Brest. Et les supporters dans tout ça ?
Même si leur façon de faire, route de Quimper, laisse parfois à désirer, les supporters de Brest et d’ailleurs restent - pour la plupart - de vrais passionnés et des composantes à part entière d’un club de foot. La parole est aujourd’hui donnée aux présidents de deux associations brestoises : l’Hermine 29 et les Celtic Ultras (1). Ils sont désappointés, inquiets et pessimistes quand on leur parle de la situation du club.
« Quand j’ai appris la démission de Michel Jestin, je suis tombé sur les fesses. J’étais au boulot, j’ai mis du temps à m’en remettre ». Christophe, le président de l’Hermine 29, la quarantaine, boucher à Landerneau, était pourtant mercredi à l’entraînement. Car un supporter - un vrai - ne lâche jamais son club.
50 à Libourne
« On supporte toujours le Stade Brestois mais on ne va plus au stade par fierté, c’est ça qui est triste », relance Sébastien, président des Celtic Ultras et surtout étudiant d’une vingtaine d’années. Le Stade Brestois, c’est une partie de leur vie, quelque chose qui revient sans cesse dans leurs pensées et dans leurs discussions. Depuis une semaine, sur leur forum (2), les supporters brestois se lâchent sans retenue. L’humour et les tacles glissés ont laissé place à la haine et aux tacles par derrière les deux pieds décollés. Les rapports entre les dirigeants du club et les supporters sont aujourd’hui tendus comme un arc. « Dans l’ensemble, nous avons mal pris le départ de Jestin même s’il ne s’est jamais donné les moyens de ses ambitions. Mais, avec lui, on pouvait dialoguer. Là, je crois que c’en est fini du dialogue. Brest, cette fois, est aussi touché par le foot-business où le supporter est considéré comme un moins que rien », lâche Sébastien.
Selon nos informations, ils seront près de 50 à prendre leurs voitures tôt ce matin pour les 1.290 kilomètres aller-retour qui séparent Brest de Libourne. Même s’ils n’ont rien contre les joueurs - Christophe se demande même « pourquoi des gars comme Auriac et Liabeuf restent là. Ils ont d’autres choses à vivre, ces mecs-là... » -, ils ne feront pas tout ce chemin pour encourager leur équipe, mais pour dire leur façon de penser à ceux qu’ils jugent responsables de cette situation. « Je ne préfère pas trop parler du déplacement mais il est prévu de longue date », dit Sébastien.
« 13 ans pour remonter 6 mois pour redescendre »
Aujourd’hui, ils sont inquiets, non plus pour Jestin mais pour le Stade Brestois. « On ne s’invente pas dirigeant de club du jour au lendemain. La situation actuelle, c’est la porte ouverte à tout. On a mis 13 ans pour remonter, je crois qu’il ne nous faudra que six mois pour redescendre », poursuit le président de l’Hermine 29. Une victoire à Libourne, la dinde aux marrons et les étrennes ne calmeront peut-être même pas le jeu. Le problème est beaucoup plus profond que ça : usé par un an de galère et touché en plein cœur par une semaine complètement folle, le supporter brestois ne ressent plus aucune fierté pour son club. Alors il a tagué « démission du conseil de surveillance » sur le mur derrière une des tribunes du stade Francis-Le Blé. Le supporter brestois crie, hurle. Ça n’empêchera pas le ballon de tourner. Enfin, espérons-le. (1) L’Hermine 29 compte une petite centaine de membres et les Celtics Ultras une soixantaine. Le président des Ultras Brestois n’a pu être joint hier. (2)
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Eric Daniellou
Christophe, le président de l’Hermine 29, mercredi à l’entraînement : « On a mis 13 ans pour remonter, je crois qu’il ne nous faudra que six mois pour redescendre ». (Photo Eugène Le Droff)