par le public, même s’il n’est pas parti de Brest à Guingamp !
Neuf arrivées (+ le premier contrat pro de Mbock) contre dix départs, la balance des mouvements est à l’équilibre. Vous êtes satisfait ?
Quand je disais une dizaine de joueurs, ce n’était pas forcément dix, mais entre sept et dix arrivées. Donc c’est bien, même si on aurait bien aimé réduire l’effectif d’un ou deux joueurs. Bon, ce n’est pas grave. On est content d’avoir terminé le mercato. Satisfait ? L’avenir nous le dira mais en tout cas, nous, on l’estime cohérent par rapport à notre budget et ce qu’on veut mettre en place.
D’un côté, vous avez eu les jeunes prometteurs que vous cibliez en priorité. Mais de l’autre, le bémol est que vous n’avez pas attiré autant de joueurs d’expérience que souhaités. Il n’y a que Lasne et Baal dans ce registre.
D’accord, mais on n’allait pas faire un joueur d’expérience pour faire un joueur d’expérience. On ne sentait pas, aujourd’hui, de faire Mapou Yanga-Mbiwa au poste de défenseur central. On ne se sentait pas de faire un Serbe à l’Olympiakos (Vukovic, NDLR) qu n’avait pas joué depuis un certain temps. Si on prend un joueur d’expérience, c’est qu’il fait l’unanimité, qu’il est recruté pour être notre leader de défense. Si ce n’est pas le cas, ça ne sert à rien. On n’a pas réussi à trouver ce profil-là. Donc on s’est porté sur un joueur prometteur, avec le potentiel pour s’imposer en Ligue 1, et on a pris Jean-Kévin (Duverne).
Il y aura donc plus de jeunes à potentiel que de trentenaires…
Mais c’était le marché qui ne le permettait pas non plus. Tout le monde parlait de Romain Thomas. Mais Romain Thomas a trois ans de contrat à Angers, et c’est un transfert à cinq millions d’euros. Cette saison, on ne pouvait pas avoir ces joueurs-là.
Le regret n’est pas surtout d’avoir raté Mathias Pereira Lage (parti à Angers) ?
Ce n’est pas un regret parce qu’on a proposé 1,5 million d’euros à Clermont avec des bonus, mais l’offre a été refusée. Le président (Ahmet Schaefer) voulait 2,5 millions d’euros, Brest ne pouvait pas payer ce montant. Angers a fait énormément de ventes, a plus d’années en Ligue 1, donc a cette manne financière pour payer cette indemnité.
Tisserand ne se voyait pas quitter Wolfsburg pour Brest, Isimat-Mirin a choisi Toulouse… Je le ressens quand je contacte des joueurs avec plus de maturité en Ligue 1, dans leur esprit, on n’est pas encore un club installé
Et un promu, ça attire moins ?
C’est clair ! Le cas de Tisserand sur le poste de défenseur central, ça n’a pas pu se faire parce qu’il ne se voyait pas quitter Wolfsburg pour venir à Brest. Isimat-Mirin (Besiktas), quand on est allé aux renseignements, il avait Toulouse, Amiens, Rennes, d’autres clubs qui l’ont sondé. Et il est allé à Toulouse ! Brest aurait été un choix par défaut. Je le ressens quand je contacte des joueurs avec plus de maturité en Ligue 1. Je vais prendre un exemple concret : Paul Lasne, cela fait trois ans qu’on n’a jamais perdu le contact, ça a pris trois ans mais il est venu. Même si malgré cela, il n’a signé qu’un an. Cela montre que, dans l’esprit des joueurs, on n’est pas encore un club installé.
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Le point positif est que le club semble avoir franchi un palier en matière de transferts, tant dans les indemnités (7 millions investis cet été) que dans les joueurs prometteurs qui ont été attirés…
C’est l’état que j’avais fait auprès de mon président (Denis Le Saint). On a passé une étape. Ce serait bien qu’on puisse passer une autre étape à travers ça. Parce qu’on s’aperçoit que sur le marché des joueurs libres, c’est limité en qualité. C’est bien qu’on ait pu faire ça. Cela ne veut pas dire qu’on se maintiendra, attention. Mais on s’est donné les moyens d’exister. Le club évolue, il a aussi appris de son passé. On est obligé d’investir, à la fois dans les joueurs et dans les infrastructures.
La suite, maintenant, ce sont les prolongations des joueurs en fin de contrat ?
C’est deux choses : regarder à la fois les joueurs à prolonger et les postes à cibler, déjà, pour la saison prochaine. Les deux sont liées.
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