Cadeau
Grégory, Brest termine donc 14e de Ligue 1, êtes-vous satisfait ?Si on sort du contexte, oui. Pour une première saison en Ligue 1, l’important est de se maintenir. On est donc satisfait. C’était une saison charnière. De nouveaux droits télé arrivent, on avait aussi fait des investissements sur des acquisitions de joueurs, il était important de continuer la progression commencée il y a quelques années maintenant. Après, il y a l’amertume de ne pas savourer et communier avec nos supporters du fait de cet arrêt prématuré de la saison.
Le Stade Brestois produit aussi du jeu…C’est quelque chose qui me tient à cœur. Quand j’ai eu la chance d’avoir ce poste-là (directeur sportif), mon président m’a laissé le choix de la décision pour l’entraîneur. On avait choisi Jean-Marc Furlan car je voulais mettre en place une sensibilité jeu. Et on est resté dans cette continuité à la succession de Jean-Marc. Dans cette équipe, il y avait de la jeunesse, de la fougue, du beau jeu parfois. Le public a été satisfait. Et je remercie les joueurs. Ce sont eux qui ont été chercher le maintien sur le terrain. Ce maintien est leur réussite. Il faut aussi féliciter le staff car c’est rare de voir une équipe monter et continuer sans le même entraîneur. Il y avait une interrogation concernant un nouveau challenge avec un nouveau staff qui découvrait un groupe et arrivait derrière une équipe qui avait survolé la Ligue 2 (avec Metz). Je dis aussi un grand bravo au staff.
Et ce maintien prolonge automatiquement le bail de l’entraîneur d’une saison supplémentaire…Oui, c’est ce qui était convenu : un contrat de deux ans avec une année supplémentaire en cas de maintien (Paul Lasne est aussi prolongé automatiquement d’un an).
Vous avez investi l’été dernier sur des joueurs à potentiel, c’est ce qui va demeurer cet été ?Dans les grandes équipes, les grands championnats, on s’aperçoit que la moyenne d’âge est de plus en plus jeune. L’idée était de rajeunir un peu notre effectif. Mais ne miser que sur des jeunes joueurs à potentiel est très risqué. Tout est question d’équilibre.
Économiquement parlant et dans le recrutement, la donne va changer avec la crise que nous traversons ?Je n’ai pas encore discuté avec le président de l’enveloppe qui sera attribuée pour pouvoir faire des investissements. Oui, il faudra tenir compte de la crise économique, du manque à gagner dû à l’arrêt du championnat et du non-paiement d’une partie des droits télé par les diffuseurs. De nouveaux droits télé vont arriver, mais c’est encore flou pour nous. Je vais rencontrer mon président au plus vite, lui présenter le projet sportif pour dégager un budget recrutement qui nous permette de nous donner les moyens de nous maintenir en Ligue 1. Mais il faudra être prudent, attentifs aux prix du marché. On a suivi pas mal de joueurs étrangers. Quid de ces joueurs ? Les frontières seront-elles ouvertes ? Pourront-ils voyager et signer un contrat de travail en France ? C’est encore un point d’interrogation. Restera-t-on sur un marché franco-français ? Les clubs seront-ils vendeurs compte tenu du contexte, C’est aussi un point d’interrogation.
Quels sont les profils ciblés ?Il va falloir qu’on puisse recruter au poste de latéral droit. On va aussi essayer de recruter un joueur dans l’entre jeu. Des joueurs de côtés et des attaquants doivent être notre priorité. On va se baser sur l’équipe de cette saison, sur les jeunes qui ont connu leur première expérience l’année dernière, mais on veut améliorer l’équipe pour être prêt pour le combat.
Concernant les joueurs en fin de contrat, qu’en est-il ?Deux joueurs ont reçu une proposition de prolongation de contrat : Donovan Léon et Jean-Charles Castelletto. Donovan Léon ne restera pas au club. Il a émis le souhait de vouloir jouer et ne se voyait pas être suspendu à une décision de Gautier (Larsonneur). Il nous l’a signifié rapidement pour qu’on puisse anticiper. Jean-Charles a une proposition, elle restera figée. Il connaît notre position, à lui de nous apporter une réponse rapidement. Sinon, deux cas sont déjà statués, ceux de Kevin Mayi et David Kiki qu’on avait déjà invités depuis le début de saison à trouver une porte de sortie. Il reste les cas de Gaëtan Belaud, de Mathias Autret, de Yoann Court et de Ludovic Baal. On se donnait le temps de réflexion de prendre des décisions en fonction de la fin de saison. On ne peut rallonger la réflexion, on va donc en rediscuter avec le staff et leur apporter une réponse. Je ne parle pas d’Alexandre Mendy et Samuel Grandsir qui retourneront dans leur club respectif et devront discuter avec celui-ci.
Pour Grandsir et Mendy vous aimeriez qu’ils restent ?On n’est pas décideurs. Donc pour l’instant on n’en a pas discuté.
Ibrahima Diallo est sollicité, a une grosse côte, a t-il une porte de sortie ?Il connaît notre position, on connaît la sienne. Le club doit pouvoir s’y retrouver. Je peux comprendre qu’il y ait une crise mais on ne doit pas se laisser happer par ça.
Vous réfléchiriez donc si sa valeur marchande avait baissé depuis cet hiver ?(Il était estimé autour de 15 millions d’euros) Oui. Mais on ne se focalise pas là-dessus. Je suis là pour construire avec un groupe. Vendre un joueur chaque saison car le club a besoin de pouvoir faire des ventes pour continuer réinvestir et se structurer, ce n’est pas illogique, mais vendre ses deux ou trois meilleurs éléments c’est le meilleur moyen de casser le projet et de le rendre plus friable. On se concentre sur les joueurs à venir. Malgré cette crise on est dans une bonne santé financière et n’a pas besoin de vendre pour être à l’équilibre.
C’est un atout.Le moteur d’un club ce sont ses joueurs. A Brest, il y a une ferveur, un public, des partenaires capables de nous soutenir. Tous les clubs n’ont pas cette force. Mais la valeur marchande d’un joueur peut faire basculer le budget de votre club. C’est important d’avoir des joueurs qui ont une valeur marchande. À partir des investissements qu’on a faits, des joueurs ont pris cette valeur. On a un capital. Mais le club ne vit pas au-dessus de ses moyens. On respecte le budget définit. On ne promet pas des salaires mirobolants qu’on ne pourrait pas assumer. Peut-être qu’un jour on passera un cap financier et qu’on sera capable d’investir davantage, de donner de plus gros salaires. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. On travaille sereinement et on structure le club. On veut continuer à promouvoir des jeunes. Notre formation se porte bien, mais on doit encore développer ce centre en termes d’infrastructures, de terrain. Mais je préfère qu’on ait un club bien géré, bien structuré, avec un public, une ville et une région qui s’y identifie que de faire un club bling-bling qui dure deux ans.
Économiquement parlant vous ne semblez pas inquiet…Une perte de 4-5 millions d’euros (droits télés, partenaires), c’est important. On comprend que des partenaires arrêtent car leur entreprise est impactée. Mais on sait qu’ils seront là pour nous aider quand la vie économique reprendra. On a aussi la chance d’avoir un président (Denis Le Saint, actionnaire majoritaire avec 51 % des parts) qui assume la responsabilité financière du club.
Vous vous limiterez à un seul départ majeur de joueur ?S’il n’y en a pas tant mieux. Mais s’il y a quelque chose d’intéressant pour l’ensemble des parties…
Diallo pourrait rester ?Oui, il pourrait avoir une offre qui ne le satisferait pas. Rien n’est décidé. Il se sent bien ici, progresse, oui, il peut continuer ici.
Et d’autres joueurs, tels Larsonneur ou Cardona ont pris de la valeur sur le marché…Oui, Irvin (Cardona), Gautier (Larsonneur), Jean-Kevin (Duverne), Romain (Perraud), Haris (Belkebla) qui montre des choses intéressantes. On a un noyau de quelques jeunes joueurs qui ont un potentiel.
Vous n’avez pas peur qu’ils soient sollicités ?A moi de les rassurer sur le projet qu’on veut mettre en place. Et de les rassurer sur le fait qu’on compte sur eux. Si on a signé de longs contrats avec eux, c’est pour qu’on fasse un bout de chemin ensemble et pouvoir continuer à stabiliser le club en Ligue 1. Si un jour le club n’est pas à la hauteur de ce qu’ils attendent en termes de progression sportive et sur l’aspect financier, on pourra le comprendre. Mais c’est notre première année en Ligue 1. On aimerait continuer à travailler dans le même sens et stabiliser le club.
Des jeunes sont-ils susceptibles d’intégrer le groupe pro l’an prochain ?Oui, mais de là à dire qu’ils seront prêts, on manque de certitudes.
Article du site du OF 30/04/20 21H07 .