Football : Le Stade brestois se sépare de Philippe Goursat
Le club finistérien a annoncé hier le départ du manager général. La fin d'une aventure de plus de trois ans et demi.
C'est par un communiqué que le club a annoncé, hier, qu'il se séparait de son manager général : « Le Stade brestois 29 se sépare de M. Goursat. Le club et Philippe Goursat se sont mis d'accord pour une rupture de contrat de travail de ce dernier, manager général de la SASP Stade brestois 29. M. Goursat, face aux attaques incessantes de certaines personnes et estimant ne plus pouvoir effectuer son travail dans des conditions optimales propices à assurer l'avenir de la SASP, a souhaité arrêter ses fonctions. M. Guyot et les dirigeants remercient M. Goursat pour le professionnalisme et le travail réalisé durant son séjour à Brest et lui souhaitent bonne chance pour son prochain club. »
En arrêt maladie depuis la mi-janvier, Philippe Goursat a rencontré Michel Guyot lundi dernier. Rien n'a bien sûr filtré de leur conversation et, après le délai « légal » de 48 heures, le club a fait connaître sa décision hier, mettant ainsi un terme à plus de trois ans et demi de collaboration.
Cible privilégiée des supporters
Arrivé dans le Finistère au printemps 2003, Philippe Goursat n'avait pas hésité à bouleverser complètement l'effectif à l'orée de la saison 2003-2004, s'attirant déjà alors bon nombre d'inimitiés. « On m'a fait venir pour un travail. Je l'ai fait jusqu'au bout » estime pour sa part l'intéressé. Mais, à la faveur d'un bon recrutement, Franck Ribéry en tête, et surtout d'une accession en Ligue 2 en mai 2004, le manager brestois avait retrouvé une certaine grâce aux yeux des supporters. D'autant que la première saison du Stade brestois en L2 fut une réussite, avec au final une 9e place, à quelques encablures du groupe de tête. Fort de son emprise sur le domaine sportif, en étant notamment en charge du recrutement, tout allait donc plutôt bien pour Goursat. Même s'il lui a encore été reproché d'avoir à nouveau chamboulé une bonne partie de l'effectif avant d'attaquer la saison 2005-2006.
Mais les ennuis ont alors débuté pour lui, avec des résultats très médiocres au début, ponctué par un cinglant 4-1 concédé à Bastia. Le « volet étranger » de son recrutement a également été un gros échec, avec des Aliaj, Salifou et Popovic n'ayant pas apporté grand-chose. Le navire breton tanguait, jusqu'à l'automne et la montée en puissance de Nicolas Sahnoun (recruté par Goursat). Une embellie de courte durée puisque, outre la grave blessure du Bordelais, les résultats ont recommencé à chuter dès le début janvier. La situation est alors devenue très critique et, après une nouvelle défaite à Reims, Michel Jestin a décidé de se séparer d'Albert Rust. S'étant souvent déclaré solidaire de l'entraîneur, Philippe Goursat est pourtant resté en poste. Peu bavard à son départ, Rust a récemment déclaré dans France Football : « Quand je suis parti, personne ne m'a soutenu. » Suivez son regard...
Mais ce fut malgré tout le retour des soucis pour Goursat, qui allait (re)-devenir peu à peu la cible privilégiée de supporters brestois lui témoignant leur « amitié » à chaque match à domicile. Avec l'arrivée de Thierry Goudet, il n'avait plus les « pleins pouvoirs » sportifs. La tension entre les deux hommes est alors allée crescendo. À tel point que le président Michel Jestin avait demandé au manager général de ne plus s'occuper du sportif, le privant notamment des déplacements de l'équipe. Un affront que n'a jamais digéré Philippe Goursat,.
Goursat : « Le sentiment du devoir accompli »
Les mauvais résultats de Goudet (et quelques erreurs de casting, comme N'Jock) ont pourtant fait le beau jeu de l'Angoumoisin. Suspendu puis finalement limogé pour faute grave, Thierry Goudet a laissé le champ libre à son « meilleur ennemi. » Le soir de son investiture à la présidence, le 28 décembre, Michel Guyot louait d'ailleurs les qualités de gestion de Goursat. Et le catapultait superviseur du recrutement, en raison de son carnet d'adresses. Goudet avait perdu, Goursat revenait aux affaires.
Mais en une quinzaine de jours, la donne a subitement changé. Que s'est-il réellement passé entre Guyot et Goursat ? Le président brestois ne le dira pas, souhaitant régler l'affaire à l'amiable, remerciant même « M. Goursat pour le professionnalisme et le travail réalisé durant son séjour à Brest. » Mais malgré la teneur d'un communiqué officiel se voulant forcément consensuel, il apparaît évident que le départ de Philippe Goursat, qui sera vraisemblablement remplacé dans ses fonctions administratives par Michel Buquet (l'actuel directeur administratif du club), n'est en rien une démission. Comme Thierry Goudet il y a quelque temps, l'intéressé n'a pas souhaité s'exprimer sur ce point précis hier, lâchant juste « partir avec le sentiment du devoir accompli et sans aucune rancoeur. À part peut-être le fait que le travail effectué n'ait pas toujours été reconnu à sa juste valeur. On m'a confié une mission, je pense bien l'avoir accomplie. Quand je suis arrivé, la situation financière était calamiteuse. Aujourd'hui, les résultats économiques sont bons, structurellement le club est pro. Il est en Ligue 2. Le centre de formation sera bientôt agréé. Mais c'est une aventure qui se termine. Pour le reste, je ne commente pas. » D'âpres négociations étant sans doute ouvertes ou allant s'ouvrir, les intérêts financiers dictent forcément les conduites...
En décembre, les chamailleries des deux élèves turbulents de la classe avaient donc débouché sur la mise à l'écart de l'un d'eux. Revenu au premier rang, le deuxième larron n'a apparemment pas donné satisfaction au nouveau proviseur. Michel Guyot a donc finalement renvoyé Thierry Goudet et Philippe Goursat à leurs études. Qu'ils poursuivront tous deux ailleurs.
Yannick LE COQUIL
et François LE DIFFON.
Après plus de trois ans et demi au Stade brestois, l'aventure de Philippe Goursat dans le Finistère s'est achevée hier.
Ouest-France
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